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«POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,trimestriel GIPHV,APF69.N°5; 07.2005 Editeur :Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr
Simone de BEAUVOIR, Ed. Gallimard, 1970
Les données
de l’ethnologie (pour les sociétés primitives)
p 95 Les solutions pratiques adoptées par les primitifs à l’égard des problèmes que leur posent les vieillards sont très diverses : on les tue, on les laisse mourir, on leur accorde un minimum vital, on leur assure une fin confortable ou même on les honore et on les comble.
pp 226-228 Toutes les civilisations connues se caractérisent par l’opposition d’une classe exploitante et des classes exploitées.
Aux époques où la propriété a été
institutionnalisée, la classe dominante a respecté les propriétaires ;
l’âge n’était pas une disqualification ; accumulant au cours de leur vie
des biens immobiliers, des marchandises, de la monnaie, les vieillards, en tant
qu’ils étaient riches, pesaient d’un grand poids dans la vie publique et dans
la vie privée.
L’idéologie de la classe dominante vise à justifier
ses conduites. Quand elle est gouvernée ou influencée par des gens âgés, elle
accorde de la valeur au grand âge… La vieillesse serait l’achèvement de la vie
au double sens du mot ; elle la termine et elle en est le suprême
accomplissement…
Cependant, même lorsque le bon ordre social oblige
les générations plus jeunes à reconnaître à la plus ancienne une autorité
politique ou économique, elles la subissent souvent avec impatience.
Quant aux vieux exploités, inutiles, encombrants,
leur sort ressemblait à celui qui est le leur dans les sociétés primitives. Il
dépendait essentiellement de leur famille. Par affection ou par souci de
l’opinion, certaines leur manifestaient de la sollicitude ou du moins les
traitaient correctement. Mais le plus souvent on les négligeait, on les
abandonnait dans un hospice, on les chassait et même on les abattait
clandestinement.
La classe dominante assistait avec indifférence à
ces drames : ses efforts pour secourir les vieux pauvres ont toujours été
dérisoires.
p 382 Même pour les couples qui ont vécu heureux et unis, la vieillesse est souvent un élément de déséquilibre. Chez ceux qui étaient déchirés par des conflits qu’ils surmontaient tant bien que mal, l’âge exaspère les antagonismes. Cette escalade s’explique en partie parce que la frustration ressentie par le vieillard provoque chez lui des conduites de revendication et d’agressivité.
pp 470-471 Le fait est que bon nombre de vieillards s’accrochent à la vie, même après avoir perdu toutes raisons de vivre. C’est la condition biologique du sujet –ce qu’on appelle d’un mot vague sa vitalité- qui décide de sa révolte ou de son consentement. Ce qui adoucit souvent la mort des vieillards, c’est que la maladie a achevé de les épuiser et aussi qu’ils ne se rendent pas compte de ce qui leur arrive.
Toutefois il y a aussi des morts lucides et
paisibles : quand physiquement et moralement tout désir de vivre s’est
éteint¸ le vieillard préfère un éternel sommeil à
la lutte ou à l’ennui quotidien.
pp 565-570 La vieillesse inspire plus de répugnance que la mort même. En effet, plus que la mort, c’est la vieillesse qu’il faut opposer à la vie. Elle en est la parodie. La mort transforme la vie en destin ; d’une certaine manière elle la sauve en lui conférant la dimension de l’absolu. Elle abolit le temps.
Pour que la vieillesse ne soit pas une dérisoire parodie de notre existence antérieure, il n’y a qu’une solution, c’est de continuer à poursuivre des fins qui donnent un sens à notre vie : dévouement à des individus, des collectivités, des causes¸travail social ou politique, intellectuel, créateur…
Il faut souhaiter conserver dans le grand âge des
passions assez fortes pour qu’elles nous évitent de faire un retour sur nous.
La vie garde un prix tant qu’on en accorde à celle des autres, à travers
l’indignation, la compassion. Alors demeurent des raisons d’agir ou de parler.