Une
idée de l’entre-deux-guerres
En France, l’idée de colonie de vacances est souvent attribuée au
pasteur Lorriaux, qui envoie en 1882 79 enfants
parisiens passer trois semaines au grand air dans des familles de l’Oise.
Mais le concept ne prend véritablement son essor que pendant
l’entre-deux-guerres.
À une époque où les congés payés pour tous n’existent pas encore (ils
n’apparaîtront qu’en 1936 et ne donneront droit alors qu’à quinze jours de
vacances), les départs en famille sont bien rares et il n’est pas toujours
possible d’envoyer les enfants dans la maison des grands-parents avec les
cousins pendant toutes les vacances scolaires. Aussi l’idée des « colos »
semble à la fois nouvelle et moderne, car elle permet aux enfants des
villes d’aller respirer l’air pur de la campagne, de la mer ou de la
montagne.
Des associations qui se
multiplient
Nés au début du XXe siècle, le Club Alpin et le Touring Club ont assez vite
accueilli les sportifs et les campeurs, mais rarement les enfants seuls.
Les mouvements scouts vont prendre en charge les petits dès la fin de la Première
guerre mondiale (le père jésuite Jacques Sevin
crée l’Association des scouts de France en 1920).
Les auberges de jeunesse apparaîtront une dizaine d’années plus tard (la
première est créée en 1929 par Marc Sangnier à Boissy-la-rivière
dans l’Essone). Ambiance fraternelle des camps scouts, dortoirs et veillées
de chansons des auberges de jeunesse… Les enfants des villes découvrent un
autre univers.
L’essor de l’après-guerre
C’est surtout après 1945 que les colonies de vacances vont se multiplier.
En rang par deux, les enfants sont alors de plus en plus nombreux à
profiter d’initiatives financées aussi bien par des particuliers, des
entreprises, des associations religieuses ou laïques ou l’État, par le
biais du ministère de la
Jeunesse et des Sports.
Où s’établissaient les colonies ?
Les lieux d’hébergement sont des plus variés :
- une caserne en Seine-et-Marne ou un grand chalet à Combloux dans les
Alpes pour la colonie de Rhin-et-Danube accueillant les enfants de
militaires,
une ancienne usine de ciment à Boiron dans l’Isère pour les enfants des
employés de Rhône-Poulenc,
- le château de Saint-Cyran-du-Jambot dans
l’Indre pour une colonie tenue par des religieuses,
- un château dans l’Yonne pour une colonie de la Caisse d’allocation
familiale du département,
- l’Institut Notre-Dame à Jarnac pour les enfants handicapés, un aérium
libéré pendant un mois pour les colonies à Hendaye,
-de grandes tentes de huit personnes à Roquebrune-Cap-Martin ou à
Locmariaquer pour les colonies de vacances de la SNCF,
- un moulin à Eymoutiers en Haute-Vienne pour une colonie de la Fédération
des œuvres laïques, etc. jusqu’à ce que des bâtiments soient bâtis tout
exprès pour les vacances des petits.
Des colonies aux villages de vacances
Peu à peu, l’idée de construire des centres où la famille peut partir au
complet fait son chemin.
Les grandes entreprises, nationales ou privées, sont les premières à
proposer des solutions à leurs employés. Puis les premières « maisons familiales » font leur
apparition, avec une fédération, à partir de 1949. En 1959, André Guignand crée les premiers « villages de vacances »,
avec Villages Vacances Familles (VVF). C'est au château de Bierville
(près de Boissy-la-rivière) que la CFTC a proposé
des séjours familiaux, suite au don de la propriété par Marc Sangnier (voir
http://www.fonds-sangnier.com/boissy.htm ).
Proposer des jeux, des terrains de sport, des parcs et, pour chaque
famille, un appartement neuf avec une salle de bains à une époque où le
confort était encore rare, c’était une autre révolution. L’idée de vacances
allait continuer à évoluer avec la société. Quand Pierre Perret chante ses
Jolies colonies de vacances en 1966, c’est déjà de la nostalgie...
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