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Janvier 2012

                                                                                                                 

 

                                                                                                      LES PROPHETIES DE LA FIN DU MONDE – LE 21 DECEMBRE 2012 ?

 

Frédéric LENOIR, Florence QUENTIN,

Eric TALADOIRE, Mikaël CORRE

 

Le Monde des Religions – Novembre, décembre 2011

 

 

Introduction d’Henri Charcosset

 

De ce dossier du Monde des Religions, nous extrayons pour fixer les idées :

-         L’édito de Frédéric Lenoir : « La fin d’un monde »

-         Un condensé de l’article « 11 décembre 2012, l’origine de la rumeur » de Florence Quentin

-         Un condensé de l’article « L’éternel retour de la culture maya » d’Eric Taladoire

-         L’article « L’apocalypse selon Internet » de Mikaël Corre.

De ce dossier il nous semble ressortir que la destruction brutale de notre monde le 21 décembre 2012 est hautement improbable tandis qu’autour de cette date, de profondes modifications sont vraisemblables. Au jour le jour dès maintenant, on s’en rend compte. Pas de panique à bord donc, mais faisons notre possible aussi modeste soit-il, pour  aller vers du positif : compréhension de ceux qui pensent autrement que nous, plus de justice, davantage d’égalité entre les hommes. Progresser ainsi vers une société plus juste et plus humaine. Vaste programme dans lequel la contribution personnelle de tout un chacun est requise.

 

 

L’éditorial de Frédéric Lenoir : « La fin d’un monde »

 

La fin du monde aura-t-elle lieu le 21 décembre 2012 ? Longtemps je n’ai prêté aucune attention à la fameuse prophétie attribuée aux Mayas. Mais, depuis quelques mois, de nombreuses personnes m’interrogent sur la question, m’assurant souvent que leurs adolescents sont angoissés par les informations qu’ils lisent sur Internet ou marqués par 2012, le film catastrophe hollywoodien. La prophétie maya est-elle authentique ? Y a-t-il d’autres prophéties religieuses de la fin imminente du monde, comme on peut le lire sur la Toile ? Que disent les religions de la fin des temps ? Le dossier de ce numéro répond à ces questions. Mais le succès de cette rumeur autour du 21 décembre 2012 en appelle une autre : comment expliquer l’angoisse du nombre de nos contemporains, pour la plupart non religieux, et pour qui une telle rumeur apparaît plausible ? Je vois deux explications.

 

Nous vivons tout d’abord une époque particulièrement angoissante, où l’homme a le sentiment d’être à bord d’un bolide dont il a perdu le contrôle. De fait, plus aucune institution, plus aucun Etat ne semble en mesure de freiner la course vers l’inconnu – et peut-être l’abîme – dans laquelle nous précipitent l’idéologie consumériste et la mondialisation économique sous l’égide du capitalisme ultralibéral : accentuations dramatiques des inégalités ; catastrophes écologiques menaçant l’ensemble de la planète ; spéculation financière incontrôlée qui fragilise toute l’économie mondiale devenue globale.

 

 Il y a ensuite les bouleversements de nos modes de vie qui ont fait de l’homme occidental un déraciné amnésique, mais tout aussi incapable de se projeter dans le futur. Nos modes de vies ont sans doute plus changé au cours du siècle écoulé qu’ils n’avaient changé au cours des trois ou quatre millénaires précédents. L’Européen « d’avant » vivait majoritairement à la campagne, il était observateur de la nature, enraciné dans un monde rural lent et solidaire, ainsi que dans des traditions séculaires. Il en allait de même pour l’homme du Moyen-Age ou de l’homme de l’Antiquité. L’Européen d’aujourd’hui est très majoritairement citadin ; il se sent relié à la planète entière, mais il est sans attaches locales fortes : il mène une existence individualiste dans un rythme effréné et s’est le plus souvent coupé des traditions séculaires de ses pères.

 

 Il faut sans doute remonter au tournant du néolithique (vers 10 000 ans avant notre ère au Proche-Orient et vers 3 000 ans avant notre ère en Europe), lorsque les hommes ont quitté une vie nomade de chasseurs-cueilleurs et se sont sédentarisés dans des villages en développant l’agriculture et l’élevage, pour trouver une révolution aussi radicale que celle que nous sommes en train de vivre. Cela n’est pas sans conséquences profondes sur notre psychisme. La vitesse avec laquelle cette révolution s’est produite engendre incertitude, perte des repères fondamentaux, précarisation des liens sociaux. Elle est source d’inquiétude, d’angoisse, d’un sentiment confus de fragilité de l’individu comme des communautés humaines, d’où une sensibilité accrue aux thématiques de destruction, de dislocation, d’anéantissement.

 

Une chose me paraît certaine : nous ne vivons pas les symptômes de la fin du monde, mais la fin d’un monde. Celui du monde traditionnel plusieurs fois millénaire que je viens de décrire avec tous les schémas de pensée qui lui étaient associés, mais aussi celui du monde ultra-individualiste et consumériste qui lui a succédé, dans lequel nous sommes encore plongés, qui donne tant de signes d’essoufflement et montre ses vraies limites pour un progrès véritable de l’homme et des sociétés. Bergson disait que nous aurions besoin d’un « supplément d’âme » pour faire face aux défis nouveaux. Nous pouvons en effet voir dans cette crise profonde non seulement une série de catastrophes écologiques, économiques et sociales annoncées, mais aussi la chance d’un sursaut, d’un renouveau humaniste et spirituel, par un réveil de la conscience et un sens plus aiguisé de la responsabilité individuelle et collective.

 

21 décembre 2012, l’origine de la rumeur,  par Florence Quentin

 

Les Mayas ont-ils prédit l’extinction prochaine de notre monde ? A un peu plus d’un an de la date fatidique, retour sur une découverte archéologique faite au Mexique, de très savants calculs et une habile récupération commerciale.

 

Si l’archéologue britannique Sir John Eric Thompson, l’un des plus éminents mésoaméricanistes du XXe siècle, s’était douté de l’interprétation qui serait donnée de ses travaux sur le monde maya, peut-être se serait-il contenté de fouiller au Mexique sans diffuser ses découvertes. L’objet du délit ? Avoir montré, après John Goodman et Juan Martinez Hernandez, les corrélations –dites « GMT », des initiales des noms de ses découvreurs – entre le compte long du calendrier maya, système de datation en vigueur dans cette civilisation obsédée par la puissance du temps, et notre calendrier.

 

Le treizième « baktun »

Pour établir ce lien, J.E. Thompson se réfère à un texte bref et lacunaire issu d’un monument maya découvert dans les années 1950 à Tortuguero, au Mexique. Il y lit « le treizième baktun se terminera un jour 4 ahau 3 kankin ». Que signifie donc cette description, sachant que le baktun correspond à un cycle de 144 000 jours (394 ans) et que, si on le multiplie par 13, on arrive à une période de 5122 ans ? Une autre inscription, à vrai dire elle aussi sujette à interprétation, ajoute au mystère : « Se produira […] la descente du Bolon Yokte (une divinité chtonienne liée aux conflits, à la guerre, mais aussi à la Création) à […]. ».

Pour autant l’énigme reste entière : comment dater la fin de ce fameux treizième baktun ?

 

Début d’un nouvel âge

Est né dans les années 1980, l’amorce d’un mouvement apocalyptique planétaire, initié par José Argüelles. Ce « mayaniste »[1] américain convaincu va s’emparer de cette fameuse date et la décliner à l’envi. Dans le Facteur maya, un livre publié en 1987, il affirme que le 21 décembre 2012 marquera un changement dans la conscience mondiale, mais aussi le début d’un nouvel âge. En outre, cette idée – qui s’appuie sur de mystérieuses révélations, soi-disant données par les Mayas eux-mêmes - va bénéficier de la promotion de la « convergence harmonique », un rassemblement qui s’est tenu les 16 et 17 août 1987 en différents points de la planète, des hauts lieux de préférence, et dont l’objectif était de rassembler 14400 personnes méditant pour la paix afin de provoquer un changement collectif et de sauver le monde de la destruction.

 

« Les Mayas savaient »

On en vient vite à attribuer à José Argüelles lui-même la datation du 21 décembre 2012, une datation qu’il confirmera en réinterprétant les calendriers mayas à l’aide d’éléments puisés, entre autres, dans le Yi-King. Il établit ainsi un tout nouveau calendrier, le « maya galactique », par opposition aux calendriers « mayas indigènes ».

Bon communiquant, le mayaniste « sent » vite que le village global relié par Internet est une cible idéale : les sites ésotériques et apocalyptiques dédiés à la « prophétie maya » vont désormais envahir la Toile. Le cinéma et la télévision surfent, eux aussi, sur la vague de cette rumeur planétaire en traitant de cette catastrophe qui aurait été ainsi « prophétisée » par les Mayas, et prétendument confirmée par des astrologues et des scientifiques.

Certains tenants de cette fin du monde annoncée nuancent pourtant l’angoisse collective en affirmant que « les Mayas savaient ». Quoi ? Que le 21 décembre 2012 sera une « renaissance » et le « début d’un nouvel âge mondial ». Ou bien un antidote comme un autre à la grande déprime planétaire ?

 

« L’éternel retour de la culture maya », par Eric Taladoire

 

« La terre flambera et il y aura de grands cercles blancs dans le ciel. Jaillira l’amertume, cependant que l’abondance s’enfouira. La terre flambera et la guerre d’oppression flambera… Ce sera le temps de la douleur, des larmes et de la misère. » Ces paroles funestes du prêtre maya Napuc Tun, issues d’un des Livres de Chilam Balam –pourtant rédigé après la conquête espagnole du Mexique- ont non seulement fait le tour du monde, mais aussi le lit de toutes les prophéties les plus délirantes qui ont vu dans les fameux « calendriers mayas » l’annonce indubitable de la fin du monde, qui aurait lieu le 21 décembre 2012. Tenter de rétablir la vérité sur une pseudo « fin du monde », est une tâche ardue, puisque, par définition, « ceux qui y croient nous considèrent précisément comme des menteurs ou des dissimulateurs, participants d’un vaste complot », constate Eric Taladoire, professeur d’archéologie précolombienne. Il fait le point ici.

 

Plutôt que « d’un » calendrier, il serait plus juste de parler « des » calendriers mayas. Quelles étaient leurs fonctions exactes ?

Les Mayas disposaient en effet, outre le calendrier rituel de 260 jours, de calendriers lunaire, solaire, vénusien, comme d’ailleurs d’autres civilisations mésoaméricaines. On ne connaît pas la signification du calendrier rituel, même si des chercheurs ont avancé que sa durée correspond à celle d’une gestation humaine. La combinaison du calendrier rituel et du calendrier solaire définit un cycle qui équivaut à environ 52 ans, une durée largement supérieure à l’espérance moyenne de vie de l’époque. L’étude du cycle des jours permettait ainsi des prévisions sur le destin des individus, l’alternance des saisons, les risques naturels, dans une conception astrologique. L’une des responsabilités des dirigeants était d’assurer, par leur emprise sur les déités, la continuité du monde. Pour ce faire, la maîtrise des cycles du temps était impérative. Le respect des dates pour l’accomplissement des rituels était une condition fondamentale du pouvoir des élites dirigeantes sur les forces surnaturelles.

 

Toute la pensée mésoaméricaine relève d’une conception cyclique du temps ?

Oui, celle-ci est fondamentalement dualiste, dans une perspective de complémentarité, et sans valeur morale. La vie s’achève dans la mort, et la mort donne la vie : cela est illustré dans le cycle végétal, l’alternance des saisons, la notion de sacrifice. Ce dualisme se retrouve dans tous les domaines, qu’il s’agisse des déités, des mythes ou de notions comme le sec et l’humide, le haut et le bas… L’univers fonctionne ainsi selon un principe d’alternance, dans un mouvement perpétuel. Le temps n’échappe pas à cette conception cyclique, qui n’est d’ailleurs pas si différente de la nôtre : nous avons, nous aussi, des cycles composés de semaines, de mois, d’années, nous célébrons le 31 décembre, par exemple.

 

Pensez-vous que les démentis scientifiques, preuves à l’appui, peuvent contrer les rumeurs apocalyptiques ?

Notre époque traverse une crise d’ampleur planétaire. Elle se manifeste dans tous les domaines et est amplifiée par l’accélération de l’information, d’où la multiplication des rumeurs, des informations incontrôlables. Le doute s’installe, donnant naissance à des théories de machination. C’est sur ce terreau que prospèrent les rumeurs apocalyptiques, qu’elles soient diffusées par des gens sincères ou de véritables escrocs. Les chercheurs développent une analyse rigoureuse, logique ; les « croyants » se réfugient dans l’acte de foi. Les démentis scientifiques peuvent parfois convaincre les hésitants, les partisans du complot n’y verront que la preuve de l’ampleur des manipulations.

 

Propos recueillis par Florence Quentin

 

 

L’apocalypse selon Internet de Mikaël Corre

 

Sur le Web, les sites dédiés à la prophétie du 21 décembre 2012 sont loin de tous annoncer un cortège de malheurs. Derrière des discours qui peuvent prêter à sourire se cache bien souvent le fol espoir de voir émerger une nouvelle ère.

 

Calendrier maya, inversion des pôles, alignement ou carambolage de planètes, une chose semble certaine : décembre 2012 ne sera pas de tout repos. Si les différents oracles semblent s’accorder sur la date, les modalités de destruction du monde apparaissent plutôt variées. Les hypothèses alternent entre un accrochage de la Terre avec Nibiru – cette hypothétique planète dont le nom est tiré de l’astrologie babylonienne -, un bouleversement énergétique ou une apocalypse plus vaste compilant toutes les catastrophes naturelles disponibles.

Auteur de La fin du monde n’aura pas lieu (Editions Saint-Simon), une contre –enquête au titre apaisant, Alain Cirou s’étonne de cette quantité de scénarios : « Dans les chaos annoncés auparavant, on évoquait une seule catastrophe à la fois ; mais cette fois on y a tout mis et on arrive à un incroyable gloubi-boulga ». Un « gloubi-boulga » particulièrement visible sur Internet, où les informations se propagent via les multiples blogs et sites qui référencent les diverses thèses. Des sites parmi lesquels on trouve par ailleurs quelques campagnes de « marketing  viral », une technique commerciale qui alimente les rumeurs pour vendre des téléphones portables, des tee-shirts ou des films hollywodiens.

« Le phénomène 2012 est totalement indissociable du Web. C’est essentiellement par le biais de ce média qu’il s’est développé de la sorte », explique Laure Gratias, journaliste et auteure de La Grande Peur de 2012 (Albin Michel). « Sur tous les sites internet et dans tous les ouvrages consacrés à 2012, on trouve cette même affirmation catégorique : les idéologies, les religions et les philosophies les plus diverses convergent pour désigner 2012 comme date de l’apocalypse » poursuit-elle.

 

Rumeurs et expertises

Sur ces sites, chacun semble avoir son mot à dire. On trouve bien sûr quelques ésotériques qui réactualisent des idées New Age, notamment à partir des travaux d’un certain José Argüelles, auteur d’un livre sur la fin programmée du calendrier maya. On retrouve aussi de simples internautes, qui n’hésitent pas à laisser plusieurs milliers de commentaires pour exposer pêle-mêle leur peur de la mort, l’erreur de calcul qu’ils ont repérée dans le calendrier maya ou la théorie selon laquelle le chanteur Justin Bieber serait l’Antéchrist… On relève enfin la présence de journalistes, essayistes et scientifiques qui viennent apporter leur expertise et démentir les rumeurs. Notons l’initiative de quelques membres de la Nasa, auteurs d’une vidéo postée sur You Tube dans laquelle ils expliquent qu’aucune planète répondant au nom de Nibiru n’est, à ce jour, passée devant leurs télescopes. Si ces tenants de la contre-enquête sont prompts à défendre la thèse selon laquelle nous n’allons pas mourir en décembre 2012, ils le sont moins à désigner clairement ceux contre qui ils s’élèvent. Qui sont précisément les partisans de la fin du monde ?

 

 

« Déluge d’Energie Lumière »

Sur les sites ésotériques du Web, nombre d’articles traitent des événements à venir. Faisant référence aux grands écrits mystiques, à commencer par l’Apocalypse de saint Jean, leurs rédacteurs prédisent un Noël 2012 sérieusement mouvementé. Le 21 décembre serait ainsi agrémenté de « gros cataclysmes », dus principalement à un énigmatique arrêt de l’évolution de notre planète. Si le propos n’est pas très clair et assez difficile à résumer, on y retrouve cependant peu de tempêtes solaires, d’éruptions volcaniques ou de vague glaciaire. La seule « catastrophe » identifiable se dessine comme un « déluge d’Energie Lumière qui se déversera sur Terre afin d’élever les consciences et de nous amener vers une période de spiritualité universelle, la cinquième dimension ».

Sur l’un des sites, un article intitulé « Le monde ne s’arrêtera pas en 2012 » explique d’ailleurs que, la transition de la troisième à la quatrième dimension s’étant bien passée, il n’y a aucune raison de craindre ce nouveau passage. Un autre encore donne quelques précisions sur le message délivré par les « êtres de lumière », sortes de petites lucioles mystiques selon lesquels cette étape ne représentera qu’un simple « passage à une autre conscience de la Terre ». Autant dire que cette cinquième dimension ne se présente pas de manière particulièrement violente… Sur un site internet qui s’inscrit dans la continuité des thèses de José Argüelles, décembre 2012 apparaît comme le temps d’une « ouverture aux inframondes ». On pourrait d’abord penser à un véritable séisme, mais ces « inframondes » ne seraient en fait que de petites particules parfaitement inoffensives qui se baladent déjà en nous. Pour s’ouvrir à elles, il est tout simplement conseillé de « respirer » et de « lâcher prise ». Un propos bien moins anxiogène que certains discours scientifiques sur le réchauffement climatique.

 

Le rôle des médias traditionnels

Si le rôle d’Internet semble indéniable dans la propagation de la rumeur, il est toutefois exagéré de la mettre sur le seul compte de ces thèses ésotériques. La diffusion massive de peurs et d’angoisses n’est pas si contemporaine : tracts, crieurs publics, sermons, almanachs ou chaînes de lettres ont –bien avant l’arrivé du Web- permis à des rumeurs de naître et de se répandre. Si la rapidité de diffusion et de traduction de l’information est une spécificité d’Internet, elle entraîne un simple changement de degré, et non de principe. Il ne suffit pas qu’une information soit mise en ligne pour qu’elle se répande, encore faut-il qu’elle soit relayée par les médias traditionnels : radio, télévision, journaux demeurent ainsi des vecteurs incontournables.

Finalement, la diffusion passe toujours par ce même jeu de bouche à oreille sans lequel une information postée sur un blog passerait inaperçue au milieu de la multitude de pages Web. C’est dans ce jeu de diffusion que les journalistes et les scientifiques produisent et vendent de l’information : en fabriquant une rumeur, un « phénomène 2012 », à partir de thèses ésotériques qu’ils appauvrissent, décontextualisent et radicalisent.

 



[1] Le mayanisme est un terme désignant les croyances New Age qui s’appuient sur la mythologie maya