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 «POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP », trimestriel GIPHV,  N°11. 01. 2007

Editeur : Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr   

 Site web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm

 

QUAND  LA  FAMILLE  S’EMMELE

 

                                               Serge  HEFEZ

                     Editions Hachette, Littératures, 2004, 310 pages

 

                                               Extraits par Henri  Charcosset

 

Serge  Hefez est psychiatre, psychanalyste, thérapeute de couple et de famille, il exerce à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.

 

P 11  Le thérapeute familial 

P 12  Par rapport à la famille d’autrefois, l’abolition des contraintes était censée nous faire accéder à la liberté ; elle nous condamne le plus souvent au doute, à l’irrésolution sur la façon de conduire notre vie privée, à l’angoisse terrible de se tromper de chemin.

 

P  15 (Au travers de ce livre), chacun pourra, je l’espère, s’interroger sur la nature même de sa dépendance et de son autonomie, pour pouvoir renoncer ni à l’une ni à l’autre.

 

P 20  Les liens qui soudent une famille ont donc changé : ils se fondent moins sur sa dimension institutionnelle mais davantage sur sa dimension affective. Et les tensions ne se manifestent pas tant sous la forme de conflits (qui consistent à s’opposer à une hiérarchie) que dans une violence liée à la haine inhérente à toute relation affective.

 

P 28  Dans une famille …avec le temps, chaque individu doit devenir de moins en moins essentiel au fonctionnement de sa famille d’origine pour pouvoir s’en séparer et constituer à son tour, en y assumant des fonctions différentes, un nouveau réseau de relations, que ce soit dans un groupe, un couple ou une famille.

 

P 36-37  La thérapie familiale est née de la confrontation, dans les années 1950, de disciplines multiples qui, chacune à sa manière, décrit la famille comme l’unité fondamentale de maturation, de différenciation et de transformation pour l’être humain… Une place fondamentale est accordée à la notion de contexte, qui permet de donner du sens à l’environnement social. Autrement dit, un comportement, une action, une souffrance ne trouvent pas seulement leur sens dans ce qui se passe « à l’intérieur » d’un sujet mais dans la relation « entre » cette personne et son environnement.

 

P  44  Notre souci premier est de désenclaver les symptômes et la souffrance de l’individu qui les exprime pour leur redonner une attache collective.

 

P  49  Nous pensons tous que notre personnalité, nos qualités et nos défauts sont bien les nôtres et se situent « à l’intérieur » de nous. Ce n’est qu’en partie vrai. Nous développons aussi ce que l’on pourrait appeler une « personnalité d’interaction » parce qu’elle se déploie au contact des autres. Selon le contexte dans lequel nous sommes plongés, telle ou telle partie de nous va s’épanouir.

 

P 60  Dans une famille…   la capacité d’un individu d’aller d’un lien à l’autre, de participer et de se séparer, d’appartenir à différents groupes, permet d’assumer des fonctions différentes de celles des autres, d’en échanger, d’en acquérir de nouvelles, et d’exprimer ainsi tous les aspects différents de soi-même. Bref, d’avoir une vie bien à soi.

 

P 90-91  La société et la famille poursuivent une longue évolution démocratique entamée en 1789, qui proclame l’ autonomie de l’individu face à la tradition… L’autorité n’est plus un droit absolu et doit faire la preuve de son bien-fondé, de sa légitimité. Parallèlement, l’éducation des enfants est devenue l’affaire de chaque famille. …Mais les parents doivent définir leur modèle et leur vision du monde, déterminer ce à quoi ils tiennent et l’expliquer à leurs enfants… Les nouvelles valeurs sont celles de la démocratie –la défense des libertés et des égalités – valeurs certes nobles qui introduisent peu de hiérarchie et ne lèguent aucune tradition, aucune identité, aucun ancrage. C’est un héritage plus riche mais aussi plus complexe et aléatoire, et les parents finissent par se sentir bien seuls face à cette nécessité de transmettre à leurs enfants un cadre et des limites.

Ces enfants, devenus rares, sont de plus en plus idéalisés, d’autant que l’avenir des couples est incertain. Et la vénération pour les enfants est à la mesure des déceptions qu’ils engendrent.

 

P 120  Mais n’oublions pas les hiérarchies : il s’agit seulement de tirer profit de l’ autorité horizontale qui respecte les interactions à base d’arguments, de négociations, de raisonnements. A condition que l’asymétrie fondamentale entre l’enfant et l’adulte soit respectée et que la barrière générationnelle ne fasse aucun doute.

Comment partager l’autorité, comment montrer que l’autorité conjointe est un espace de création et non un espace de contrainte, comment la répartir et la négocier quand l’enfant est confronté à une pluralité d’intervenants ou de parents ? Voilà la question « moderne » de l’autorité.

 

P 142  Dans toutes les familles, les relations évoluent entre fusion et différenciation, au sein du couple parental comme entre les parents et les enfants. La fusion est préalable à toute différenciation. C’est à partir de l’appartenance des relations fusionnelles que la différenciation, la fabrication du soi, va pouvoir avoir lieu selon un processus continu de fusion, différenciation, séparation.

 

P 193, 194. L’amour parfait n’existe pas. L’amour est un double mouvement. Il faut se montrer capable d’aimer et d’être aimé… Pour aimer, il faut à la fois reconnaître l’autre comme différent de soi, apprécier cet autre et savoir donner du prix à cette relation ; mais il faut aussi avoir la capacité d’être aimé, c’est à dire de se rapprocher de l’aimé sans ressentir son amour comme une menace, soit qu’on sente le lien trop fragile ou, au contraire, trop intrusif et exclusif… Quoi qu’on fasse, il n’existe pas de lien affectif idéal où l’on se tiendrait toujours à la bonne distance ; il faut donc, comme dans toute relation, renoncer à l’idée de perfection.

 

P 240  Entre le conflit et la violence, il y a un pas : celui qui permet de reconnaître l’autre. Dans le conflit, on s’oppose à un autre au nom d’une relation que l’on souhaite faire évoluer. Dire à quelqu’un que l’on n’est pas d’accord avec lui, c’est d’abord le reconnaître comme différent de soi. La violence, au contraire, est le refus de l’altérité… La famille est par essence un lien de conflit.

 

P 295-297  Une de nos illusions, et non des moindres, est de croire que l’amour en famille suffit à fonder notre identité et donne tout son sens à notre existence. …C’est le groupe qui fonde l’individu, et non le sentiment amoureux…

Les enfants et les adolescents tout comme les adultes souffrent moins du poids d’une famille qui impose des règles morales, religieuses, culturelles en écho aux obligations sociales que de relations familiales sous-tendues par les exigences féroces et insatiables de l’amour et de la quête affective. Le nouvel individualisme familial agglutine parents et enfants, complique encore les trajectoires de l’autonomisation et concerne toutes les familles quelle que soit leur forme.