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                                                JANVIER 2008

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LA DEPRESSION. UNE TRAVERSEE SPIRITUELLE

 

Yves PRIGENT, Stan ROUGIER

 

Editions Desclée de Brouwer, 2006

 

Extraits par Henri Charcosset

 

I Un psychiatre parle de la dépression, par Yves Prigent

 

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 L’expression de « traversée dépressive » permet de dépasser une appréhension trop passive ou statique du phénomène…. A la sortie de cette expérience, l’individu n’est plus le même. Même si la souffrance l’a touché, il a appris et reçu de cette traversée douloureuse.

 

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Le premier signe de la dépression que l’on connaît ou que l’on croit connaître le mieux est la tristesse, la douleur morale, voire la mélancolie. La perte de la joie entraîne un sentiment d’indifférence à toute chose, indifférence au fond parce qu’on souffre d’être indifférent à la réalité et aux autres qui nous entourent.

 

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Le second signe est le ralentissement…. La pensée, les gestes, les mouvements, l’élocution du dépressif sont comme ralentis.

 

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Il doit exister un traitement préventif, une sorte d’ hygiène de vie, qui , régulièrement pratiquée, peut nous aider face à la tendance dépressive. Il s’agit au fond de retrouver l’espace du dedans… Dans ce lieu va prendre notre capacité à fantasmer, c’est-à-dire à mettre en forme le désir qui est la pulsion de vie… Le moment où l’on retourne à son désir constitue une véritable hygiène de l’âme, où l’on peut donner libre cours à ses dadas ou ses hobbies…Que fait-on pour cultiver notre espace intérieur ? Comment aide-t-on l’âme à respirer et à se ressourcer ? Le bien et l’enrichissement personnel que peuvent procurer la visite d’une exposition, une conversation intéressante avec un ami, la lecture d’un roman ou un temps de silence ne sont pas quantifiables dans leurs effets comme les exercices physiques, mais ils apparaissent tout aussi indispensables pour notre équilibre psychique….Nous avons donc tous à travailler cette dimension de l’existence.

 

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En cas de dépression majeure, l’usage d’antidépresseurs permet de restaurer les neuromédiateurs dans les circuits du cerveau et faciliter ainsi la fluidité des connexions neuronales.

 

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Dans la relation d’aide, le tiers extérieur ne doit pas bloquer trop vite la descente psychique, car cette attitude risque de dénaturer la caractère radical de l’aventure et donc de compromettre la remontée future… L’aide d’un tiers peut répondre à ce double statut de la dépression, l’un franchement médical et l’autre constituant davantage un mouvement maturatif de l’existence humaine… Et puis il peut y avoir l’aide de l’écriture personnelle….

 

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Nombre de personnes âgées se trouvent désemparées parce qu’elles se sentent profondément inutiles… Toutes les générations sont utiles et doivent avoir leur place… La différence intergénérationnelle apparaît indispensable pour construire les relations et l’équilibre des personnes.

 

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Pour moi (Y. P. ), et je le redis, l’ évitement  déprimant des esprits doit beaucoup à l’édulcoration de la figure paternelle.  Il y aurait donc lieu plus généralement de s’interroger sur la place que tient la figure paternelle pour chaque sujet, dans chaque famille et, partant de là dans toute la société…

Un grand nombre d’effets psychologiques actuels nous semblent relever dans le même sens de ce déclin social de l’image paternelle…

Or ce qui fait la spécificité du père, ce n’est pas forcément   qu’il soit géniteur, c’est plutôt qu’il recueille et suscite l’amour amoureux de la mère. Le géniteur qui n’est pas aimé et qui n’est pas aimant cesse véritablement d’exercer ses fonctions paternelles….

 

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Que chacun retrouve le chemin de l’intériorité…. Ce lieu où souffle l’esprit, un lieu qui conduit au mouvement et à la traversée… Enfin proposer des temps de recueillement, ou des lieux où l’individu peut se dire « crier pour ne pas perdre son âme »…

Alors, à côté de celui qui souffre de la dépression, sans doute faut-il commencer par s’asseoir et se taire ensemble….

 

II Page 61   Un prêtre parle de la dépression, par Stan ROUGIER

 

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Dieu n’agit pas seulement par la médiation d’un prêtre. Il passe aussi par celle du médecin. Le mystère de l’incarnation se prolonge : Dieu parle et agit à travers les médiations toutes humaines. Dieu s’est fait homme à travers Jésus-Christ.

 

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Je n’hésite donc pas à renvoyer une personne vers un médecin. Mais il est déjà arrivé, en sens inverse, qu’un médecin découragé devant une situation très délicate m’envoie la personne concernée. Dans certains cas, l’intervention du prêtre peut jouer comme un déclic, un déblocage. Ainsi pour certaines situations, je suis persuadé que le sacrement de réconciliation peut jouer un rôle positif. Le sacrement du pardon peut avoir un effet libérateur et procurer une véritable paix intérieure.

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(S.R.) A certaines étapes de ma vie j’ai pu connaître des moments de réelle dépression… Ce fut le cas au moment où je me suis posé la question du sacerdoce ou du mariage…La phrase d’un prêtre « Ta blessure tu l’accepteras lorsqu’elle te servira pour entendre les êtres blessés » m’a sauvé.

 

Page 69

Quand j’étais aumônier d’un lycée, j’ai vécu aussi des périodes de découragement… Pour m’en sortir, je me suis mis à écrire… Ce fut ma forme de thérapie. Ainsi j’ai écrit vingt-trois livres…. Toute blessure peut être féconde.

 

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Chez les femmes, la privation de l’essentiel, le sentiment de venir du néant et d’y retourner, peut conduire à de la violence, une révolte, une contestation. Cette violence se dirige soit contre le monde extérieur (délinquance), soit contre soi-même (dépression)

 

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Par rapport à ces dernières décennies, la déprime des femmes me paraît aujourd’hui moins forte… Les nouvelles générations me  semblent davantage témoigner d’une sorte de calme plat, de mer étole. Pas de grands creux, mais pas de grands sentiments ou de véritable mobilisation non plus. Face à la perte du sens, aux repères qui s’effacent, on demeure amorphe, sans vraie réaction…

Plus encore que la dépression des femmes m’inquiète la morosité générale des adultes. Globalement, je les sens peu enthousiastes, guère prompts à se réjouir ou à s’engager, à s’émerveiller ou à se révolter. Ils paraissent préférer le confort d’une vie tranquille et embourgeoisée.

 

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Une éducation trop protectrice a sans doute des effets dévastateurs aujourd’hui… Actuellement certains jeunes souffrent d’avoir été trop choyés et protégés. Je ne dis pas trop aimés ! On aime jamais trop ! Mais surprotéger à l’excès, ce n’est pas de l’amour authentique. Les jeunes risquent alors de ne pas avoir la colonne vertébrale assez solide pour tenir le coup dans la vie. L’être humain n’est pas fait pour la mollesse ou la facilité. Nous aurions intérêt à retrouver les intuitions des grandes pédagogies, comme celles du scoutisme.

 

Page 79

La foi peut-elle nous aider ? La prière et des retraites spirituelles peuvent nous soutenir si notre démarche est authentique. J’ai envie d’insister sur la place des grands témoins, de ceux qui nous ont précédés sur le chemin de la quête de Dieu.

 

Page 81

La foi peut nous aider à nommer le mal, à donner un peu de sens à l’expérience de la dépression.

Page 90

J’approche de l’âge de la vieillesse. Mais je suis heureux parce que je marche vers l’éternelle jeunesse.

 

Page 105

Qu’on ne me le dise pas, je sais que l’amour ne meurt pas… Lui seul ne meurt pas. On n’en a jamais fini avec lui. Il insiste terriblement.

Prisonniers, heureux prisonniers que nous sommes. Prisonniers de l’amour fragile, précaire, faillible, mais inlassable à renaître.