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«POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,trimestriel GIPHV.N°9;07.2006 Editeur :Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr                                                        Site web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm

 

LE  GOUT  DE  VIVRE. Retrouver la parole perdue.

 

Edouard  ZARIFIAN

 

                            Ouvrage paru chez Odile Jacob, 2005, 236 pages       

 

                   Extraits par Henri  Charcosset

 

P 21  L’existence est une longue histoire de perte d’objets, qui impose une reconstruction perpétuelle, c’est-à-dire un réinvestissement de valeur dans de nouveaux objets.

 

P 54  Où puisons-nous de quoi surmonter ces pertes, ces souffrances, ces traumatismes ? Il faut revenir à ce que nous sommes, dans tous les aspects et la plénitude de notre être. Pas d’explications miracles. Un corps et un cerveau, certes, mais aussi un être de relation et de parole. Rien que cela, mais tout cela.

 

P 59-62  Que fait-il différence entre les humains et les singes les plus malins ? La différence radicale vient de notre capacité à nous façonner une vie psychique et, pour y parvenir, il faut des ingrédients :

 

1)    Un cerveau possédant une propriété qu’on ne trouve dans aucun autre cerveau… Une piste pour découvrir cette propriété s’est peut-être ouverte avec le concept de neuroplasticité.

2)    La parole, permise par le cerveau, qui ne se réduit pas au langage.

A partir de la parole, l’échange avec l’autre s’instaure dans l’intersubjectivité.

3)    La relation à l’autre.

Un cerveau en continuelle autoadaptation par modifications tenant compte de l’acquis, une parole véhiculant du sens et du symbolique, et un autre être humain avec qui l’échange est possible : telles sont les conditions de la naissance du psychisme.

 

Le concept de neuroplasticité. C’est l’idée que le cerveau humain a la capacité de s’adapter aux nouvelles situations, de faire repousser ses cellules en cas de lésion, de suppléer la défaillance de certaines de ses fonctions. En un mot, le cerveau humain s’adapte de lui-même. Cette idée de plasticité cérébrale, voie de recherche cruciale pour l’avenir, s’oppose aux conceptions anciennes qui faisaient du cerveau un réseau câblé et attribuaient une localisation rigide aux fonctions cérébrales, ou encore imaginaient que nous possédons un « capital » de neurones fondant au fil des ans.

 

P 66 bas  On croit être rationnel, on l’est rarement dans notre vie affective et relationnelle. Cette part de subjectivité fonde nos différences inter-individuelles. On peut en ignorer toute son existence les déterminents. On peut aussi essayer d’en comprendre, par un petit effort de réflexion personnelle, la nature afin de ne pas être totalement dupes de nos trajectoires de vie et d’en infléchir parfois la direction.

 

P 72  Les premières années de notre vie occupent une place privilégiée dans l’histoire de notre psychisme… Toutefois, il ne faut pas en déduire que notre existence psychique ultérieure est déterminée irrémédiablement par nos premiers échanges de paroles. …Notre psychisme peut évoluer, surtout si nous prenons la peine d’élucider la nature et le sens de ce qui nous a marqués.

 

P 75  Notre subjectivité et nos échanges intersubjectifs avec nos semblables évoluent dans un cadre très contraignant qui est la société où nous vivons… L’admettre, en prendre conscience, c’est déjà pouvoir en identifier les effets.

 

P 80  La parole permet de canaliser les affects. Elle peut se substituer au passage à l’acte de la pulsion. …Le déficit de parole par manque de culture et d’éducation favorise le passage à l’acte comme seul moyen d’expression. C’est une des sources de la violence.

 

P 90  Vivre est la rencontre et le mélange subtilement dosé et constamment réajusté du réel, de l’imaginaire et du symbolique. Vivre c’est évoluer entre l’amour, le rêve et la raison.

 

P 94  Quand il y a une volonté, il y a une solution, dit un proverbe anglais. Cette volonté bien mystérieuse est justement la clef de notre bonheur. Vouloir, avec assez de force, ouvre des perspectives insoupçonnables… Il y a deux choses que personne ne peut faire à votre place : désirer et engager votre volonté… Or, dans notre société, tout est fait pour dissuader de l'effort et de la volonté.

 

P 99  Une personne humaine, c’est un corps avec… C’est un cerveau avec ses propriétés cognitives… C’est un psychisme qui rend humain et fait de chacun un être unique façonné par les autres et capable d’agir sur eux et sur lui-même.

 

P 106  Notre psychisme constitue notre identité pendant le temps de la vie. Il est notre vie…

 

P 143  L’amour de soi, légitime, est nécessaire en particulier pour pouvoir aimer les autres et être aimé par eux. Cet amour de soi est axé sur la conscience de ses capacités, de ses performances, de ses potentialités.

 

P 145  Aider l’autre. S’entraider. Donner, recevoir. Pour survivre en groupe et pour vivre individuellement dans une dimension humaine, il ne peut en être autrement. …L’entraide est l’équivalent, pour le psychisme, de la reproduction biologique et assure l’évolution.

 

P 149  Aider, c’est le plus souvent échanger de la parole. C’est le déficit de parole qui rend l’existence inhumaine. …Appeler à l’aide, c’est souvent attendre la parole d’un autre… Donner de l’aide, c’est aussi savoir entendre.

 

P  150  Soulager. La souffrance psychique n’est pas une maladie. La soulager, ce n’est pas donner un traitement. La souffrance psychique a besoin de s’exprimer par la parole à quelqu’un susceptible de l’entendre… Vouloir soulager la souffrance de l’autre suppose de comprendre ce qu’elle est.

 

P  154  Comprendre la souffrance de l’autre, l’apaiser par une présence et une capacité à l’écouter, c’est une aide qui a toute sa valeur et permet à celui qui souffre d’évoluer.

 

P  159  Soigner, c’est (aussi) restaurer une responsabilité chez celui qui souffre. Aujourd’hui la déresponsabilisation est générale. Le responsable est toujours l’autre… ou l’Etat.

 

P 160  Vivre mieux, cela s’apprend souvent grâce à l’autre, mais seulement par soi-même.

 

P 166  La psychothérapie n’a pas pour but d’obtenir les moyens de se passer des autres ou de vivre en solitaire. C’est au contraire une possibilité de vivre avec les autres, sans en souffrir, en comprenant mieux nos comportements et les leurs. C’est aussi une école de tolérance à leur égard, ce qui n’est pas une invitation au laxisme.

 

P 175  La parole. Toujours au singulier, elle est assurément beaucoup plus que le langage. Elle englobe toutes les formes d’échanges …qui peuvent circuler entre les êtres humains. …L’apparition de la parole a marqué le début de l’humanisation et la création du psychisme.

 

P 199  Tant qu’il existera de l’humain, la parole pourra resurgir et donner envie d’échanger. Internet avec ses formes de discussion et l’explosion récente des « blogs », montrent que l’espoir n’est pas vain. Retrouvez le plaisir de la parole. Parlez pour exister, pour moins souffrir.

 

P 231  Le poids considérable du discours neuroscientiste a contribué à disqualifier l’intérêt pour le psychisme et le psychisme lui-même. On a dépossédé l’homme de sa dimension humaine, chaque fois unique, pour le faire entrer dans l’ère du post-humain… La souffrance psychique n’existe plus. On ne parle que de maladies mentales. Pour certains, le médicament est devenu le recours unique sans prise en compte de la parole du sujet qui voudrait exprimer sa souffrance psychique.

 

P 233  Le psychisme est en danger. La parole est baillonnée. Il faut être capable, tous ensemble, de retrouver la parole perdue. Car nous avons encore tant de choses à nous dire…