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JANVIER 2008
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Yves PRIGENT, Stan ROUGIER
Editions Desclée
de Brouwer, 2006
Extraits par Henri Charcosset
L’expression de « traversée dépressive » permet de dépasser une appréhension trop passive ou statique du phénomène…. A la sortie de cette expérience, l’individu n’est plus le même. Même si la souffrance l’a touché, il a appris et reçu de cette traversée douloureuse.
Le premier signe de la dépression que l’on connaît
ou que l’on croit connaître le mieux est la
tristesse, la douleur morale, voire la
mélancolie. La perte de la joie entraîne un sentiment d’indifférence à
toute chose, indifférence au fond parce qu’on souffre d’être indifférent à la
réalité et aux autres qui nous entourent.
Page 18
Le second signe est le ralentissement…. La pensée, les gestes, les mouvements,
l’élocution du dépressif sont comme ralentis.
Page 36
Il doit exister un traitement préventif, une sorte d’ hygiène de vie, qui , régulièrement pratiquée,
peut nous aider face à la tendance dépressive. Il s’agit au fond de retrouver
l’espace du dedans… Dans ce lieu va prendre notre capacité à fantasmer, c’est-à-dire à mettre en forme le désir qui est la pulsion de vie… Le moment où
l’on retourne à son désir constitue une véritable hygiène de l’âme, où l’on
peut donner libre cours à ses dadas ou ses hobbies…Que fait-on pour cultiver
notre espace intérieur ? Comment aide-t-on l’âme à respirer et à se ressourcer ?
Le bien et l’enrichissement personnel que peuvent procurer la visite d’une
exposition, une conversation intéressante avec un ami, la lecture d’un roman ou
un temps de silence ne sont pas quantifiables dans leurs effets comme les
exercices physiques, mais ils apparaissent tout aussi indispensables pour notre
équilibre psychique….Nous avons donc tous à travailler cette dimension de
l’existence.
Page 38
En cas de dépression majeure, l’usage
d’antidépresseurs permet de restaurer les neuromédiateurs dans les circuits du
cerveau et faciliter ainsi la fluidité des connexions neuronales.
Dans la relation d’aide, le tiers extérieur ne doit pas bloquer trop vite la descente psychique,
car cette attitude risque de dénaturer la caractère
radical de l’aventure et donc de compromettre la remontée future… L’aide d’un
tiers peut répondre à ce double statut de la dépression, l’un franchement
médical et l’autre constituant davantage un mouvement maturatif de l’existence
humaine… Et puis il peut y avoir l’aide de l’écriture personnelle….
Page 42
Nombre de personnes âgées se trouvent désemparées
parce qu’elles se sentent profondément inutiles… Toutes les générations sont utiles et doivent avoir leur place… La
différence intergénérationnelle apparaît indispensable pour construire les
relations et l’équilibre des personnes.
Pour moi (Y. P. ), et je le
redis, l’ évitement déprimant des
esprits doit beaucoup à l’édulcoration de la figure paternelle. Il y aurait donc lieu plus généralement de
s’interroger sur la place que tient la figure paternelle pour chaque sujet,
dans chaque famille et, partant de là dans toute la société…
Un grand nombre d’effets psychologiques actuels nous semblent relever dans le même sens de ce déclin social de l’image paternelle…
Or ce qui fait la spécificité du père, ce n’est pas
forcément qu’il soit géniteur, c’est
plutôt qu’il recueille et suscite l’amour amoureux de la mère. Le géniteur qui
n’est pas aimé et qui n’est pas aimant cesse véritablement d’exercer ses
fonctions paternelles….
Que chacun
retrouve le chemin de l’intériorité…. Ce lieu où souffle l’esprit, un lieu qui conduit
au mouvement et à la traversée… Enfin proposer des temps de recueillement, ou
des lieux où l’individu peut se dire « crier pour ne pas perdre son
âme »…
Alors, à côté de celui qui souffre de la dépression,
sans doute faut-il commencer par s’asseoir et se taire ensemble….
II Page 61 Un prêtre parle de la dépression, par Stan
ROUGIER
Page 62
Dieu n’agit pas seulement par la médiation d’un prêtre.
Il passe aussi par celle du médecin. Le mystère de l’incarnation se
prolonge : Dieu parle et agit à travers les médiations toutes humaines.
Dieu s’est fait homme à travers Jésus-Christ.
Page 63
Je n’hésite donc pas à renvoyer une personne vers un
médecin. Mais il est déjà arrivé, en sens inverse, qu’un médecin découragé
devant une situation très délicate m’envoie la personne concernée. Dans
certains cas, l’intervention du prêtre peut jouer comme un déclic, un
déblocage. Ainsi pour certaines situations, je suis persuadé que le sacrement
de réconciliation peut jouer un rôle positif. Le sacrement du pardon peut avoir
un effet libérateur et procurer une véritable paix intérieure.
Page 68
(S.R.) A certaines étapes de ma vie j’ai pu
connaître des moments de réelle dépression… Ce fut le cas au moment où je me
suis posé la question du sacerdoce ou du mariage…La phrase d’un prêtre
« Ta blessure tu l’accepteras lorsqu’elle te servira pour entendre les
êtres blessés » m’a sauvé.
Page 69
Quand j’étais aumônier d’un lycée, j’ai vécu aussi
des périodes de découragement… Pour m’en sortir, je me suis mis à écrire… Ce
fut ma forme de thérapie. Ainsi j’ai écrit vingt-trois livres…. Toute blessure peut être féconde.
Page 72
Chez les femmes, la privation de l’essentiel, le
sentiment de venir du néant et d’y retourner, peut conduire à de la violence,
une révolte, une contestation. Cette violence se dirige soit contre le monde
extérieur (délinquance), soit contre soi-même (dépression)
Par rapport à ces dernières décennies, la déprime
des femmes me paraît aujourd’hui moins forte… Les nouvelles générations me semblent davantage témoigner d’une sorte de
calme plat, de mer étole. Pas de grands creux, mais pas de grands sentiments ou
de véritable mobilisation non plus. Face à la perte du sens, aux repères qui
s’effacent, on demeure amorphe, sans vraie réaction…
Plus encore
que la dépression des femmes m’inquiète la morosité générale des adultes. Globalement, je les sens
peu enthousiastes, guère prompts à se réjouir ou à s’engager, à s’émerveiller
ou à se révolter. Ils paraissent préférer le confort d’une vie tranquille et
embourgeoisée.
Page 76
Une éducation trop protectrice a sans doute des
effets dévastateurs aujourd’hui… Actuellement certains jeunes souffrent d’avoir
été trop choyés et protégés. Je ne dis pas trop aimés ! On
aime jamais trop ! Mais surprotéger à l’excès, ce n’est pas de
l’amour authentique. Les jeunes risquent alors de ne pas avoir la colonne
vertébrale assez solide pour tenir le coup dans la vie. L’être humain n’est pas fait pour la mollesse ou la facilité. Nous
aurions intérêt à retrouver les intuitions des grandes pédagogies, comme celles
du scoutisme.
La foi peut-elle nous aider ? La prière et des
retraites spirituelles peuvent nous soutenir si notre démarche est authentique.
J’ai envie d’insister sur la place des grands témoins, de ceux qui nous ont
précédés sur le chemin de la quête de Dieu.
Page 81
La foi peut nous aider à nommer le mal, à donner un
peu de sens à l’expérience de la dépression.
Page 90
J’approche de
l’âge de la vieillesse. Mais je suis heureux parce que je marche vers
l’éternelle jeunesse.
Page 105
Qu’on ne me le dise pas, je sais que l’amour ne
meurt pas… Lui seul ne meurt pas. On n’en a jamais fini avec lui. Il insiste
terriblement.
Prisonniers, heureux prisonniers que nous sommes.
Prisonniers de l’amour fragile, précaire, faillible, mais inlassable à
renaître.