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Juillet  2015

 

LES AMBITIONS DE GOOGLE DANS LA SANTE. 1ère Partie

 

Article paru dans Le Monde du Samedi 25 avril 2015 Economie et Entreprise  

LES AMBITIONS DE GOOGLE DANS LA SANTÉ

Des technologies pour vivre…500 ans

 

À Mountain View, en Californie, Google a installé Google Life Sciences, un laboratoire où des scientifiques développent des outils pour anticiper les maladies.
Et leur traitement

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        

MOUNTAIN VIEW (CALIFORNIE) – envoyée spéciale

 

 

S

itué à Mountain View, à une soixantaine de kilomètres de San Francisco en Californie, l' « empire  Google » s'étend sur plusieurs hectares. On y circule sur les vélos maison, ou bien à pied, chaussé de tongs ou de Converse. Sous les saules et les cerisiers en fleurs, des fauteuils en bois coloré invitent au repos et à la détente. C'est là qu'il y a deux ans, Sergueï Brin et Larry Page ont lancé leur offensive dans la santé. Leur utopie est celle des transhumanistes, très influents en Californie : un être humain libéré de ses entraves biologiques grâce aux nouvelles technologies. Mais, pour les fondateurs de  Google, dont les ventes ont atteint 66 milliards de dollars (61,3 milliards d'euros) en 2014, c'est aussi un business, dans lequel ils ont déjà investi plusieurs centaines de millions de dollars.

Lancé en 2008, leur fonds d'investissement, Google Ventures, gère aujourd'hui plus de 2 milliards de dollars d'actifs, dont un tiers dans la santé, avec des start-up comme 23andMe (tests génétiques), Foundation Medicine (profilage génétique des cancers),   ou encore DNAnexus (échange et analyse de données génétiques).

Il s'agit surtout d'un observatoire unique pour repérer les technologies les plus prometteuses et les scientifiques les plus brillants. Bill Maris, qui dirige Google Ventures, est l'un des cerveaux de Calico, la très secrète California Life Company créée en 2013 par Google. Ses recherches sont pilotées par deux stars , Art Levinson et Hal Barron, qui ont longtemps travaillé pour le géant des biotechnologies Genentech et ont pour objectif d'étendre notre espérance de vie « jusqu'à 500 ans ».

 

« GOOGLE COMPTE

BIEN RÉCUPÉRER LE

POUVOIR PERDU PAR

LES LABORATOIRES

PHARMACEUTIQUES »

LAURENT ALEXANDRE

fondateur de DNA Vision

 

DES LENTILLES POUR DIABÉTIQUES

 

En attendant, le leader des moteurs de recherche travaille aussi sur une mosaïque de projets plus concrets, incubés dans  Google [X], sa division expérimentale, et réunis il y a deux ans dans une entité à part, Google Life Sciences. Ils ont déjà conquis des géants de la pharmacie, comme Novartis, ou Johnson & Johnson.

Ce que ces firmes multimilliardaires convoitent ? La réponse avec trois scientifiques de Google Life Sciences, dont les portes se sont exceptionnellement ouvertes pour Le Monde.

Professeur à l'université de Washington à Seattle, Brian Otis est arrivé sur le campus de Mountain View en 2012. Il devait y passer une année sabbatique. Il n'en est jamais reparti. Ce spécialiste des circuits intégrés développe des lentilles de contact intelligentes, conçues pour mesurer en continu le sucre contenu dans les larmes. Elles pourraient changer la vie des personnes diabétiques, aujourd'hui contraintes de se « piquer » plusieurs fois par jour pour suivre l'évolution de leur taux de sucre sanguin.

Ces lentilles, fabriquées dans un matériau ultra-flexible, ont un rebord orné de trois minuscules carrés : un capteur, une puce et une batterie capable d'alimenter pendant toute une journée ces composants miniaturisés à l'extrême. Un fin cercle doré complète le dispositif : il s'agit de l'antenne qui doit transmettre les données en temps réel à un smartphone.

Ce qui a convaincu ce scientifique de rejoindre le géant californien ? « L'état d'esprit, explique-t-il. Ici on ne me demande pas : dans combien de temps ton projet sera-t-il profitable, mais de quoi as-tu besoin pour qu'il ait le maximum d'impact ? »

Pour développer sa lentille en un temps record, il a pu constituer une équipe associant plusieurs disciplines, de l'ophtalmologie à l'électrochimie en passant par la mécanique. « Les lentilles sont fabriquées par une machine créée de toutes pièces dans notre laboratoire, mais dès que la technologie sera au point, la production sera confiée à un industriel », souligne Brian Otis, qui assure que le prix de ces petits bijoux ne dépassera pas quelques centimes.

Le partenaire, lui, est déjà trouvé : le suisse Novartis, numéro un mondial du secteur pharmaceutique, qui a signé un accord de licence avec Google en juillet 2014. Six mois exactement après la présentation de la première lentille au public. « Nous avons reçu des centaines de sollicitations ! », indique Brian Otis. Les scientifiques de Google et de Novartis travaillent maintenant main dans la main, et des tests sont en cours pour évaluer la précision de la mesure, condition sine qua non pour obtenir le feu vert de la FDA, l'agence américain du médicament.

Dans le futur, cette technologie pourrait être utilisée pour d'autres applications.
« La composition de nos larmes change selon notre activité physique et notre alimentation. C'est un indicateur précieux dans une optique de prévention », explique Brian Otis.

 

CORRIGER LE TREMBLEMENT DE PERSONNES ATTEINTES DE PARKINSON

 

Autre star de Google Life Science : Anupam Pathak, dont la société, Lift Labs, a été acquise en septembre 2014 par la firme de Mountain View. Cet ingénieur est l'inventeur d'une cuillère intelligente qui compense le tremblement des personnes atteintes d'une maladie neurodégénérative comme Parkinson. La technologie est proche de celle qui permet aux appareils photos numériques de corriger le mouvement naturel de l'utilisateur.

« Google nous a apporté sa force de frappe et ses compétences en matière de marketing », souligne le scientifique, dont la cuillère a été lancée avec succès à Noël. « Nous nous intéressons à d'autres handicaps, avec l'ambition de les corriger et même d'augmenter les capacités des personnes concernées », révèle-t-il.

 

DETECTION DE CELLULES CANCEREUSES

 

En chino et polo bleu, un MacBook Air sous le bras, Anupam Pathak ne tarit pas d'éloges sur la créativité et le niveau des scientifiques qu'il a rencontrés depuis qu'il s'est installé avec sa minuscule équipe sur le campus.

Dans le bâtiment où travaille Vicky Demas, l'atmosphère embaume encore la peinture fraîche et le contreplaqué. Un silence religieux règne sur l'open space où les chercheurs analysent leurs résultats, sous l’œil attentif d'un James Bond en carton posé à côté d'un palmier. « Nous sommes aussi bien équipés que les plus grands laboratoires universitaires », se félicite cette scientifique, recrutée en juin par Google et qui travaillait jusque-là pour une start-up basée à Boston.

Ici sont développées des nanoparticules pour traquer les cellules cancéreuses, bien avant l'apparition du moindre symptôme. « L'un des grands défis est de rendre les nanoparticules invisibles, car sinon le système immunitaire les détruira », explique la jeune femme en blouse blanche. Une fois leur cible repérée, ces « nano-vigiles » donnent l'alerte en émettant un signal fluorescent capté par un bracelet. Des « nano-soldats » pourraient ensuite être envoyés pour détruire les cellules malignes.

L'organisation mondiale de la propriété intellectuelle a accordé, le 5 mars, un brevet à Google pour son invention. Les premiers tests chez l'homme n'ont pas encore commencé, mais, pour valider ses hypothèses, le géant n'a pas hésiter à se lancer dans la création de peau artificielle. « Son grain, son épaisseur, sa couleur peuvent interférer avec le signal émis par la nanoparticule », indique  Vicky Demas.

 

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