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Janvier 2014
NOTRE AGE, C’EST AUSSI DANS LA TETE !
DR
Olivier De LADOUCETTE
Notre
Temps, Novembre 2013
Pourquoi,
lorsque nous passons le cap des 70 ans, avons-nous le sentiment d’en avoir
toujours 60 ?
Signe
de bonne santé ou peur de vieillir ? Avons-nous vraiment l’âge de nos
artères, ainsi que nous le disons couramment, ou celui que nous donnons dans
notre tête ?
Réponses
du docteur Olivier de Ladoucette*, psychogèriatre.
PROPOS
RECUEILLIS PAR Frédérique ODASSO
Notre Temps : Est-il
normal de ressentir un décalage entre l’âge que nous pensons avoir et celui que
nous avons réellement ?
DOCTEUR OLIVIER DE LADOUCETTE La première chose importante à préciser, c’est que
pour chaque individu il n’y a pas un seul mais deux âges ! D’un côté,
l’âgé réel ou chronologique, celui de l’état civil, déterminé par la date de
naissance et de l’autre, l’âge ressenti ou subjectif, défini par différents
facteurs.
Comment définir l’âge ressenti et
varie-t-il d’un individu à un autre ?
L’âge ressenti
se décompose en trois sous-groupes d’âges : social, physiologique et
psychologique. Tout d’abord l’âge social,
celui que la société nous donne, possède une géométrie variable selon
l’environnement où nous nous trouvons. Ainsi dans l’univers professionnel, une
personne évoluant dans la mode ou un trader en bourse sont considérés comme «
vieux », voire « périmés », à partir de 40 ans. En revanche, un sénateur est «
jeune » à 60 ans ! Et puis nous vivons une époque où de nombreux repères temporels
ont été bouleversés ! Aujourd’hui, à 40 ans, les gens reprennent
études, démarrent un nouveau métier, reconstruisent leur vie. À 50 ans, ils se
remarient. Et certains hommes n’hésitent pas à redevenir père à 60 ans… L’âge
social n’a vraiment plus rien à voir avec l’âge réel d’une personne !
Même chose pour l’âge
physiologique ? N’avons-nous pas l’âge de nos artères ?
L’âge physiologique, qui est celui du corps, diffère tout autant selon les individus.Certains octogénaires semblent tout juste
afficher 65 printemps tandis que d’autres,la
barre des 70 à peine passée, paraissent en avoir 10 de plus ! Il n’y a pas
de règles. Cela dépend à la fois du mode de vie, un peu des gènes mais aussi
des accidents de la vie,des
maladies qui peuvent survenir plus spécifiquement à partir de 50 ans et qui
entraînent un vieillissement prématuré de certaines personnes.
Ce principe s’applique-t-il également à
l’âge psychologique ?
Tout à
fait ! L’âge psychologique
dépend aussi de l’exercice que l’on mène et de la relation que nous avons aux
autres. À titre d’exemple, une femme de 52 ans qui franchit le cap de la
ménopause, abordera ce passage plus sereinement si elle partage sa vie avec un
compagnon aimant et fidèle. A contrario, le fait d’avoir un conjoint qu’elle
soupçonne de pouvoir la quitter pour une femme plus jeune ne fera qu’ajouter de
l’instabilité aux questionnements soulevés par les bouleversements de la
ménopause. De même, la relation à l’âge mental n’est pas la même pour un senior
selon qu’il reste alerte intellectuellement ou qu’il souffre de troubles de la
mémoire. C’est donc la résultante de ces paramètres – âge social- âge
physiologique + âge psychologique qui détermine l’âge subjectif.
L’âge ressenti est-il toujours différent
de l’âge réel ?
5-10 ANS. C’EST LA DIFFÉRENCE ENTRE L’ÂGE CHRONOLOGIQUE ET
L’ÂGE SUBJECTIF À PARTIR DE 50 ANS.
Dans la grande
majorité des cas, le différentiel entre âges subjectif et chronologique existe
toujours mais s’articule différemment en fonction des époques de la vie. Entre
12 et 18 ans, l’adolescent veut se vieillir. Devenu adulte, cela lui va bien,
jusqu’à 30 ans, de faire plus ou moins son âge. Ensuite, à mesure qu’il avance
vers la cinquantaine, l’écart entre âge réel et âge ressenti grandit et il se
pense toujours plus jeune dans sa tête qu’il ne l’est réellement. À partir de
50 ans, ce différentiel varie entre cinq et dix ans. Cette moyenne est un
indice assez évocateur de l’état général d’un individu. Il n’y a rien d’anormal
à ce qu’un senior de 68 ans ait l’impression d’en avoir 60. Bien au contraire,
c’est un signe de bonne santé générale. Rester jeune, c’est avant tout dans la
tête ! Par contre, lorsqu’une personne de
65 ans pense avoir réellement l’âge consigné sur son état civil, cela ne laisse
rien présager de bon et peut induire qu’elle ne va pas bien moralement et
physiquement. Pire si elle pense avoir 67 ans ! À moins d’être très malade
ou de traverser des épreuves terribles, il est somme toute très rare d’avoir cette
perception négative de son âge. La plupart des gens estiment faire plus jeunes
que leur âge.
Se considérer à 70 ans comme une
personne de 55 ans, est-ce cela « bien vieillir » ?
La différence
entre âge chronologique et âge subjectif, après 50 ans, est un phénomène assez
récent, qui s’est creusé et a pris de plus en plus d’importance. D’où ce
différentiel de 5 à 10 ans, à partir de 50 ans, comme je l’ai dit auparavant,
entre âges ressenti et réel. Aujourd’hui, la plupart des septuagénaires se
trouvent dans le même état de santé que des sexagénaires, il y a quinze ans.
Une bonne nouvelle et la preuve que nous vieillissons de mieux en mieux et nous
sentons jeunes de plus en plus longtemps ! Mais une distorsion trop
importante, qui dépasse 10 ans, n’est pas
toujours bon signe. Elle peut signifier un trouble de l’appréciation et une
volonté de se rassurer. Cette difficulté à accepter son âge réel peut découler
de la pression jeuniste
exercée par notre société qui engendre chez certaines personnes une véritable
peur de vieillir qui n’a rien à voir avec le « bien vieillir » !
Âge réel et âge ressenti finissent-ils
par se rejoindre ?
À partir de 80
ans, même s’il continue d’opérer, l’écart entre âges subjectif et chronologique
se réduit. Si le septuagénaire jubile de passer pour un sexagénaire, à 80 ans,
il est aussi heureux d’en paraître cinq de moins. Ce n’est qu’aux abords de la
centaine, à partir de 95 ans, que les personnes ont tendance à accepter
vraiment leur âge. Il n’y a plus de différence entre le chronologique et le
subjectif. Les gens se rapprochent de la centaine, ce qui n’est pas donné à
tout le monde. Ils en sont fiers et ils le montrent. Il n’est pas rare, à ce
moment, de voir ceux qui ne fêtaient pas leur anniversaire depuis des
décennies, se remettre à souffler les bougies. Preuve que le rapport à l’âge
dépend à la fois de l’âge réel et la perception que l’on a de soi. Une
perception qui n’est pas figée, qui évolue tout au cours de la vie et qui
contribue à bien vieillir ! ■
*Olivier de Ladoucette est auteur du Nouveau Guide du bien vieillir et de Rester
jeune,
c’est dans la tête (éd. Odile
Jacob).