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MARS 2009

 

LIEN SOCIAL DANS ET DEPUIS, UN SERVICE DE GERIATRIE. I. AVANT-PROPOS   

 

 

Corinne BERNARD, responsable socioculturelle dans un grand hôpital gériatrique

Activité sur ce site récapitulée à la Page : CLIC

Pour un premier contact, passer par le webmestre à : bien.vieillir@club-internet.fr

 

 

Résumé par Henri Charcosset 

 

Avec Corinne Bernard nous sommes entrés en relation au travers d’un forum Internet. Son Profil m'a fait tilt. Je lui ai mis un message privé pour lui signaler ce site. Spontanément, elle a bien voulu participer; nous l'en remercions. 

 

Son cheminement auprès des personnes âgées remonte à l’adolescence. Cela fait plaisir de voir traiter de ces personnes comme d’êtres humains à part entière.

 

Parmi les éléments clé qui ressortent   de son texte ci-dessous : « Le patient doit rester une personne socialement active….L’animation socio culturelle : elle signe la fin de l’occupationnel au profit d’une démarche d’accompagnement personnalisée ». 

 

 

Texte de Corinne Bernard

 

Avant propos…

Voici ma première expérience à mes 18 ans,  en 1983  auprès d’une personne âgée. Notre première rencontre s’est faite à l’hôpital, elle avait 90 ans et s’appelait Florentine. Son silence, son « mutisme » a duré plusieurs jours face à une petite jeune nouvellement employée.

Un jour, je la vois triste, prête à pleurer. Je m’assoie au bord du lit. Ne sachant que lui dire, je voulais simplement lui montrer que j’étais là, à côté d’elle, prête à l’écouter. Très vite, les paroles de Florentine, de plus en plus abondantes, me faisaient découvrir un « monde » que je ne connaissais pas : celui de l’hôpital où la personne âgée attend une « place » en maison de retraite. Elle n’avait plus prise sur sa vie : « c’est mon fils et l’hôpital qui vont en décider » (elle était depuis trois mois dans ce service)

Pour sortir de sa détresse, au fil des jours, Florentine me raconte sa vie, ce qu’elle aime, ses façons de faire, de penser et d’être, ses habitudes de vie ; Tout un discours qu’elle mettait fréquemment au passé « Maintenant, c’est fini tout cela ! »

Cette complicité dura plusieurs mois. Au fur et à mesure, je me posais de plus en plus de questions. De l’état de révolte à la compassion, je me disais, chaque jour, que puis-je faire ?

Comment cette personne peut-elle continuer à vivre sans subir, selon ses envies, ses manières de faire et d’être ?

Face à cet « univers », je me sentais également impuissante. Je ne connaissais pas tous les tenants et les aboutissants possibles d’une telle situation. Je ne voyais qu’une personne âgée, chaque jour, se « raconter ».

Aucune place n’était libre en maison de retraite, Florentine, à la sortie de l’hôpital, est allée vivre chez son fils. Suite à une chute dans l’escalier, celle-ci a été ré hospitalisée.

Je suis allée lui rendre visite régulièrement en sortant du lycée.

Le jour « du grand voyage » était proche. Je me souviens de l’une de ses dernières paroles : « Si j’avais pu …. »

Merci, Florentine, vous m’avez permis de découvrir, de prendre conscience, par votre authenticité, d’une valeur essentielle : l’écoute des personnes âgées, elles-mêmes.

Cheminement …. 

Au fil de mes diverses expériences (bénévole, stagiaire ou salariée) auprès de la population âgée ( à domicile ou en institution), mon « apprentissage » s’est à la fois, précisé et à la fois diversifié. Le contact régulier avec les personnes âgées m’a permis, d’une part, de développer ma connaissance relative à ce public (pathologies, technique d’écoute, technique d’entretien, …) et d’autre part, de constater que cette population était « multiforme ».

Chaque situation rencontrée est unique et doit être considérée comme telle. Il faut prendre en considération les « plus » et les « moins », essayer de compenser ces déficits selon les demandes exprimées de la personne, ses choix et la façon dont elle veut « s’autogérer ».

Cette autogestion synonyme d’autonomie dans le dictionnaire, malgré que la plupart des soignants n’utilisent pas cette définition ou ce sens pour l’autonomie !

Depuis le début de ma carrière professionnelle, le fait que la personne âgée puisse agir à sa guise était un élément important à prendre en considération. Aujourd’hui, après 20 ans de parcours professionnel, il est le principe fondateur de mon action.

Le choix de la personne âgée était au centre de mes préoccupations. La multitude des situations rencontrées me révélait une « réalité complexe », celle des personnes vivant la dernière étape de leur vie, de manière si distincte  qu’ aucune grille d’évaluation, à mon sens, ne pouvait en rendre compte. Divers handicaps, incapacités étaient, essentiellement, « examinés » en vue de prendre en charge, au mieux, la personne âgée.

Une question restait, pour moi, toujours en suspens : Pourquoi s’attache- t- on exclusivement à cet examen du listing des déficits de la personne ?

Mes relations quotidiennes avec ces personnes justifiaient de l’existence de nombreux « principes » de vie, cruciaux pour ce sujet âgé !

La profession d’animatrice socioculturelle me donnait l’opportunité de m’intéresser à cette personne en dehors (en parallèle) des soins, du nursing et autres satisfactions des besoins dits élémentaires. Chaque personne a un certain nombre d’attentes par rapport à la gestion de sa vie quotidienne. C’est à mon sens primordial d’essayer d’y répondre.

Cette idée que l’on pourrait énoncer par un seul terme, celui d’autonomie, a animé mon activité professionnelle.

De juin 1991 à décembre 2003, je fus responsable de l’animation pour le secteur gériatrique de GRASSE.

« L’animateur est chargé de favoriser la communication, l’expression et la participation de la vie collective des patients qui lui sont confiés. Il est responsable de l’animation au sein de l’établissement. A ce titre, il assure le choix des activités adaptées aux personnes accueillies et participe à leur mise en œuvre…. »

Depuis 2004 je suis responsable du service socioculturel d’un hôpital gériatrique de l’APHP en Ile de France.

A l’hôpital, on ignore souvent « l’éco-système », c’est à dire l’entourage et l’effort d’adaptation et l’adaptabilité nécessaire de la part de chacun.

Etre « dépendant », dans le langage gérontologique, signifie avoir besoin d’aides… Mais qu’est ce que être autonome ?

Les analyses  à ce sujet sont moins poussées et pourtant …..

 

Pourquoi un Service Socioculturel à l’hôpital ? ….

 

Les activités socioculturelles,  c’est « donner  à la personne hébergée, des occasions les plus diversifiées possible, de s’exprimer, de se raconter et de satisfaire diverses attentes hors du champ « médical » et/ou de la gestion quotidienne des actes élémentaires ».

Le Service Socioculturel a un rôle important dans la prise en charge globale de la personne hospitalisée. Il créé de multiples occasions qui génèrent du bien être.

Les activités socioculturelles existent pour offrir à la personne un rôle qui lui permet de trouver un plaisir à vivre.

Toutes ces activités sont proposées, suggérées, librement consenties et adaptées aux attentes et désirs de la personne selon ses capacités physiques et/ou psychiques.

L’Animation socioculturelle ne s’improvise pas, les supports d’activités (petit groupe de paroles, de jeux, ateliers divers, spectacles, journées portes ouvertes…) ne sont pas une fin en soi, ils ne sont que des occasions créées pour atteindre nos objectifs dont le principal est : « Le patient doit rester une personne socialement active, le plus longtemps possible si elle en émet le désir ».

 

Dans mon service, le statut et le rôle de la personne hospitalisée à long terme ne peuvent se réduire au terme « patient ».

Il faut pouvoir conjuguer le verbe vieillir à l’actif pour ceux qui le peuvent ou le veulent encore !

 

Le projet d’animation socioculturelle : une définition devenue principe fondateur : L’animation doit contribuer à maintenir un sens à la vie de la personne hospitalisée. Animer c’est associer  qualité de vie et qualité de soins, c’est créer un climat convivial, donner du plaisir, du bonheur en intégrant les handicaps physiques et/ou psychiques de la personne. L’animation, ce n’est ni de la thérapie, ni de l’occupationnel !!!

 

L’être humain doit être abordé dans sa globalité. Le patient n’est pas uniquement un ou des symptômes à prendre en charge mais un Homme à part entière, avec sa dimension intellectuelle, sociale, spirituelle et culturelle. C’est pourquoi l’animation en hôpital ou établissement gériatrique est primordiale !

 

L’animation : 3 axes complémentaires :

- Animation du quotidien et relationnelle : Elle nécessite que l’on porte un regard positif sur la personne, que l’on regarde ce qui existe et non ce qu’il manque.

- Animation des habitudes de vie : Elle prend appui sur les repères de vie pour favoriser une continuité de vie en harmonie et un respect minimal de son identité sans subir totalement les effets pervers de l’institutionnalisation.

- Animation re-créative : Toutes les animations nouvelles et adaptées pour permettre à la personne âgée de se récréer, plus de liens sociaux, ce n’est pas tant réaliser des choses qu’être en relation : partager, écouter, échanger, se sentir soi, libre, utile et considéré.

L’animation socio culturelle : une orientation commune qui signe la fin de l’occupationnel au profit d’une démarche d’accompagnement personnalisée : c’est donner une âme, du sens au delà de la satisfaction des besoins élémentaires. C’est considérer la personne âgée comme un être vivant, riche d’un vécu antérieur, d’une émotivité, d’une affectivité, de désirs, c’est mettre en œuvre des moyens individuels et collectifs pour lui donner envie d’exister jour après jour….Hier, l’animation consistait en une organisation de jeux dans l’établissement (ludiques et occupationnels) ou d’activités ciblées (thérapeutiques), aujourd’hui, elle pourrait se résumer en une organisation du temps et une réappropriation de l’identité de la personne âgée hospitalisée.

 

Mettre en place une démarche d’animations.

Les établissements  d’hébergement pour personnes âgées ou Unité de Soins de Longue Durée (U.S.L.D) pour un hôpital gériatrique sont à la fois des lieux de soins et lieux de vie. En effet, le rôle de ces services est d’apporter des soins tout en étant un lieu de vie pour les résidents, même si ceux ci ont une dépendance lourde et requièrent des soins infirmiers et médicaux très importants. Ces deux notions de lieu de vie  et lieu de soins ne sont pas antinomiques mais inter dépendantes car toute action menée dans un champ a des répercussions dans l’autre.

 

L’animation est l’un des moyens pour donner de la vie ou plutôt donner du sens à la vie dans un milieu hospitalier, institutionnel très orienté sur la « prise en soin ».

Elle fait partie, également, du projet de vie individualisé, bien plus qu’une simple activité occupationnelle. L’animation est un moyen permettant de concrétiser une vie sociale, c’est une rencontre avec l’autre, un moment de présence et de partage.

Les résidents des établissements sont souvent isolés du monde extérieur, ils ont tendance à accentuer ce retrait relationnel à l’intérieur même du service.

 

C’est pourquoi, il est du rôle primordial du responsable de l’animation de créer des occasions les plus diversifiées possible pour offrir à chaque personne, une opportunité pour elle d’échanges, de lien social, de mise en relation, DE VIE !

Inviter les enfants du centre de loisirs à diverses occasions, avoir des partenariats avec diverses associations locales de spectacles vivants (chants, danses, musique …), collaborer avec les bénévoles, créer des activités inter établissements voire inter services, voici autant d’occasions pour créer cette dynamique. Bien d’autres peuvent être imaginées ….

N’oublions pas les familles, lien essentiel pour la personne.

 

Pour nous, toutes les activités socio culturelles proposées ne sont que des prétextes , des moyens, des occasions pour atteindre notre objectif principal : préserver l’identité de chaque personne au sein d’un groupe, grand ou petit, autour d’une table pour un repas convivial ou pour préparer le prochain article de notre journal « La plume animée » ….

A partir du moment où nous observons la personne sourire, parler d’elle autrement que dans la maladie ou le soin, émettre un désir, échanger avec son voisin en riant, nous gagnons notre pari professionnel de la place de l’animation dans un milieu hospitalier où bon nombre de personnes risquent le « repli sur soi » !!!

 

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Documentation

 

Parmi les sites intéressants à consulter :

 

http://www.agevillage.com/ : Bien vieillir et accompagner le grand âge : informations, conseils, services… pour l’entourage des personnes âgées dépendantes.

 

http://membres.lycos.fr/papidoc/12chartepa.html: Pour  la charte des droits et libertés de la personne âgée dépendante