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Juillet 2013
PARENTS HOMOS : CE QU'EN DISENT LES ENFANTS
Gaëlle DUPONT
La majorité des enfants élevés par des couples de même sexe témoigne
d'histoires sans problèmes
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26 septembre 2012 |
TEMOIGNAGES
Pierre, 10 ans, a
un papa et deux mamans. Il appelle maman " celle qui m'a fait
naître ", et l'autre, maman-Sami, du nom du héros de Scooby-doo, son dessin animé
préféré. Il ne voit que des avantages à cette situation. " J'ai
une plus grande famille ", dit-il. Trois parents, cinq
grands-parents, ça fait plus de monde pour s'occuper de lui. "
Avec une seule maman, j'irais plus souvent à l'étude ", relève le
petit garçon. Lyns, lui, a 7 ans. Il a deux papas, "
un qui dit plus oui, et un qui dit plus non ". Quand ses copains lui
demandent où est sa maman, il répond qu'elle est en Haïti, où il a été
adopté. " Et l'enfant
dans tout cela ? " est la
question la plus fréquemment posée dans le débat sur l'ouverture du mariage
et de l'adoption aux homosexuels. Bien plus que l'union de deux adultes
consentants devant le maire, c'est sa conséquence, à savoir la possibilité
d'établir un lien de filiation entre un couple de même sexe et un enfant, qui
fait débat. Les enfants élevés par des homosexuels iront-ils bien ? Le Monde a posé la question
à des personnes qui connaissent ou ont connu cette situation. Ils seraient
aujourd'hui en France de 24 000 à 40 000, selon l'Institut national d'études
démographiques. Pierre et Lyns, les deux plus
jeunes, ont été contactés par le biais de l'Association des parents gays et
lesbiens. Deux autres témoins ont déjà raconté leur histoire dans le livre de
Taina Tervonen et Zabou Carrière, Fils de... (Trans photographic press, 2011, 25 €). Tous les autres ont été recontactés
après avoir répondu à un appel à témoignages sur LeMonde.fr. Leur donner la parole ne signifie pas
qu'ils ont valeur d'échantillon représentatif. Seule une personne a fait part d'une
expérience douloureuse. C'est Anne, 41 ans, styliste, de nationalité belge.
Elle découvre l'homosexualité de son père à l'âge de 10 ans, quand ses
parents divorcent. Il est très extraverti, drague ouvertement, raconte ses
rencontres d'un soir, mais n'aborde jamais clairement son homosexualité. "
Ça aurait été bien mieux qu'il m'en parle, au lieu de faire comme si tout
était normal ", raconte Anne. La jeune femme a l'impression que son
père n'a pas été honnête envers sa famille. " Ma mère était
amoureuse de lui, mais il l'a épousée uniquement pour avoir des enfants, analyse-t-elle. Elle
a été une sorte de chose. Et nous, ses enfants, avons aussi été des
sortes d'objets. J'ai le sentiment que je n'aurais pas dû être là, dans
cette vie-là, pour lui. C'est toujours un poids. " Anne
n'exclut pas que deux personnes du même sexe puissent être de bons parents
pour un enfant adopté, " déjà là ". Mais elle
n'approuve pas la procréation médicalement assistée pour les couples de
lesbiennes (interdite en France mais autorisée en Belgique comme en Espagne),
car elle y voit une " instrumentalisation " de
l'enfant. Clément, 27 ans, développeur Web, a
justement été conçu comme cela : grâce à un donneur anonyme et un médecin de
famille compréhensif. Il a deux mères depuis toujours. Elles lui ont tout
expliqué quand il avait 8 ou 9 ans. Qu'elles s'aimaient, qu'elles avaient
décidé de l'avoir, lui et ses deux frères, comment ça s'était passé. "
On ne nous a jamais menti. Je sais bien que ma deuxième mère n'est pas ma
mère biologique, mais c'est ma mère parce qu'elle m'a élevé ",
explique Clément. Plus tard, elles lui ont proposé de passer du temps avec un
de leurs amis, qui aurait pu jouer le rôle de figure paternelle. Son grand
frère lui a suffi. Il ne s'est jamais intéressé au donneur. Le jeune homme va très bien. "
J'ai un boulot, une copine, un appart, résume-t-il. Grandir dans
une famille comme ça, c'est positif, ça ouvre l'esprit. " Il
admire ses mères : " Elles se sont battues pour nous avoir.
" " Positive " aussi,
fut l'installation de la mère de Mélanie, 18 ans, avec une autre femme, quand
la jeune fille avait 13 ans. " J'ai été très surprise, mais très
heureuse qu'elle ait trouvé quelqu'un avec qui elle avait une relation plus
satisfaisante qu'avec mon père ", dit-elle. Il était "
rigide, fermé ". Avec sa " belle-mère ",
Mélanie a retrouvé un cadre familial " serein, apaisant,
équilibré ". Elle ne voit plus son père. La figure de la
deuxième mère, qui arrive dans la vie de la mère biologique après la
séparation des parents, revient fréquemment dans ces récits. C'est toujours
quelqu'un d'important. " Elle avait plus de temps à nous
consacrer que ma mère, qui travaillait beaucoup, se souvient Ambre,
28 ans, élevée par les deux femmes dès ses 4 ans. Elle nous faisait
faire nos devoirs, s'occupait de notre culture. " " On discutait, elle m'aidait à
me poser des questions, raconte Mark, 31 ans, dont la mère a
vécu avec une femme entre ses 12 et 18 ans. J'ai toujours eu
l'impression que mon père ne m'aimait pas, qu'il m'avait abandonné. Elle m'a
aidé à surmonter cela. " Dans ces histoires, le père voit ses
enfants un week-end sur deux, parfois moins. Comme les autres, Mark dit n'avoir
rencontré " aucun problème psychologique " spécifique. "
Je me sens tout à fait équilibrée, sourit Ambre. Son Œdipe,
on le fait quoi qu'il arrive ! " Ils n'ont pas peur de l'amour
homosexuel, mais sont hétéros. Seule Mathilde, 16 ans, " ne sait
pas trop encore " où elle va. Son père et sa mère, tous deux
homosexuels, vivent sous le même toit avec leurs partenaires respectifs. "
Ça me plaît, cette façon de vivre, dit-elle. Mais la sexualité de
mes parents, ça les regarde, je ferai mon propre choix. " Tous ont été
confrontés plus ou moins frontalement à l'homophobie. Le schéma familial était le plus souvent
tu à l'extérieur. " J'étais très réservée, dit
Camille, 26 ans, élevée par deux femmes depuis qu'elle est bébé. Je
n'aurais pas apprécié d'être vue comme différente. Cacher une partie de soi,
c'est difficile. " Certains ont connu des épisodes pénibles.
Ambre se souvient de son frère " mis en quarantaine " dans
son école sans raison apparente. Clément, d'une camarade expliquant dans un
exposé que les homosexuels allaient transmettre leur " maladie
mentale " à leurs enfants s'ils étaient autorisés à adopter. Ils se disent " choqués
" quand ils entendent des propos rapprochant l'homosexualité de
la polygamie ou de l'inceste, comme ceux tenus récemment par le cardinal de
Lyon Philippe Barbarin. " C'est
honteux ! Que l'Eglise lave son propre linge !, lance Mélanie. En plus, on
parle du mariage civil, je ne vois pas ce que la religion vient faire
là-dedans. " " Ces gens ne réalisent pas que la société
change ", soupire Pablo, 30 ans, élevé par deux femmes depuis ses 4
ans. La grande majorité
attend le " mariage pour tous " avec impatience. De façon accessoire pour des raisons
pratiques. " S'il était arrivé quelque chose à ma mère, j'aurais dû
retourner vivre chez mon père, imagine Mark. Vu nos
relations, ça n'aurait pas été simple. " Pablo sait que sa
deuxième mère s'inquiète de l'absence de lien juridique entre eux, car elle
aimerait transmettre ses biens aux enfants de sa compagne. L'adoption
réglerait ces problèmes. Mais ces " enfants d'homos " espèrent
surtout que la loi fera changer le regard de la société. " Comme
ça, il sera reconnu que les homos sont égaux aux hétéros ", résume
Mathilde. Gaëlle Dupont © Le Monde Note : La loi sur le mariage pour
tous a été publiée le 18 mai 2013 |