Sections du site en Octobre 2009 :  Ajouts successifs d’articles -- Sujets d’articles à traiter – Pour publier --  Post-Polio -- L'aide à domicile -- Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien -- L’animal de compagnie --  Histoires de vie  --  Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –

 Le  webmestre.

 

RETOUR A LAPAGE D’ACCUEIL : CLIC            AUTEURS, TITRES DE TOUS  LES  ARTICLES : CLIC         SYNTHESE GENERALE: CLIC

 

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

 

                                                JANVIER 2008

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

COMMENT FAIRE DIMINUER LA DUREE MOYENNE DE VIE DANS NOS SOCIETES.

 

Régis DEBRAY

 

Mot du Webmestre : Cet article est fait d’extraits de l’ouvrage « Le plan vermeil ; Modeste proposition » Régis DEBRAY Ed° Gallimard 2004

 

P9 La vieillesse en Europe est une idée neuve et le déclin de l’esprit prospectif dans nos pays a de quoi inquiéter. Quand le long terme disparaît dans l’urgence, le civisme aussi, sous le despotisme douceâtre des bons sentiments.

 

I Les Problèmes (P11)

 

P 13 Consentir un effort financier accru pour une population dont l’utilité sociale diminue de jour en jour ne va pas de soi. Ni procréateur ni créateur de richesses, moins le sujet âgé est utile à la société, plus il coûte.

 

P15 En dehors de tout racolage électoraliste, les pouvoirs publics doivent affronter les temps longs, en concentrant les efforts sur la variable élastique, la seule qui offre une marge de manœuvre : la durée moyenne de vie dans nos sociétés…

En démocratie, réquisitionner la moitié productive de la population pour assurer la veille sanitaire de l’autre est impraticable.

 

P18 On ne tolère plus les cortèges funéraires et les levées du corps qui ralentissent la circulation, mais on subventionne la décrépitude, prolonge les tourments, remplit à ras bord les mouroirs du département. Rien pour le cadavre, tout pour le moribond. N’y aurait-il pas incohérence ? Pourquoi insister sur le biodégradable après et renchérir sur le biodégradant avant ?

 

P19 Les personnes dites à risque en constituent d’abord un pour le rayonnement de nos valeurs, notre bien-être et notre bonne humeur.

 

P22 … ll n’a jamais été facile d’être contemporain de son temps. On manquerait le nôtre si l’on ne prenait en compte quatre facteurs objectifs qui obligent tout responsable politique à un changement, noblesse de sentiments ou pas.

 

P23 Passage d’une société de transmission où le temps est la dimension cruciale, à une société de communication immédiate, où l’espace tient la vedette. Le renouvellement accéléré des connaissances ainsi que le précipité des générations technologiques font qu’il n’y a plus grand-chose à transmettre d’amont en aval.

 

P24  Passage d’une culture de travail à une culture de loisir.

 

P25  Passage d’un âge d’espérance à un âge d’impatience. Le vieillard est goûteux à qui sait prendre son temps. Le madérisé se savoure. Nous avalons d’un trait. Nous ne faisons plus confiance au lendemain, autant dire à la postérité… Le regard du rejeton sur la tirelire à deux jambes se passe de stratégie. On veut tout et tout de suite.

 

P26  Passage de la graphosphère à la vidéo-sphère. C’est une donnée d’observation : là où le vieux est à l’honneur, l’image est à la peine…

 

P31 La tranche d’âge 65-100 ne s’est pas construite culturellement.

 

P32 Seraient éligibles au sens large à cette catégorie tous ceux et celles pour qui ne sera pas un autre jour mais le même ou pire…

 

P33 A peu de choses près, la situation faite aux vieux par notre XXème  siècle ne serait pas sans rappeler celle des femmes du XIXème, le droit de vote en plus (mais à quoi bon ?), les travaux d’aiguilles en moins.

 

P39 Ecoutez les conversations. Rajeunir est laudatif. Vieillir, péjoratif. Comment humilier un jeune ? En le traitant de vieux. Flatter un vieux ? « Comme vous avez l’air jeune »

 

II La solution (P41)

 

P42 Le plus grand mal ici, est la solitude humaine due à la dispersion des patients dans tout le pays et au coûteux éparpillement des centres de traitement… Première parade : le regroupement. Non pas dans un super-complexe hôtelier, ni même dans une cité sanitaire, mais sur un territoire propre. En dehors des centres urbains… et pas en banlieue.
Deux avantages : pour l’Administration, une formidable économie d’échelle, à tous les niveaux ; formation des personnels soignants.

 

P43 La vieillesse cesse d’être une maladie dés lors qu’il n’y a plus de RER ou de transports en commun à emprunter ni de jeunes pour l’insulter.

Le territoire autonome que nous réclamons à la fois festif et fonctionnel… devrait pouvoir accueillir un million de personnes par an, par rotation (en fonction des résultats obtenus)… Qui seraient bénéficiaires de cette offre exceptionnelle ? Il reviendrait d’en décider à une Agence de régulation indépendante (avec une antenne par département), nommée par le ministère de la Santé, en concertation avec l’Ordre national des médecins, mais à l’abri des pressions corporatistes. Ce Comité de vigilance aurait pour mission de repérer, bien au-delà des affections graves et incurables, les sujets les moins solvables et/ou les plus fragiles, parmi les personnes âgées, et de les inviter à bien vouloir se délocaliser. L’évolution contrôlée d’une médecine palliative à une médecine transitive, destinée à faciliter la dernière délivrance, d’une façon indolore et respectueuse de l’intégrité des personnes, devrait permettre de ramener par étapes, l’âge moyen de la population mâle aux alentours de soixante-dix et femelle de soixante-quinze ans… Avec cette obligation de résultat pour les personnels et la prime correspondante, c’en serait fini, à la satisfaction générale de cette impéritie : l’absence de finalité.

 

P45 Soulager démocratiquement les souffrances, réduire les gaspillages et dynamiser la croissance pour être plus rentable et productif

 

P46 Sera ainsi attribué un lieu d’accueil, voire un foyer supranational, et pourquoi pas, un jour, un micro-Etat, avec passeport spécial, police et tribunaux, à tout un peuple qui ne se connaît pas encore comme peuple.

Son nom ? Le Bioland. Ses check-points aux frontières n’auront qu’un panonceau de bienvenue : Welcome to the bioage !

 

P47 Le choix d’un milieu rural, serein mais non abandonné, point trop inaccessible mais en altitude nous semble indispensable pour faciliter la réintégration mentale du vieillard dans les grands rythmes cosmiques… Après examen des différentes zones d’implantation possibles, et mise en concurrence des offres régionales, l’Ardèche nous a paru l’endroit le mieux désigné pour abriter notre futur Bioland, qui fera sans doute école en Europe. On pense plus précisément au Haut-Vivarais cristallin et mouvementé.

 

P48 Outre sa centralité géographique et la rémanence de stations thermales trop méconnues, plusieurs facteurs favorables recommandent ce choix :

-         de forts écarts annuels de température, vague de chaleur l’été, vague de froid l’hiver, auxquels les organismes affaiblis ne sont pas insensibles.

-         Un relief tourmenté, la pauvreté du sol, la rudesse de la vie rurale, accompagnés de forts dénivelés, qui ne peuvent rester sans conséquences…

 

P49 Le Bioland sera l’antithèse de la maison de retraite à l’ancienne. On y combinera l’animation la plus décoiffante avec un recyclage extrême – oriental, en sorte que les bienheureux puissent s’éveiller à la fois à un jeu joyeux du divin et aux facéties d’une Nature ré-enchantée…

 

P51 Notre proposition ne serait qu’une énième vacuité du bon cœur si on ne l’accompagnait de mesures d’incitation, de précaution et de préparation.

 

Pour l’incitatif, le civisme étant ce qu’il est, et la nature humaine, il serait prudent de prévoir une allocation de mille euros par famille pour tout vieillard mis de côté (le transport au Bioland est gratuit)… Cette « prime ou supprime » pourrait inciter les familles négligentes, impressionnables ou dans le besoin à remplir leur devoir envers la société, quitte à devancer les délais. La marge dégagée par la fermeture des maisons de retraite et la rationalisation des systèmes d’aide suffisent et au-delà, à financer ce modeste secours.

 

P52 Pour le préventif : seraient d’emblée exemptés des mesures de regroupement ici prévues, un certain nombre de sous-groupes encore bruyants… pouvant contribuer au produit national brut, directement ou indirectement.

1 : Les personnes assujetties à l’impôt sur la fortune (sous certaines conditions : croisières annuelles dans les mers chaudes, séjour cinq étoiles en villes d’eaux…)

2 : …

4 : Les religieux et ecclésiastiques, en dépit de leurs faibles revenus…

 

Pour l’éducatif : notre objectif suppose une mobilisation nationale (centres sociaux, maisons de jeunes, réseaux associatifs) avec une campagne de spots radio ciblée sur les 18-35 ans. Mais c’est dés le collège qu’il conviendra, en fusionnant les sciences de la vie et de la terre avec l’éducation civique et les sciences juridiques et sociales, d’initier les adolescents aux bienfaits du renouvellement des générations, d’un environnement humain protégé ainsi qu’aux exigences démographiques du progrès général. On n’attendra pas la terminale pour commenter le « philosopher c’est apprendre à mourir », et donner en dissertation aux élèves le classique « mourir plutôt que vieillir »… Un module obligatoire sera crée dans les IUFM sur les réalités du 3ème âge et les désastres du 4ème … En un mot, tout sera mis en œuvre pour que la ventilation des stocks existants devienne une cause nationale, comme le sont les luttes contre le cancer et pour la sécurité routière.