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NOVEMBRE 2007
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SEULE POUR FAIRE FACE A
LA VIOLENCE
BREMOR, Pseudonyme
Mot du webmestre.
Brémor, dame de 60 ans,
parvient à extraire d’elle-même un texte clair et profond pour décrire
l’approche de la rupture de son couple vieux de près de 40 ans. Texte émouvant
certes, mais surtout utile à réfléchir par ceux, celles qui vivent un couple au
long cours, y compris si il ne semble
pas se profiler de menace à l’horizon ! Ce texte illustre que dans nos
vies il n’y a pas d’échec, seulement des expériences ; de son cheminement
assez rude Brémor sort enrichie. Pour quelle direction nouvelle, où pouvoir
exprimer sa capacité à donner ?
Un propos de Brémor m’a
frappé : « Les associations d’écoute sont très utiles ; il
est important de pouvoir parler anonymement ». Après avoir reçu,
donner !
Donner de soi se fait
anonymement aussi sur l’Internet. Le premier don de soi de Brémor sur un
forum est un message qui témoigne de sa valeur – adresse web en fin de
texte- ! Tu redémarres sur une
bonne voie, Amie ! HC.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Brémor. Je suis bien. J'admire une
fois de plus le magnifique panorama de
Tout change brusquement, le ciel et la mer se rejoignent. Le ciel vire au
noir et l'eau devient couleur marron et trouble.
Puis, je vois les
flots se soulever, monter, monter jusqu'à la terrasse de laquelle je
contemplais ce merveilleux paysage. Je dois me sauver à l'intérieur de
l'appartement ! Les vagues deviennent énormes et me dépassent. Tout est
soulevé par les flots. Je réalise affolée que je vais, moi aussi, être
précipitée dans la mer, je vais me noyer. Mon regard se dirige vers la
porte fenêtre, la seule issue de secours, si j'ai encore la possibilité
de
l'atteindre. Derrière la vitre je l'aperçois, il est en train de m'observer
avec un sourire ironique !! Il ne viendra pas à mon secours !!!!
Voici le cauchemar, inoubliable, que j'ai fait il y a déjà quelques années.
Je voulais, par lui, commencer mon écrit.
Cette sensation d'être seule pour se
sauver et tenter malgré tout de
survivre, car la vie est la plus forte.. nous accompagne durant
parfois de
nombreuses années. Il faut du temps pour cicatriser les plaies et se
reconstruire.
Toute femme qui a été confrontée à un abandon brutal (car ça peut arriver
en
cinq minutes) ou à la violence physique ou psychologique ou bien les
deux,
ne sait plus vers qui, vers quoi se tourner pour obtenir un peu d'aide,
une
oreille attentive. Elle a besoin d'être secourue mais n'ose parler car elle
a endossé la honte d'avoir raté son couple... C'est ce qui rend le
conjoint très fort et le conforte encore plus dans une position dominante.
Surtout que ça ne se voit pas !! C'est devenu un leitmotiv chez la
victime.
On cache ses plaies comme l'on peut : derrière un sourire, une élégance et
un maquillage qui veulent faire croire que tout va bien. Et ça marche
!!!
Mais le sourire est fragile, bien plus que le maquillage qui devient un
automatisme avec lequel on se rassure et qui donne un peu de crédibilité
vis-à-vis de soi même.
Je vais utiliser plusieurs fois le mot fort et assurance ou
rassurer. Il y
a en fait deux attitudes face à face dans ces couples : l'une est la
force
de la domination et de l'écrasement (d'ailleurs ne dit-il pas « la vie n'est
qu'un rapport de force ») et de l'autre côté celle qui subit sans
oser,
ni pouvoir, réagir mais après coup tente de vivre encore en se rassurant
comme elle le peut.
Lorsque l'on a en face soi, une personne que l'on ne reconnaît plus, qui
ne
vous voit plus, n'entend plus ce que vous tentez de lui dire, encore avec
amour, c'est terrible à vivre. Vous devenez transparente, vous n'existez
plus. Si vous levez les yeux de l'assiette il vous accuse de le surveiller ;
si vous le croisez dans la rue, vous l'avez suivi !! Bref, vous n'osez plus
rien faire ni rien dire.
Puis, on a face à soi, un autre soi-même mais à la sauce Machiavel. Je
m'explique : on tente encore de communiquer, d'essayer de partager
quelque
chose. Tout ce que vous dîtes est
retourné contre vous, repris et réalisé
contre vous. Vos désirs, projets deviennent les siens, donc il est
impératif que vous en soyez exclue. En fait vous êtes gommée. On épouse vos
projets, vos pensées, vos désirs mais pour mieux vous démontrer que vous
n'existez plus !
Dans un premier temps, on essaie, par
instinct, de retrouver ses racines.
Puisque l'on est dans l'incapacité de parler pour se soulager, on retourne
sur les lieux de l'enfance, à l'époque où l'on était heureux. Face aux
absents, on parle beaucoup, on raconte ses souffrances, on imagine les
réponses qu'ils pourraient faire. Pendant quelques instants on se sent
mieux. On redécouvre la quiétude que l'on avait oubliée.
Il faut savoir que nuit et jour il est devenu impossible d'avoir un peu
de
sérénité. Ces paroles de dévalorisation ne peuvent s'effacer car le doute
est installé sur ses propres capacités. Tout
est devenu négatif en soi. La
moindre réflexion acerbe est un coup de couteau, ce sont des plaies
qui
s'accumulent.
Et puis, un beau jour on parle,
parfois au bout de quelques années. Que
s'est-il passé ? Rien ! peut-être une parole, le regard d'une
amie qui
vous ont touchée et l'on craque. On raconte peu de choses tout
d'abord
mais la vanne est ouverte. Il sera impossible de retenir le flot des
douleurs. On se jure ensuite de ne plus jamais parler car l'humiliation et
la culpabilité d'avoir dévoilé votre chagrin, vous submergent, cette
humiliation qui est votre compagne de solitude dans la souffrance.
Malgré tout, c'est le début de la
guérison. On n'est plus seule ! Et si
l'on a la chance d'avoir une oreille
compréhensive, qui ne juge pas, ne
prend jamais partie mais écoute et écoute encore, le trop plein se
libèrera.
Il faut là aussi du temps.
La tête est embrumée, plus rien n'est clair et aucune réflexion n'est
possible !! Et ce ver qui revient vous ronger la pensée .. «
Le gâchis
immense de notre vie, les rêves faits à deux et qui n'auront jamais lieu
»,
on n'a plus que ça présent à l'esprit. Toutes les petites cases du
cerveau
sont ouvertes et leur contenu mélangé et répandu à terre..... Il
faut tout
remettre en ordre, c'est-à-dire refaire un tri très sélectif de ce que l'on
estime important ou non, ensuite refermer les tiroirs ; on pourra
commencer à voir les choses plus froidement et de plus loin..
Les associations d'écoute sont
très utiles. Il ne faut surtout pas hésiter
à y avoir recours....Il est difficile de décrocher le téléphone et
pour
faire le numéro il faut s'y reprendre plusieurs fois mais parler anonymement est très important
car on parvient enfin à se libérer en se confiant totalement.
Ceci, se produit à tout âge de la vie et c'est le choc pour la personne
qui
reste au bord de la route, une impression d'abandon. Mais, il me semble que
l'on rebondit plus rapidement
quand on est jeune, que l'on travaille, que
les enfants sont encore à la maison. Il y a obligation à faire face, la
vie
vous pousse.
Quand on atteint ou approche 60
ans, c'est autre chose .. La vie a été
construite ensemble dans tous les domaines. Plusieurs questions viennent à
notre esprit :
- On a peut-être cessé de travailler jeune pour élever les enfants, faire
garder les enfants n'était pas toujours aisé !, se pose le problème de la
retraite. Comment vivre sans revenus réguliers ? (la pension
alimentaire ?.. bien sûr !!!!!)
- Tous les investissements faits en commun, que vont-ils devenir quand
vous
n'avez (presque) que cela, Il faut quand même vivre ensuite,
soyons
réalistes ! Et l'on sait très bien que l'on ne vous fera aucun
cadeau.
D'ailleurs on a déjà entendu, dans certaines occasions, « si tu ne
fais
pas ce que je veux, je te pourrirai la vie ! »
- La solitude, ce mot fait peur quand on
a toujours vécu avec quelqu'un. En
fait, quand on s'est mariés jeunes, il semble que l'on a grandi ensemble
!
Au fil des années un attachement s'est créé et d'autant plus
difficile à
rompre si l'on éprouve encore des sentiments pour l'autre. Il faut bien
réaliser que, quant à lui, cette vie lui convient
parfaitement et que
c'est la femme qui, dans la plupart des cas, doit prendre
l'initiative de
rompre, d'où le pourcentage plus important de demandes de divorce
faites
par les femmes.
- Il y a, également, la
culpabilité de détruire l'harmonie familiale.
Recevoir les enfants, petits enfants seule... la belle image d'Epinal est
détruite ! Comment la cellule familiale va-t-elle vivre cet ouragan
? Ce
poids est très lourd à porter !
En dehors de tous ces points, d'autres raisons qui appartiennent
à
chacun, viennent s'ajouter. L'une de ces raisons est l'espoir, encore et
encore, que tout finira peut-être par s’arranger !
Je n’aborde ici que le côté psychologique, le juridique vient ensuite quand
la décision de partir est prise.
Il n'est pas facile de quitter une vie dans laquelle on s'est
installé
depuis quarante ans peut-être : les souvenirs, les amis, tout est à
recommencer.
Partir ou rester en redressant la barre pour obliger l'autre à vous
respecter ? Il appartient à chacun en fonction de sa propre
histoire, de
prendre la décision qui lui revient mais il me semble que, dans l'un ou
l'autre cas, divorce il y a déjà, que ce soit officiel ou
non. Tout est à
reconstruire.
Si l'on prend la décision de rester il faut savoir que les gestes tendres,
les mots d'affection, les regards complices, tout cela n'existera
plus. Il
ne faut plus rien attendre et il faut apprendre à se faire respecter.
MAIS POURQUOI
J'en arrive à tenter de comprendre les raisons pour lesquelles une vie de
couple harmonieuse pendant des années, en arrive à se dégrader jusqu'à ce
point ?
Mais, POURQUOI ? C'est la question que l'on se répète
plusieurs fois par
jour. Il semble que si l'on comprenait, on pourrait faire quelque chose.
Encore et toujours faire quelque chose soi même ....
Il me semble que la réponse est là !
« Vouloir faire soi-même quelque chose pour améliorer » comme si l'on
portait l'entière responsabilité de ce qui se passe.
Cette situation s'installe
progressivement doucement d'une façon
sournoise et sans que l'un ou l'autre dans le couple le réalise. L'un prend
le pouvoir sur l'autre d'une façon trop importante et le jour où la violence
est là, il est trop tard.
A vouloir « faire le bonheur à tout prix
de l'autre » on s'oublie soi-même.
On oublie que la vie à deux est faite de compromis réciproques. Le respect
de l'autre passe par le respect de soi-même. Dans un couple il doit y avoir
respect mutuel pour qu'il y ait égalité.
On s'en remet, chacun à son rythme. Il
faut laisser du temps au temps mais
la vie reprend toujours, belle comme autrefois.
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Coordonnées pour contact. Pour un premier contact, passer par :
bien.vieillir@club-internet.fr , qui fera suivre.
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Référence :
Discussion « On passe sa vie à vieillir, tout en cherchant à rester
jeune….d’esprit », où Brémor est intervenue à partir du 31.08.07 :
http://forum.doctissimo.fr/psychologie/vieillir/vieillir-cherche-rester-sujet_75_2.htm#bas
Sur ce site, une section
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