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«POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,trimestriel GIPHV.N°9;07.2006
Editeur :Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr
Site web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm
0 810 47 47 88 : « DU CŒUR A L’ECOUTE DES PLUS DE 50
ANS »
Diane et Hélène( Prénoms)
Diane Angles:
coordinatrice aux Petits Frères des Pauvres de l’action d’écoute à Lyon
Hélène:
bénévole écoutante depuis 2003
Aujourd’hui,
si les Petits frères restent à l’écoute des personnes de plus de 50 ans tous
les après midi de 15h à 18h, dans la même éthique qu’auparavant, le nom d’
« Ecoute Amitié » a disparu pour laisser place à « Du cœur à l’écoute».
Notre esprit
d’écoute, que détaille très bien Hélène ci dessous, a été intégralement
préservé, et l’expertise développée par les équipes d’Ecoute Amitié au fil des
années a constitué une base solide pour l’harmonisation des pratiques d’écoute
et la mise en place d’une plate forme nationale d’écoute avec un numéro Azur,
intitulée « Du cœur à l’écoute des plus de 50 ans ».
Le N° Azur
permet à toute personne se sentant isolée, où qu’elle se trouve sur le
territoire national, d’appeler au prix d’une communication locale les écoutants
de Grenoble, Paris ou Lyon.
Les
répercussions de ces bouleversements (passage d’un numéro local à un numéro national, changement de nom, etc…), en particulier les évolutions rendues nécessaires
par l’extension de l’action, seront explorées prochainement.
Témoignage,
par Hélène
0 810 47 47 88 : c’est le numéro Azur mis à la disposition du public par l’association les petits frères des Pauvres. Public de plus de 50 ans, vivant dans l’isolement et bien souvent la précarité. Grand âge, ruptures de la vie sociale, solitude, amènent les personnes à rechercher un interlocuteur qui accepte leur parole, sans juger, respecte leur désir d’anonymat et les accueille amicalement.
Les personnes nous ont pris nous, les écoutants,
pour confidents. Cependant, si nous consentons à livrer un peu de leurs confidences,
nous ferons en sorte qu’elles ne puissent pas se reconnaître. Et si nous
parlons d’elles, c’est parce que nous sentons la nécessité d’attirer
l’attention sur des situations critiques le plus souvent cachées. Les prénoms
sont justes, les paroles aussi, mais pas forcément la bonne parole avec le bon
prénom !
Nous les écoutants, face à un
numéro de téléphone accessible à tous, nous
sommes dans l’attente de l’Inconnu qui
va appeler.
Veut-il rester anonyme ?
C’est sa liberté. « Etre anonyme
permet de confier ce que je ne pourrais pas vous dire en face. Ou « J’ai besoin de parler de ce que ma
famille doit continuer à ignorer … » Suit à ce moment-là
l’évocation d’une blessure d’enfance.
De quel sujet veut-il parler
? C’est son choix : sa vie présente, sa vie passée, l’actualité du monde qui
pèse et l’assaille ….
Pour quelle raison
choisit-il d’appeler maintenant et
aujourd’hui ?
Parce que l’isolement doit être cassé, la solitude rompue : Mme Alice : je ne peux plus sortir, mon aide ménagère est malade, je ne
reçois pas de visites, je n’ai pas parlé depuis deux jours … sans
paroles, pas d’échanges, et sans échanges, c’est la mort sociale.
Pourquoi le téléphone ?
Parce que c’est un outil
qu’on a sous la main, prêt à tout moment.
Parce qu’ils savent, les
appelants, trouver quelqu’un à qui ils vont pouvoir dire.
Parce que c’est une rencontre sans préparatifs vestimentaires ni mise en scène du cadre de vie (contrairement à ce que rapportent les Visiteurs des Petits Frères reçus au domicile ).
Parce qu’ils ne pourront pas
être jugés sur un physique peut-être ingrat (Comment vous m’imaginez ? Je suis grosse à faire peur …. Julienne)
Parce qu’ils ne sont pas
obligés d’être situés socialement et géographiquement. Une adresse dans un
quartier ou dans un autre, dans une rue ou une autre, a déjà une connotation
sociale.
Quel est pour eux le bénéfice de cet échange par téléphone ?
D’après ce qu’ils nous
disent souvent avant de raccrocher : « Ca
va mieux » et ils ajoutent « Merci ».
Dans la vie ardue de ces personnes pour qui la
petite chose quotidienne devient lourde par suite de la santé, d’un certain
épuisement moral, de la lassitude d’une longue vie, de difficultés
psychologiques, ils ont reçu la sympathie qui permet de supporter et
l’encouragement qui fait faire encore un pas ….
A être écoutés pour ce
qu’ils disent, ils se sentent valorisés et se retrouvent importants à leurs
propres yeux. Ils peuvent redécouvrir la trame d’une vie que les hauts et les
bas ont pu avoir tendance à désarticuler.
Ils se sentent faisant partie d’un ensemble, d’un
groupe qu’à la limite ils se choisissent comme famille : « Vous êtes bien plus proches de moi que ma
famille » parole de Céline qui appelle presque toutes les
semaines. Avec vous je peux parler
alors qu’en famille je passe pour rien (Marie) …. Vous en savez bien plus de
moi que ma famille, où on me fait sentir que je suis une tache :
célibataire, sans enfant, au chômage ...
Et nous, que
percevons-nous ? Dans le premier appel, quelqu’un qui tâtonne pour savoir
jusqu’où il peut parler (Mme L. : On
m’a donné votre n° de téléphone. On m’a dit que vous êtes là pour parler quand
on s’ennuie … J’ai 91 ans et comme je
viens d’avoir un petit accident cardiaque, j’ai pas la
permission de sortir. Alors qu’est-ce que je vais vous dire ? )
Mme
D. : C’est le n° 0.810.47.47.88 ? Est-ce que vous acceptez qu’on vous parle de
problème d’argent ? On me demande 547 € pour réparer ma chaudière ...
C’est en général une entrée
en matière directement liée à la grosse préoccupation du moment.
« Il faut que je dise à quelqu’un que ma vie ne me
convient pas … » Cette dame
est restée anonyme.
Et puis il y a les
appelants réguliers, récidivistes, qui par la multiplication de leurs
appels, ont repéré les dispositions du planning des écoutants : (Mais on est bien samedi aujourd’hui, votre
jour à vous c’est le mardi ….). Du côté des écoutants, il faut alors
avoir l’oreille exercée pour identifier sans se tromper cet appelant : bien
entendu il ne s’annonce pas - cette
identification est signe qu’il est reconnu et qu’il bénéficie de la chaleur du
groupe qui l’a accepté. Et de ces appelants-là on construit l’histoire au fur
et à mesure qu’ils nous la donnent à entendre : célibataire cette demoiselle. Elle a 73 ans, elle a d’abord vécu auprès
de ses parents. Qui sont morts depuis quelques années. Elle a continué à vivre
dans leur maison devenue co-propriété à elle et à sa sœur. Elle a passé une grande
partie de sa vie auprès du couple de sa sœur, et ne dispose plus dans cette
maison que d’une petite chambre éclairée par un vasistas … Ce n’est pas
auprès de son entourage qu’elle peut exhaler cette plainte.
Mais d’autres ont tout
simplement besoin de parler, sans rien
avoir à demander : M. Michel nous
tient au courant de ses semis de printemps ces jours-ci et du transfert des
plants des châssis aux plantations du jardin. Il parle aussi avec des mots de
plaisir de son massif de tulipes jaunes et rouges, toutes de la même hauteur.
Mme
D. se remet à faire de grandes sorties à l’extérieur de sa maison de retraite
et allonge petit à petit la durée de ses ballades.
Rose-Marie retrouve l’usage de ses pinceaux et de ses couleurs après une longue éclipse de l’inspiration.
Un jour, ils cessent
d’appeler, ou donnent de leurs nouvelles une fois en passant : Je vais bien maintenant ...
Parmi les appelants, nous
comptons une grande majorité de
personnes qui ont rencontré des problèmes psychologiques, ou qui les ont encore
et sont en relation avec un psychiatre, un psychothérapeute. Dans leurs
conversations, il y a souvent la vérification
que leur comportement est dans la norme : Liliane tantôt nous annonce un achat inconsidéré de pâtisserie, mais il
lui arrive aussi d’annoncer son triomphe de la tentation, et même qu’elle a
résisté à son envie d’un nouveau
vêtement. Elle a maîtrisé ce jour-là son besoin de dépenser l’argent qu’elle
n’a que de façon très parcimonieuse. C’est d’ailleurs un problème
récurrent qu’elle débat avec sa curatrice.
Mais aussi « qu’est-ce que
vous pensez de ce que je pense ? Est-ce que j’ai bien fait ? » Notre
appui et notre encouragement lui sont nécessaires presque au quotidien !
Etre écoutant, c’est parfois percevoir la diminution d’autonomie et la baisse d’énergie. L’équipe garde
la relation en prenant l’initiative de l’appel téléphonique après en avoir fait
la proposition à l’appelant, et s’appuie sur la vigueur et la diversité des
actions de l’association pour envisager d’autres accompagnements : visites à
domicile, séjour de vacances, accueil de jour, un repas ou un colis à Noël ….
Demain, quand le téléphone
sonnera, seul dans le petit bureau, un inconnu recevra d’un autre inconnu un
morceau de vie et de confiance, et un
appel à la fraternité auquel il s’efforcera de répondre, dans le respect de
cette personne unique qui lui fait l’honneur de s’adresser à lui.
Référence 1 :
Stéphanie Monciaud
(2006)
Pour nous joindre :
Par mail : frat.lyon@petitsfreres.asso.fr
Par courrier : Action
d’écoute au téléphone
Les Petits Frères des Pauvres
2 rue Saint Gervais
69008 LYON
Ou… par téléphone ! 04
72 78 52 52
Site web : www.petitsfreres.asso.fr