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Janvier  2014

 

ENTRAÎNER ET PRÉSERVER VOTRE CERVEAU

Plus de vitalité cérébrale

 

Pr Nicolas FRANCK — Éditions Odile Jacob, 2013

 

Introduction

Portant sur un sujet très actuel, bien documenté, cet ouvrage peut présenter un intérêt concret pour bon nombre d’entre nous.

Notre contribution au travers de ce site, initié en 2005, porte sur la mise à profit
de l’Internet, dans des conditions exigeantes, en particulier pour la personne qui l’anime et pour celles qui viennent lui apporter leur collaboration.

Nous reproduisons ici les parties du livre du Pr Nicolas Franck :

-         Introduction

-         L’entraînement cognitif

-         Conclusion

 

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Introduction (de l’ouvrage)

 

Je sors du restaurant. Je me retrouve sur le trottoir et je dois reprendre ma voiture pour rentrer chez moi. Dois-je me diriger vers la droite ou vers la gauche ? M’étais-je garé rue du Président-Édouard-Herriot ou place Bellecour, comme à mon habitude ?
À moins que ce ne soit quai des Célestins, comme la dernière fois… Pourtant,
il me semble que ce n’est aucune de ces trois possibilités. Où est donc ma voiture ?
Je sais que je ne l’ai pas laissée dans un parking souterrain mais le long d’un trottoir. Lequel toutefois ? Impossible de savoir ! Je vais tenter de me remémorer le trajet qui m’a mené à la place où j’ai finalement laissé mon véhicule. Je vais essayer de me rappeler
les différentes boucles (pas trop nombreuses, sinon j’aurais probablement fini par opter pour un parking souterrain) qui m’ont permis de trouver cette place. Pas facile !

Cette situation est parfaitement banale et nous sommes nombreux à l’avoir vécue.
Sa banalité n’enlève à rien à l’anxiété que l’on peut ressentir sur le moment : peur de ne pas retrouver son véhicule, peur d’errer assez longuement à sa recherche (mon pire souvenir dans le domaine a été une recherche de quarante-cinq minutes sur un parking d’aéroport : depuis, je privilégie le tramway), mais surtout peur quant à ses capacités cognitives, c’est-à-dire les facultés qui permettent au cerveau de disposer des informations nécessaires à son fonctionnement. Cette dernière peur est la moins facile à maîtriser :
est-il normal de ne pas retrouver sa voiture ? Est-ce le symptôme d’une détérioration ? Dois-je m’inquiéter ? Comment faire pour qu’un tel incident ne se reproduise pas ?

Ce livre fait le point sur ces questions. Les difficultés que l’on peut rencontrer dans ce type de situation peuvent avoir des causes multiples : je ne me souviens pas de l’emplacement de ma voiture parce que je n’étais pas attentif lorsque je me suis garé ;
je ne me souviens pas de l’emplacement de ma voiture parce que j’ai depuis quelque temps des difficultés à me servir de ma mémoire, ou bien encore : je ne me souviens pas de l’emplacement de ma voiture parce que je n’avais pas planifié mon trajet, ayant emprunté différentes rues au hasard. La première hypothèse reflète un trouble (probablement passager) de l’attention. La deuxième hypothèse reflète un trouble de
la mémoire – est-ce que l’entourage l’a perçu ? La troisième hypothèse reflète un trouble
des fonctions exécutives.

Ce livre a pour objectif de vous familiariser avec chacun de ces aspects afin de répondre à une question : qu’est-ce qui préserve ou permet d’augmenter les performances de mon cerveau ? En effet, nous sommes tous amenés à nous poser la question angoissante du maintien ou de la perte de nos capacités au fil des années. Il est donc important de savoir ce qu’est un vieillissement normal du cerveau et ce qui lui permet de résister au mieux aux facteurs de détérioration. De manière surprenante, notre cerveau a la capacité de se modifier, de s’améliorer grâce à ce que l’on appelle la « plasticité cérébrale ».

Cette plasticité est le support efficace de la lutte contre les effets de la détérioration qui peut survenir lors du vieillissement normal ou de manière plus rapide et intense lors de maladies dans lesquelles le cerveau se dégrade (ces maladies – dont la maladie d’Alzheimer – sont appelées neuro dégénératives).

L’efficience cognitive – en d’autres termes la capacité à traiter de la manière la plus adéquate possible les informations soumises à notre cerveau – est un gage de bon fonctionnement. Bien comprendre ce qu’on lit et ce que l’on entend à la télévision ou
à la radio, non seulement contribue non seulement à l’agrément du quotidien, mais permet également d’avoir une insertion correcte dans la société. Dans tout échange,
bien comprendre ce que dit autrui est indispensable pour interagir correctement avec lui, c’est-à-dire pour avoir, au mieux, une chance de trouver et de conserver un emploi et,
au moins, la possibilité de bénéficier de loisirs collectifs. L’interaction avec autrui stimule notre cerveau. Les émotions positives – mais aussi parfois les émotions négatives –
sont non seulement le fondement de notre bien être, mais également le support
d’un apprentissage solide. Tous les modes de communication ont des répercussions positives sur le cerveau à travers la création de nouvelles voies de communication entre
les neurones et entre les différentes aires du cerveau, en favorisant la plasticité cérébrale. La clé de notre bonne santé intellectuelle se situe dans la capacité à interagir avec autrui : l’isolement est très délétère pour l’être humain.

Vous l’avez compris, ce livre traite de la capacité de l’esprit à disposer des données nécessaires pour bien fonctionner. Cela implique de pouvoir capter les informations pertinentes en y étant attentif, être apte à les retenir et d’être capable de les intégrer dans des plans d’action prenant en compte le contexte environnant.

Enfin, il est possible d’identifier les facteurs qui améliorent les capacités du cerveau et d’autres qui les altèrent. A priori, on peut penser qu’il faut faire travailler son cerveau pour en développer les capacités, comme on fait travailler ses muscles pour en développer l’efficacité. Cette analogie a-t-elle lieu d’être ? Quelles activités et quel mode de vie peuvent permettre de développer notre cerveau, de maintenir son fonctionnement optimal ou, au contraire, le conduire à se dégrader ? Avant d’aborder les facteurs extérieurs – dépendant de notre mode de vie et sur lesquels nous avons donc un contrôle – qui ont une influence sur le fonctionnement du cerveau, le début de l’ouvrage traite de facteurs sur lesquels nous n’avons, a priori, pas de contrôle. Il s’agit des effets d’un vieillissement normal ou d’un vieillissement exacerbé par une maladie neuro-dégénérative.
Considérer une évolution dont l’issue est inévitablement funeste serait absurde si nous n’avions aucune prise sur elle. Or, ainsi que le montre toute la troisième partie du livre,
ce n’est certainement pas le cas : les facteurs extérieurs – et donc notre mode de vie – conditionnent, en partie, cette évolution. Il est donc crucial de regarder en face ce qui va déterminer la qualité des dernières années de notre existence, voire de notre vie dans
son entier… Au total, les clés d’une bonne santé cérébrale sont dévoilées dans ce livre. Toutes les informations qu’il apporte sont fondées sur des données scientifiques récentes1.

 

L’entraînement cognitif : pourquoi, comment ?

 

L’entraînement cognitif consiste à pratiquer des exercices spécifiquement conçus pour améliorer les performances cognitives (sur PC, avec l’Entraîneur cérébral ou
le Coach cérébral ; ou sur Nintendo DS, avec le programme du Dr Kawashima et
Big Brain Academy, par exemple). Lorsqu’il est utilisé chez des personnes malades,
on l’appelle plutôt remédiation cognitive. Ces méthodes purement cognitives ne doivent pas être confondues avec les méthodes destinées à améliorer artificiellement
les performances cognitives à l’aide de médicaments (par exemple les amphétamines ou les médicaments destinés aux personnes souffrant de maladie d’Alzheimer), avec tous
les risques que cela comporte en termes d’effets indésirables ; autant la prise de médicaments est justifiée lorsqu’une maladie est identifiée et que leur prise peut permettre d’en réduire les symptômes, avec plus de bénéfices que d’inconvénients, autant elle doit être proscrite en l’absence d’un tel contexte.

Plusieurs études ont montré que l’entraînement cognitif et la re-médiation cognitive peuvent ralentir le déclin cognitif chez les personnes âgées, qu’elles soient atteintes de démence ou non. La mémoire, le raisonnement et la vitesse de traitement ont ainsi pu être améliorés chez des sujets âgés. Chez les personnes atteintes de démence, l’utilité de ces progrès sur le fonctionnement quotidien n’a, en revanche, pas été mise en évidence.
Elle dépend grandement des objectifs définis en amont des prises en charge. Le but
d’un tel entraînement est d’augmenter la réserve cognitive (voir première partie) afin que les lésions du cerveau s’expriment plus tardivement qu’elles ne l’auraient fait sans entraînement. Des sociétés (telles que SBT, à Villeurbanne, avec HAPPYneuron)
ont développé des exercices parfaitement adaptés à de tels besoins.

Chez les personnes ayant été victimes d’une lésion du cerveau ou présentant
un trouble psychiatrique chronique (généralement psychotique), la perspective est différente. Au lieu de lutter contre les effets (présents ou futurs) de lésions cérébrales évoluant pour leur propre compte, on va tenter de solliciter les capacités résiduelles de
la personne (celles qui n’ont pas été dégradées par la maladie ou la lésion), en tentant de corriger les effets des troubles cognitifs qui ont un retentissement quotidien sur
les personnes. L’objectif final n’est pas l’amélioration des performances cognitives pour
elles-mêmes, mais l’amélioration des performances cognitives pour augmenter les chances de réussite dans la vie quotidienne, sociale ou professionnelle. Avoir défini un objectif concret est un élément central dans ce type de traitement. La remédiation cognitive est mise en œuvre par des professionnels (psychologues, neuropsychologues, infirmiers, ergothérapeutes ou médecins) spécifiquement formés. Un diplôme d’université forme chaque année de nouveaux thérapeutes. Certains d’entre eux se sont réunis au sein de l’Association francophone de remédiation cognitive (AFRC), qui a constitué un réseau regroupant les professionnels qui pratiquent la remédiation cognitive. Ce réseau a pour objectif d’harmoniser les pratiques, en termes d’évaluation et de traitement,
gage d’une meilleure qualité de soins.

Enfin une étude de grande ampleur (11 430 participants) parue dans la revue Nature en 2010, a montré que les fonctions cognitives étaient entraînables chez les adultes non malades, mais que l’amélioration concernant une fonction cognitive donnée ne se généralisait pas aux autres. Ce résultat est en accord avec ce qui vient d’être dit au sujet des personnes malades : seul un entraînement ciblé avec un objectif concret est susceptible d’être bénéfique, même à une personne saine.  Celle-ci ne devrait entraîner qu’un secteur qu’elle ne juge pas assez performant dans son quotidien (par exemple, entraîner
sa mémoire de travail si elle ne peut pas retenir un numéro de téléphone le temps de le composer sur son clavier). À part cela, l’utilisation de logiciels d’entraînement cérébral relève du jeu, mais pourquoi bouder son plaisir si l’utilisation est plaisante ?

 

Conclusion

 

S’interroger sur les facteurs susceptibles de favoriser le fonctionnement de
son cerveau pourrait paraître a priori vain. En effet, pourquoi ne pas raisonner de
la manière suivante ? Soit j’ai la chance d’avoir un bon patrimoine cérébral, bien exploité, d’être épargné par la maladie, de vieillir dans de bonnes conditions et tout va bien ;
soit mon patrimoine est plus fragile, je n’ai pas été épargné par les aléas de l’existence et, en plus, une maladie ou un accident altère mon fonctionnement cérébral et tout va mal, mais de toute façon qu’y puis-je ? Tout cela n’est en effet que fatalité ! Quel contrôle pourrait-on bien avoir sur les conséquences de la maladie ou du vieillissement ? Il ne me reste qu’à remercier le destin dans le premier cas de figure et, dans l’hypothèse où
je rentrerais dans le second, je ne pourrais que me résigner… En réalité, les choses ne se passent pas comme cela : les situations réelles sont, au départ, plus nuancées que dans ces deux cas de figure. Nul n’est épargné par les difficultés de la vie ni par le vieillissement. En ce qui concerne les difficultés de la vie, le chapitre sur les émotions (deuxième partie du livre) nous a éclairés quant au fait que les zones du cerveau impliquées dans la mémoire (dont l’hippocampe) sont fragiles et particulièrement sensibles au stress qui entraîne des pertes de neurones et, consécutivement, un affaiblissement mnésique.
Par bonheur, ces zones sont les plus plastiques, donc les plus à même de se régénérer,
au moins en partie. Cette plasticité permet de lutter, non seulement, contre les conséquences du stress, mais aussi contre celles du vieillissement ou de la maladie.

Les facteurs susceptibles d’améliorer le fonctionnement du cerveau et
les performances cognitives sont nombreux. Nous ne sommes donc pas dépourvus face
au vieillissement et à la maladie. Les activités qui stimulent les fonctions cognitives (attention, mémoire et fonctions exécutives) sont, avant tout, la plupart des activités sociales, du moins celles qui sont riches en interactions avec autrui (la finalité de l’activité cérébrale est de permettre les échanges), mais, chaque être humain ayant besoin d’une part de solitude, également des activités individuelles stimulantes comme la lecture, la recherche active d’informations sur Internet et la pratique d’une activité physique. Comme il n’y pas de cerveau sain sans corps sain, il est également indispensable de veiller à avoir une alimentation équilibrée.

Il faut avant tout rechercher l’effort cérébral. Seule l’analyse de situations complexes peut être bénéfique au cerveau. À l’instar de la musculature, celui-ci a besoin d’être entraîné. Il faut donc persévérer dans l’effort ! Il est indispensable de ne pas sacrifier son potentiel cognitif sur l’autel de la facilité intellectuelle. Il s’agit en particulier de ne pas céder à la facilité des orthèses cognitives (informations accessibles via Internet, smartphones, tablettes, etc.), et de faire l’effort de mémoriser les informations utiles. Pourquoi, par exemple, à l’instar de cet enseignant, ne pas mémoriser les noms que l’on a à retenir et les inscrivant sur de petits cartons et en les consultant régulièrement ? Il n’y a certes pas de miracle en termes d’évolution des performances cognitives, mais en s’exerçant à l’occasion d’activités quotidiennes, celles-ci peuvent toujours s’améliorer grâce à la plasticité du cerveau. En plus des interactions sociales, la lecture et la pratique des jeux de société sont très utiles. Avoir une vie riche en activités diverses,
savoir rebondir après une période difficile et préparer sa retraite permet d’éviter l’accentuation du déclin cognitif normal. En ce qui concerne les maladies du vieillissement, pour l’instant, on ne peut pas prévenir les lésions responsables
des démences, mais on peut déjà limiter l’expression de leurs effets. Plus le cerveau est armé lorsque ces lésions apparaissent, moins elles ont d’effets visibles. Le seul facteur susceptible d’exercer un effet préventif serait continuellement une alimentation riche
en vitamine E, à travers son action antioxydante. La combinaison d’activités intellectuelles, physiques et sociales est la meilleure arme face aux effets du vieillissement.

 

1. Les références sur lesquelles il se base sont regroupées par chapitre et fournies en fin d’ouvrage.