Sections du site en Octobre 2009 :  Ajouts successifs d’articles -- Sujets d’articles à traiter – Pour publier --  Post-Polio -- L'aide à domicile -- Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien -- L’animal de compagnie --  Histoires de vie  --  Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –Le  webmestre.

 

RETOUR A LA PAGE D’ACCUEIL : CLIC   AUTEURS, TITRES DE TOUS ARTICLES : CLIC    SYNTHESE GENERALE: CLIC

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

Janvier 2014

                                                                                                            MAISON DE FAMILLE CADEAU OU FARDEAU ?

 

                                                                                                                                              Frédérique ODASSO

 

                                                                                                                                         Notre Temps août 2013

 

C’est l’été. Cette année encore, vous réunissez votre famille dans votre maison de vacances. Mais qu’adviendra-t-il si vos enfants renoncent à cette demeure quand vous ne pourrez plus vous en occuper vous même…?

                                               

 

photo_1.jpg

 

 

Que vous l’ayez reçue en héritage ou acquise au prix de sacrifices personnels et matériels, votre maison de vacances est votre point d’ancrage familial. Ah, vous en avez tondu, des kilomètres de pelouse, et vous en avez repeint, des volets ! Qu’importe ! Cela en valait la peine. Car combien de chasses aux œufs de Pâques,de cueillettes de fruits, de repas partagés à l’ombre des arbres vous y avez vécu avec toute votre nichée…

« Formidable trait d’union et de retrouvailles entre toutes les générations, la maison de vacances permet aux parents, enfants et petits-enfants, surtout quand ces derniers sont petits, de partager de beaux moments », explique Sylviane Plantelin, notaire spécialisée en questions familiales et patrimoniales. C’est pourquoi, même si elle a été aussi le lieu d’âpres discussions, voire de disputes, vous aimeriez qu’elle reste dans le patrimoine familial. Ou que l’un de vos enfants, au moins, reprenne le flambeau « Pouvoir transmettre une maison de famille est une façon de s’inscrire soi-même dans une certaine pérennité, souligne Christine Ulivucci*, psychothérapeute. Ce qui est inscrit dans la pierre nous fait durer ! »

Mais conserver une maison de famille peut parfois représenter un énorme sacrifice que vos descendants ne pourront peut-être  pas assumer. Pas par égoïsme, par manque d’intérêt ou de loyauté filiale, mais plutôt pour de bonnes raisons que vous n’avez peut-être pas envisagées. « Aujourd’hui, bien plus qu’hier, nous aimons changer de lieux de vacances et voyager, explique Christine Ulivucci. Tant que les enfants sont petits, la maison familiale des grands-parents constitue un havre. Mais, une fois qu’ils grandissent et commencent à la déserter pour partir avec leurs propres amis, leurs parents n’éprouvent plus forcément
la même nécessité de passer toutes leurs vacances dans la maison parentale. »

 

BIEN S’ENTENDRE POUR PARTAGER LES FRAIS

En plus de ces contingences conjoncturelles, il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui,
la vie est économiquement plus difficile. « Une maison de famille représente une charge financière plus lourde à supporter qu’avant, souligne Me Sylviane Plantelin. De plus, être propriétaires à plusieurs dans le cadre d’une indivision n’est pas chose simple à gérer ! Il faut non seulement que les frères et sœurs s’entendent pour partager et entretenir le bien familial, mais leurs conjoints et enfants aussi ! Cela multiplie les difficultés et peut constituer un véritable fil à la patte. Même si cette idée est insupportable, il faut savoir l’admettre. » Apprivoiser cette éventualité peut sembler compliqué, voire douloureux « Transmettre une maison, c’est accepter de ne pas avoir la mainmise sur ce qui va se passer après, insiste Christine Ulivucci. La question de la transmission ne peut pas être imposée et ne se conduit pas sans concertation. »

Si vous souhaitez donner toutes les chances à votre maison de rester dans le giron familial, il est fondamental d’en discuter avec vos enfants afin que chacun puisse donner son avis et qu’éventuellement, des solutions puissent être trouvées. « Pour que les enfants aient envie de conserver une maison, il faut qu’ils puissent se l’approprier. Parfois, ils semblent peu concernés car ils ont juste besoin d’investir personnellement la demeure familiale, qu’elle ne soit pas uniquement celle de leurs parents mais un peu la leur aussi, commente Sylviane Plantelin. Dans ce cas, les parents peuvent permettre aux enfants et petits-enfants d’investir l’endroit et les laissant inviter des amis quand ils ne sont pas là. Ou encore en leur proposant de décorer à leur goût leurs espaces de vie. »

Peut-être serez-vous étonné d’apprendre que seule votre fille aînée adorerait reprendre la maison, mais ne peut l’envisager car elle ne dispose pas des fonds nécessaires pour dédommager ses frères ! « Quand les parents possèdent plusieurs biens, ils peuvent aménager la transmission afin qu’aucun des enfants ne soit lésé et éviter ainsi les frictions au moment de la succession, ajoute Me Plantelin. Mais, dans de nombreux cas, la vente de a maison s’impose comme l’unique possibilité. »

Se séparer d’une maison familiale ne signifie pas pour autant que tout ce qui a été édifié va sombrer dans l’oubli. « Le lieu continue d’exister à l’intérieur de chacun, même lorsqu’on n’y vit plus, insiste Christine Ulivucci. La mémoire de ce qui y a été vécu persiste, le corps mémorise les odeurs, les craquements, y compris lorsque la maison été détruite. » Une demeure reste vivante à travers les récits, les souvenirs, les photographies, les objets et les meubles. Autant de « passeurs de mémoire » que vous pourriez commencer à offrir dès à présent à vos enfants, pour peu qu’ils aient envie de les transporter plus tard dans leur propre point d’ancrage.

« Il n’est pas rare que l’argent de la vente d’une maison soit réinvesti dans l’achat d’une autre, précise Christine Ulivucci. Les enfants peuvent avoir envie de se créer ur propre lieu, pour leur propre famille. Ainsi, la continuité de la tradition de la maison de famille perdure et la transmission demeure, ailleurs, mais toujours ! » ■

 

* Auteur de Psychogénéalogie des lieux de vie, ces lieux qui nous habitent (éd. Payot).

photo_2.jpg

“TANT QUE NOUS SERONS D’ACCORD, ÇA IRA, MAIS APRÈS ?”

CHRISTIANE COLLANGE, JOURNALISTE ET AUTEURE DE NOMBREUX LIVRES, DONT LE JEU DES 7 FAMILLES, ÉD. ROBERT LAFFONT, 2011.

 

« Notre propriété familiale se trouve en Normandie. Elle appartenait à mes parents. J’y suis née, mes enfants s’y sont mariés. Nous y avons fait de superbes travaux : un véritable village de vacances où chacun avait sa maison. J’y ai passé des moments merveilleux entourée de ma belle et grande tribu : 4 fils et 16 petits-enfants ! Mais, aujourd’hui, un tel endroit n’a plus le même attrait que lorsque les enfants étaient petits. Chacun a désormais envie de passer son été sous des latitudes ensoleillées ou inconnues, avec ses amis. Il ne faut pas nier que cette propriété est difficile à gérer et demande beaucoup d’argent. Tant que mes quatre fils et moi serons d’accord pour partager les frais, ça ira, mais après ? Mon aîné aimerait me succéder mais n’a pas forcément les moyens de dédommager ses frères, et je ne suis pas sûre que mes petits-enfants puissent plus tard continuer d’assumer cette lourde charge. Vendre ? Trouver un acquéreur pour quatre maisons sur le même domaine risque de s’avérer très compliqué. Je ne vois pas vraiment, et mes enfants non plus, ce qu’il va advenir de notre propriété… Je préfère ne pas savoir ce qui va se passer après et j’espère ne plus être là pour ne pas assister à cela… »

 

“NOTRE MAISON FAMILIALE SAUVÉE GRÂCE À MON GENDRE !”

 

CATHERINE, ALBI (TARN).

 

« Nous avons hérité, mes trois frères et moi, de la bastide familiale. Elle a abrité la plupart de nos vacances avec nos parents, nos enfants et nos petits-enfants, mais aussi de nombreuses réunions familiales : mariages, baptêmes, communions, anniversaires… Nous y sommes très attachés. Malheureusement, elle a commencé à nous coûter beaucoup d’argent. Et nos enfants respectifs ne semblaient pas vraiment concernés. Seules ma fille aînée et l’une de mes nièces y venaient encore. N’arrivant plus à assumer, nous allions nous résigner à vendre quand notre gendre, professeur d’arts martiaux, a eu l’idée de transformer les dépendances en chambres d’hôtes et d’y organiser des stages avec ses élèves. C’est désormais chose faite et les chambres remportent un franc succès, notamment auprès des copains de nos petits-enfants qui trouvent, depuis lors, que rien
ne remplace le charme des vacances dans la demeure familiale ! »

 

Ѱ

SUR LE WEB Et vous qu’en pensez-vous ?

Continuons cette conversation sur notretemps.com/forum Rubrique famille