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ÉDITH PIAF

VOS PLUS BEAUX

SOUVENIRS

 

Le 10 octobre 1963, Édith Piaf s’éteignait à 47 ans, épuisée par une vie extraordinaire. Son public ne l’a pas oubliée et elle continue à fasciner les nouvelles générations. Pour le 50e anniversaire de sa disparition, nous avons voulu
lui rendre hommage en faisant appel
à votre mémoire.

Témoignages au fil de sa vie et de vos propres souvenirs.

FLORENCE MONTEIL, AVEC LES LECTEURS DE NOTRE TEMPS

 


1915-1934

L’ENFANT DES RUES

« Je suis née le 19 décembre 1915, à 5 heures du matin, à Paris, au 72 de la rue de Belleville. Ou, plus exactement, devant le 72… », raconte Édith Piaf dans son autobiographie, Au bal de la chance, publiée en 1958*. Enfant de la rue dès sa naissance ? Elle se plaisait à le laisser croire, en tout cas, et cela cadre avec son enfance misérable dans la maison close de sa belle-mère paternelle et sa vie d’artiste itinérante avec son père qui la fait chanter dès l’âge de 7 ans. En 1930, elle prend son indépendance, tombe amoureuse de Louis Dupont, dont elle aura une fille, Marcelle, décédée en juillet 1935 d’une méningite. « Manquer d’argent, c’est ennuyeux mais ce n’est pas grave. Ce qui l’est davantage, c’est de ne plus avoir le goût de vivre », écrit-elle. À 20 ans, elle en a déjà fait la douloureuse expérience…

 

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Édith Gassion, dite Piaf, entre son père Louis Gassion et l’une de ses belles-mères, vers 1925.

* Réédité en 2003 aux éditions de l’Archipel. Toutes les citations d’ Édith Piaf dans cet article sont tirées de cette autobiographie.

 

1935-1948

L’INCONNUE DEVIENT UNE STAR

À l’automne 1935, elle est découverte dans la rue par Louis Leplée, gérant du cabaret Le Gerny’s, sur les Champs-Élysées, qui la rebaptise « la môme Piaf ». En 1936, elle enregistre son premier disque, Les Mômes de la cloche. Le succès est immédiat. Mais l’assassinat de Leplée, dont elle fut un temps accusée, ralentit son ascension. En 1937, elle revient en force sur la scène parisienne. En 1940, elle triomphe dans Le Bel Indifférent, une pièce écrite pour elle par Jean Cocteau. L’année suivante, elle débute au cinéma dans Montmartre-sur-Seine, de Georges Lacombe. Sous l’occupation nazie, Édith Piaf aide la résistance. Elle contribue aussi à l’évasion de prisonniers français en Allemagne lors de tournées dans les camps : « L’occasion se présentait d’aider quelques uns d’entre eux à préparer leur évasion. Chaque fois, après mon tour de chant, j’ai distribué des autographes, des cigarettes et de menus cadeaux, moins licites, mais autrement précieux : des boussoles, des cartes et des papiers aussi faux que parfaitement en règle. »

En 1945, Piaf écrit l’un de ses premiers titres : La Vie en rose. Une star est née. Elle joue à la Comédie-Française, s’éprend d’Yves Montand. En 1946, elle rencontre Les Compagnons de la chanson avec lesquels elle interprétera Les Trois Cloches. En 1948, alors qu’elle est en tournée triomphale à New York, elle vit la grande histoire d’amour de sa vie avec le boxeur français Marcel Cerdan, pour lequel elle écrit L’Hymne à l’amour.

1949-1960

LA VIE EN NOIRE

Le 28 octobre 1949. Cerdan meurt dans un accident d’avion. Anéantie par une polyarthrite aiguë, Édith Piaf prend,
pour calmer sa douleur, de fortes doses de morphine. Elle installe dans son hôtel particulier les trois enfants de Marcel Cerdan et leur mère, Marinette. Son état reste cependant si dégradé qu’elle se voit  refuser des rôles. En 1951, le jeune Charles Aznavour devient son « homme à tout faire » : secrétaire, chauffeur et confident. Il lui écrit aussi des chansons : Plus bleu que tes yeux, Jezebel En 1953, elle entame une cure de désintoxication et reprend ses tournées dans sa célèbre robe noire, qu’elle évoque avec tendresse : « Ma robe de scène, ma petite tenue noire que j’appelle mon uniforme, ne change pas. Je l’ai étrennée lors de mon premier passage à Bobino et si elle a été refaite bien des fois, elle n’a pratiquement pas bougé. Je ne veux pas que mon apparence distraie le spectateur. »

En 1958, elle enregistre Milord, écrite par son compagnon d’alors, Georges Moustaki. Son bonheur est de courte durée… Un grave accident de voiture accroît son mauvais état de santé et sa dépendance à la morphine. En 1959, elle s’effondre sur scène, à New York.

 


 

 

TOUTE PETITE, ELLE CHANTAIT

DANS LES RUES D’ANNECY »

DANIELLE MARÉCHAL AIX-LES-BAINS (SAVOIE)

« Maman a connu Édith Piaf dans les

années 1920. elle était venue à Annecy

avec son père. Ils avaient été hébergés

chez mes grands-parents, qui recevaient

des personnes démunies. Toute petite,

Édith chantait dans les rues d’Annecy

pendant que son père faisait des

acrobaties. Mon oncle les accompagnait

au violon, maman faisait la quête.

Ma mère me montrait souvent une photo

d’ Édith Piaf enfant, rangée précieusement

dans son armoire. En 1961, Édith donna

un concert dans notre ville. J’ai voulu y

emmener maman mais elle n’appréciait

pas l’alcoolisme d’ Édith et n’a pas voulu

aller la voir. J’ai su par la suite que, ce

jour-là, le concert avait été exceptionnel !

Sur un côté de la tombe d’ Édith est inscrit

le prénom de la petite fille qu’elle avait

perdue très jeune : Marcelle, le même

prénom que ma mère ! »

 

 

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Octobre 1947, gare Saint-Lazare, à Paris. Édith Piaf (au centre) et Les Compagnons de la chanson se rendent au Havre, où ils embarqueront pour une tournée de cinq mois aux Etats-Unis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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AU PROGRAMME : ÉDITH

ET LES COMPAGNONS

DE LA CHANSON »

JEANNE PERRAUD CALUIRE (RHȎNE)

« C’était en septembre 1947, j’étais jeune mariée

et mon mari me faisait découvrir Paris.
Entre autres merveilles, je me souviens d’un spectacle à L’Alhambra avec, au programme,
Édith Piaf et Les Compagnons de la chanson,
Luc Barney, les duettistes Roche et Aznavour.
Nous avons été fascinés par la présence de Piaf.
Toute petite dans sa robe noire, elle avait l’air fragile, et puis, soudain, cette voix si prenante ! Quand je revois Aznavour, qui a si bien vieilli, je me rappelle encore avec émotion de ce spectacle. »

 

 

 

 

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En 1958, la chanteuse et Georges Moustaki,
son compagnon d’alors, sur la plage de Deauville.

 

ÉDITH PIAF MARCHAIT

DIFFICILEMENT

ANNE KERLIGEAUX

SAINT-VICTOR-DE-CESSIEU (ISÈRE)

« J’ai assisté à un concert d’ Édith Piaf en 1958, à Paris. La salle était comble. J’avais 19 ans. Nous étions en groupe et après le concert, nous sommes allés dans les coulisses pour avoir
un autographe. J’avais bien remarqué lors du concert que Piaf marchait difficilement mais elle restait très émouvante,
une présence surprenante. Édith est arrivée. Elle se déplaçait  très lentement, ses pieds glissaient sur le sol. Nous avions l’impression qu’elle ne savait pas les soulever. Le cheveu rare, avec un sourire un peu crispé et douloureux, elle s’est dirigée vers nous malgré
les conseils de son entourage. Elle semblait épuisée mais elle a pris nos programmes et les a signés. J’ai toujours le mien. Nous nous demandons comment elle tenait debout et surtout, comment,
de cette petite femme épuisée avait pu sortir une heure plus tôt cette voix, cette force… Malgré sa fatigue, elle a tenu à nous faire plaisir. Elle ne nous a dit que quelques mots, a signé, puis s’est éloignée. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1961-1963

LA FIN

« Chanter des chansons, c’est le plus beau métier du monde. Je doute qu’il existe joie plus intense, plus complète, que celle de l’artiste conscient d’avoir, avec quelques refrains, transmis à ceux qui l’écoutent un peu de sa richesse personnelle », écrit Édith. Et nous comprenons pourquoi elle est restée sur scène jusqu’à son dernier souffle.

En 1961, elle donne des concerts à l’Olympia pour renflouer les caisses de son ami Bruno Coquatrix. Elle interprète notamment Non, je ne regrette rien, que Charles Dumont et Michel Vaucaire viennent d’écrire pour elle. Le 9 octobre 1962, elle épouse Théo Sarapo, un chanteur grec de vingt ans son cadet, qui monte sur scène avec elle. Un an plus tard, presque jour pour jour, elle meurt d’une rupture d’anévrisme. Elle est enterrée à Paris, au cimetière du Père-Lachaise (dans la division 987).

 


 

 

NOUS AVONS ÉTÉ TÉTANISÉS

PAR SA VOIX »

JEAN VALLÉE PITHIVIERS (LOIRET)

« Nous avons vu Édith Piaf à l’Olympia, en 1961. Nous étions

tout près de la scène, le spectacle a commencé et nous avons

vu apparaître un petit bout de femme avec une voix formidable.

Nous avons été tétanisés par sa voix, je m’en rappelle toujours…

Hélas, deux ans plus tard, Piaf disparaissait. »

 

 

QUEL PETIT BOUT DE FEMME

À CȎTÉ DE THÉO SARAPO »

CLAUDINE MEHAHEZE LOCMINÉ (MORBIHAN)

« En 1962, j’ai vu Édith Piaf sur scène. Quel petit bout

de femme à côté de Théo Sarapo. Ils ont chanté en duo.

Elle paraissait encore plus petite dans sa robe noire

et quelle voix ! Une image inoubliable. »

 

 

 

DEUX MOIS PLUS TARD, NOUS

APPRENIONS SA DISPARITION »

SIMONE BRUNET BRIVE-LA-GAILARDE (CORRÈZE)

« En août 1963, nous sommes allés voir Édith Piaf à Canet Plage.

C’était son dernier tour de chant, avec Théo Sarapo. Titubante,

Portée sur scène, elle tenait à peine debout. Mais sa voix était

intacte, l’émotion aussi. L’image qui m’est restée, c’est leur

interprétation de À quoi ça sert l’amour. Théo était grand, fort,

jeune, beau… Édith usée, fatiguée, squelettique et malgré tout

souriante. Deux mois plus tard, nous apprenions sa disparition. »

 

 

AUTOUR DE LA MȎME

 

L’anniversaire de la disparition d’ Édith Piaf

suscite la parution de livres, de disques

et de spectacles. Voici notre sélection.

OLIVIER CALON

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UN LIVRE

ÉDITH PIAF, présentée

Par Charles Dumont

Compositeur, entre autres,

des Amants et de
Non, je ne regrette rien, Charles Dumont a côtoyé de très près la chanteuse à laquelle il voue une profonde admiration.

Ce livre hommage magnifiquement illustré

réjouira tous les passionnés de Piaf. Des paroles de

chansons et une partition originale complètent ce livre album.

Éd. Flammarion, 286 p., 300 photos, 35 €.

Sortie : 25 septembre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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UN CD

ÉDITH PIAF, THÉO SARAPO,

CHRISTIE LAUME

Ce coffret de 3 CD réunit trois artistes

d’une même famille : la chanteuse

Christie Laume, sœur de Théo Sarapo,
qui fut le dernier mari de Piaf. Le CD1

contient 20 grands standards d’ Édith Piaf ; le CD2, l’intégralité du récital donné à Bobino en 1963 par la chanteuse et Théo Sarapo ; le CD3 des interprétations de Théo Sarapo et de Christie Laume. Un document rare

 

 

 

Parlophone, 18 €.

 

UN SPECTACLE

CHARLES DUMONT

donnera trois récitals en

hommage à Édith Piaf.

Il sera entouré d’invités exceptionnels.

Du 18 au 20 octobre

à l’Espace Cardin, à Paris.
Tél. 01.42.66.69.20.

 

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ELLE ÉTAIT TOUTE MENUE, VÊTUE

DUNE ROBE NOIRE TRÈS ÉTRIQUÉE »

JEANETTE LAVEISSIERE

SAINT-NAUPHARY (TARN-ET-GARONNE)

« Dans les années 1950, au cours d’un voyage à Marseille, je suis allée à L’Alcazar avec ma sœur pour voir Édith Piaf. Quand nous sommes

arrivés, la salle était déjà comble. Tout le monde bavardait. Soudain, le rideau s’est ouvert et les gens se sont mis à taper des pieds, certains sifflaient même. J’avais 17 ans, c’était mon premier concert !

J’étais ébahie d’entendre tout ce bruit. Enfin, elle est arrivée. Elle était toute menue, vêtue d’une robe noire très étriquée. Elle paraissait minuscule sur ce grand plateau. Elle ressemblait à une petite fille avec ses cheveux courts bouclés. Elle avait l’air embarrassé de se trouver là. Son surnom, « La môme », lui allait comme un gant ! Je me souviens avoir dit à ma sœur : « C’est cela la célèbre Piaf ? Il y avait un seul musicien caché derrière le rideau et lorsque les premiers accords ont retenti, un silence religieux s’est fait. Quand, de sa voix rauque, elle a entamé la première chanson, j’ai été sidérée d’entendre une voix
si puissante venir  du fond des tripes, de ce petit bout de femme
d’1,50 m. Après chaque chanson, la foule applaudissait, hurlait, sifflait à tout rompre. J’étais sur un nuage. Jamais plus aucun autre chanteur ne m’a fascinée comme elle. »

 

Mot de Henri Charcosset, retraité, abonné à la Revue, webmaster bénévole de ce site :

 

 http://bien.vieillir.perso.neuf.fr/

 

  http://bien.vieillir.perso.neuf.fr/collaborer-web-insertion-active.htm

 

Cette contribution de Notre Temps à l’histoire d’Edith Piaf, avec  les témoignages de personnes l’ayant vue de son vivant, mérite nos remerciements et félicitations ! : http://www.notretemps.com/