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                                                SEPTEMBRE 2007

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UN CERTAIN AGE. ELOGE DE LA VIEILESSE

 

Alain MOREAU

 

Editions Bibliophane - Daniel Redford, Paris 2006

 

 

« Véritable hymne à ce qu’on appelle « un certain âge », ce livre nous délivre un message. Affranchie des nécessités de la vie, des contraintes de la production et de la reproduction, la vieillesse est éminemment  le temps de la liberté. Alors, oui pour peu que nous continuions à faire fonctionner nos neurones, vieillir peut et doit être une joie ! », 4ème page de couverture.

 

Pour évoquer cet ouvrage, nous allons directement à son chapitre VI, page 174, du côté des poètes.

 

Pourquoi des poèmes ? Parce qu’ils donnent à voir, à sentir, à éprouver, d’emblée ce que notre instinct peine parfois à rendre intelligible. Un vers bien tourné est c’est toute l’imagination qui s’éveille, toute la sensibilité qui entre en vibration. Et puis le poète, par des voies détournées, s’approche parfois de plus près de la réalité que le philosophe…
Voici un florilège des « éloges de la vieillesse »…. (Ici, à titre d’exemples de ceux contenus dans le livre)

 

 

Page 182

Boulay – Paty

(Ou le temps vaincu)

 

En vain mon œil s’éteint, mes pas sont haletants,

En vain ma tempe est blanche, et ma taille affaissée,

En vain ma joue est creuse et ma voix est cassée

En vain l’âge est venu, je ne crois pas au temps.

 

Je crois à ma durée, et non à ses instants ;

Ce qui détruit mon corps fait fleurir ma pensée ;

Un soleil luit sous l’ombre et quand l’ombre est glacée,

La source est toujours là : je l’écoute et je l’entends.

 

Je sens que je deviens jeune dans ma vieillesse,

Brûlant dans ma froideur et fort dans ma faiblesse,

Et que la maladie est pour moi la santé

 

Je sens sous le vieil homme exister une vie

Qui même par la mort ne peut m’être ravie,

Et, mourant, je suis plein de mon éternité.

(Victoire sur le corps périssable)

 

 

Page 183

Victor Hugo : Booz endormi

(Rayonnement de la vieillesse)

 

Sa barbe était d’argent comme un ruisseau d’avril.

Sa gerbe n’était pas avare ni haineuse.

 

Booz était bon maître et fidèle parent

Il était généreux, quoiqu’il fût économe.

Les femmes regardaient Booz plus qu’un jeune homme,

Car le jeune homme est beau mais le vieillard est grand.

 

Le vieillard, qui revient vers la source première,

Entre eux jours éternels et sort des jours changeants ;

Et l’on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,

Mais dans l’œil du vieillard on voit de la lumière.

 

 

Page 186-187

Victor Hugo, dans l’art d’être grand-père

(Et voici un poème d’amour fou, vraiment, si loin du « gentil papy »)

 

Ma Jeanne, dont je suis doucement insensé,

Etant femme, se sent reine ; tout l’ABC

Des femmes, c’est d’avoir des bras blancs, d’être belles,

De courber d’un regard les fronts les plus rebelles,

De savoir avec rien, des bouquets, des chiffons,

Un sourire, éblouir les cœurs les plus profonds,

D’être, à côté de l’homme ingrat, triste et morose,

Douces plus que l’azur, roses plus que la rose ;

Jeanne le sait ; elle a trois ans, c’est l’âge mûr :

Rien ne lui manque ; elle est la fleur de mon vieux mur,

Ma contemplation, mon parfum, mon ivresse ;

Ma strophe, qui près d’elle a l’air d’une pauvresse,

L’implore, et reçoit d’elle un rayon ; et l’enfant

Sait déjà se parer d’un chapeau triomphant,

De beaux souliers vermeils, d’une robe étonnante ;

Elle a des mouvements de mouche frémissante ;

Elle est femme, montrant ses rubans bleus ou verts,

Et sa fraîche toilette, et son âme au travers ;

Elle est de droit céleste, et par devoir jolie ;

Et son commencement de règne est ma folie.

 

(Publié à soixante-quinze ans

 

 

Page 191, 192, 193

Bigaro Diop

 

(Les morts sont vivants)

 

Ecoute plus souvent

Les choses que les êtres,

La voix du feu s’entend,

Entends la voix de l’eau.

Ecoute dans le vent

Le buisson en sanglot :

C’est le souffle des ancêtres

 

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis

Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire

Et dans l’ombre qui s’épaissit,

Les morts ne sont pas sous la terre

Ils sont dans l’arbre qui frémit,

Ils sont dans le bois qui gémit,

Ils sont dans l’eau qui coule,

Ils sont dans l’eau qui dort,

Ils sont dans la case, ils sont dans la foule

Les morts ne sont pas morts.

 

Ecoute plus souvent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Page 202

GUILLEVIC

(Poème tiré de « Quotidienne », écrits en 1995, à quatre-vingt-huit ans)

 

(Accompli avec le monde)

 

Autrefois,

Quand j’étais gamin,

Je me sentais étranger au monde,

C’était

Comme si je n’en étais pas-

 

Et je me suis appliqué

A m’incorporer à ce tout.

 

Maintenant où s’approche ma fin,

Et je le sais, je le vis,

 

Maintenant

Je n’ai plus d’effort à faire

Pour sentir pleinement le monde

Seconde après seconde.

 

Il est là, je suis en lui

Je suis à lui.

En lui je me plais.

 

(Avantage de l’âge)