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Juillet 2009
Catherine VINCENT
Avoir des relations sexuelles avec un
robot sera bientôt possible, affirme l’expert en intelligence artificielle
David Levy. A moins que notre vie érotique, via Internet, ne devienne seulement
virtuelle.
Le Monde des
23-24 Mars 2008
Faire l’amour sans complexe à 80 ans. Acquérir des objets
sexuels d’une technicité inimaginable aujourd’hui. Réaliser virtuellement les
fantasmes les plus osés sur le Web… Tout cela, dans vingt ans, fera peut-être
partie de notre paysage familier.
Mais cela n’est rien au regard de ce que prédit David
Levy, chercheur britannique en
intelligence artificielle. Le titre de la thèse qu’il a soutenue, en octobre
2007, à l’université de Maastricht (Pays-Bas), « Relation intime avec un partenaire
artificiel », parle de lui-même. Et plus encore celui du livre
que l’éditeur Harper Collins en a tiré, Love and Sex
with Robots. En clair : David Levy affirme qu’en 2050, les robots nous
ressembleront tant, sur le plan physique et comportemental, que certains en
tomberont amoureux et auront avec eux
des relations sexuelles.
Et si c’était vrai ?? S’il ne leur manquait plus que
l’apparence humaine pour nous séduire ? Côté cœur, le succès des
Tamagotchi ou d’Albo, le chien robot de Sony, montre
que notre besoin d’attachement peut fort bien se fixer sur des êtres virtuels,
parfois jusqu’à la déraison.
Côté sexe, la route semble plus tracée encore : à
l’heure où les sex-toys
s’achètent dans le catalogue de La Redoute et où le droit au plaisir s’affiche
à tous les coins de rue, l’obstacle ne semble pas tant d’ordre moral que
technique. Et les fabricants de love dolls
rivalisent déjà d’ingéniosité pour donner à ces poupées de silicone grandeur
nature, qui n’ont plus rien de « gonflables », l’apparence la plus
réaliste. La preuve par le Net.
En quelques clics, vous y ferez connaissance avec Brigitte,
squelette en aluminium articulé, poitrine 90 C, taille 1m67, « trois
orifices fonctionnels » (Mechadolls, France, 6
990€). Avec Andy, qui « gémit lorsque vous la caressez », et Loly (tête interchangeable), dont les yeux
« voient » grâce à son logiciel de reconnaissance de formes (First Androids, Allemagne). Avec une cohorte de Candy Girls
asiatiques – de loin les plus douces et les plus réalistes (Orient Industry, Japon). En cherchant bien, on peut même y
rencontrer Charlie, rouleur de mécanique à la peau mate, yeux bruns et taille
du pénis « moyenne » (RealDoll,
Etats-Unis).
Pour le moment, c’est vrai, ces poupées d’amour ne
passionnent que quelques milliers d’amateurs dans le monde. Des hommes, pour
l’essentiel, célibataires, au compte en banque confortable mais au cœur en
peine. Mais qu’en serait-il si ces champions du safe
sex à la peau satinée devenaient capables de se
mouvoir « naturellement » ? S’ils faisaient preuve d’initiative,
et surtout de ce « supplément d’âme » qui nous importe tant ?
C’est précisément cette évolution que prévoit David Lévy,
pour qui la question n’est pas de savoir si nous ferons un jour l’amour avec
des robots, mais quand. A l’appui de sa thèse : les progrès rapides des
recherches visant à doter ces machines de sentiments tels que l’empathie.
L’expert en intelligence artificielle en est convaincu, la prochaine étape de
leur développement sera de « répondre
aux émotions d’une personne, en émettant d’autres émotions, pour mieux
interagir avec les humains ». Pour le moment, on en est loin :
les humanoïdes les plus performants sont à peine capables de distinguer deux
individus l’un de l’autre.
Mais les Japonais, très concernés par le vieillissement de
leur population et l’aide croissante qu’il faudra leur apporter, investissent
énormément dans ce domaine. Quand à l’Union Européenne, elle finance, à hauteur de 2,5 millions
d’euros sur la période 2007-2010, le projet Feelix Growing, qui vise à élaborer des robots capables
d’interagir avec les êtres humains et de ressentir des émotions. Pour mieux
appréhender le comportement des malades ou des personnes âgées dont ils auront
la charge, ces auxiliaires de vie truffés de caméras et de capteurs sauront un
jour analyser la façon dont marche une personne, le ton de sa voix, les
expressions de son visage….Et ils pourront lui répondre de manière appropriée
pour la calmer, la guider…ou la morigéner.
Pourquoi, dès lors, ne pas imaginer mettre dans son lit,
en 2050, un androïde (automate à figure humaine)
plus vrai que nature ? L’idée en fera frémir plus d’un,
pour qui le robot le plus réaliste, même doté d’une voix de rêve
susurrant « je t’aime » au creux de notre oreille, ne remplacera
jamais un partenaire humain. Il y aurait pourtant beaucoup à gagner à ce
compagnonnage, rétorque David Lévy. Fidélité absolue, humeur constante, jeunesse éternelle… Sans
compter des performances sexuelles à toute épreuve. Programmable à volonté, ce
partenaire de choc pourrait tout aussi bien être mis « en mode
apprentissage » que partager « les positions et techniques érotiques
du monde entier ». Le tout, sans panne ni migraine.
Que deviendront le couple, la famille, si ces compagnons
artificiels envahissent le champ de l’intime ? Tromper son conjoint avec le robot
sera-t-il assimilé à l’adultère ? L’amour romantique
pourra-t-il y survivre ? A ceux qui s’inquiètent de telles perspectives,
d’autres évoquent un tout autre scénario. En 2050, affirment-ils, les enfants
pourront aisément être conçus en dehors de toute sexualité, et l’amour physique
tel qu’on le conçoit depuis la nuit des temps aura perdu une bonne partie de
son charme comparé à la réalité virtuelle. On ne fera donc plus l’amour IRL (in
real life), mais seulement par ordinateur interposé. Ou ce qui en tiendra
lieu.
A la base de cette hypothèse : les technologies « haptiques » ( haptique :
Adjectif qui désigne des
interfaces qui donnent des sensations par le toucher), qui stimulent la sensation du toucher. Une facette
de la réalité virtuelle qui n’en est qu’à ses balbutiements, mais dont les
applications dans le domaine du jeu comme dans celui de l’industrie, sont
considérables. Demain, la mère d’un enfant qui pleure pourra peut-être le
consoler, depuis son bureau, d’une caresse sur la joue. Et l’amoureux en voyage
déposer un baiser sur les lèvres de sa belle.
Et après-demain ? Supposons une combinaison ultramoulante, recouverte sur sa face interne de
microscopiques capteurs-stimulateurs. Un réseau à très haut débit acheminant
les volumineuses données inhérentes à la téléprésence
tactile. Des systèmes informatiques d’une puissance de calcul suffisante pour
traiter, en vitesse quasi instantanée, ces millions d’informations…
Il suffira alors d’enfiler cette peau
« intelligente » et de se connecter au cyberespace pour émettre et
recevoir les sensations tactiles de notre choix. De quoi goûter, d’ici à la fin
du siècle, les plaisirs d’une relation sexuelle électronique « aussi
satisfaisante que si elle était charnelle », affirme l’Américain James
Hugues, sociologue au Trinity College de
Hartford (Connecticut).
Assurément porteur, ce marché pourrait toutefois être
contrarié par un autre : celui des phéromones ( hormones de la communication), ces substances inodores émises par de
nombreuses espèces animales et que le cerveau détecte comme autant de philtres
d’amour. Si l’efficacité des phéromones humaines est prouvée- ce n’est pas
encore le cas-, si l’on parvient à les synthétiser à volonté pour les
incorporer à des parfums, ces aphrodisiaques risquent de faire fureur. Et ce ne
sont cette fois ni les robots ni les ordinateurs qui les apprécieront.
Technologies haptiques
Dans le laboratoire de
recherche en communication multimédia (MCRLab) de l’université d’Ottawa
(Canada), les chercheurs s’efforcent de transmettre, par Internet, des
sensations tactiles synchronisées avec les données audiovisuelles.. « Grâce à une interface tactile - des gants ou
un costume -, le toucher permettrait par exemple à deux internautes de se
serrer la main », explique Abdulmotaleb El Saddik, directeur du MCRLab. Pour le moment de tels outils
n’existent pas encore. Pas plus que le langage de modélisation capable de
traiter ces données.
A lire
Love and Sex with Robots : the Evolution
of Human-Robot Relationships, de David Levy. Ed.HarpersCollins
(en anglais, disponible sur Amazon.com)