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                                                SEPTEMBRE 2007

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LA DEPRESSION DE LA PERSONNE AGEE

 

SENIORPLANET, Professeur François PIETTE

 

http://www.seniorplanet.fr/interview/interview76-pr_piette.html

 

http://www.seniorplanet.fr/interview/interview76-page2-pr_piette.html

 

Rendez-vous du mercredi 04 octobre 2006 à 18 heures

 

Avec Le Professeur François Piette

Le Professeur François PietteFrançois Piette est professeur de Gériatrie et Médecine Interne à la Faculté Pierre et Marie Curie et Chef de Service à l'Hôpital Charles Foix APHP dont le nom est largement associé au développement de la Gériatrie. François Piette est aussi l'auteur de nombreux articles pour l'univers médical comme pour le grand public et du livre "Le Guide Santé des Seniors" en collaboration avec le Dr. S. Weill-Engerer aux Éditions Odile Jacob. Il collabore à SeniorPlanet dans le cadre de la campagne d'information de l'hôpital Charles Foix pour développer les connaissances du public en matière de santé des seniors.

 

 

 

La "dépression d'involution", ou dépression de la personne âgée, est fréquente mais souvent masquée et sans tristesse exprimée donc difficilement détectable. Pourtant ses conséquences sont lourdes... Vous êtes confronté(e) à cette maladie ?

 

 

 

Myarka : Mon amie (78 ans) a subi depuis 3 ans : la perte de son mari qu'elle aimait, un procès sans fin avec ses beaux-fils qui contestent l'héritage, trois déménagements, etc. Ces derniers temps, elle est très souvent malade : troubles intestinaux, angine, bronchite. Elle mange très peu, ne dort pas sans somnifère et se sent constamment fatiguée. J'essaie de la convaincre de voir un neuro-psy. Elle refuse catégoriquement sous prétexte que tous ses maux ne sont que physiques. Pourtant mes amies lui trouvent l'air triste et j'ai l'impression qu'elle baisse les bras devant les nombreux avatars auxquels elle doit faire face. Comment l'aider ?

 

Pr Piette : Votre amie présente un ensemble de symptômes qui peuvent effectivement correspondre à un état dépressif. Le mot de psychiatre fait encore peur à tort à beaucoup de gens. Mais la prise en charge des états dépressifs du sujet âgé, notamment les consultations et hôpitaux de jour de gériatrie sont tout à fait à même de réaliser cette prise en charge. Ils comportent le plus souvent dans leurs effectifs un psychiatre spécialisé en gériatrie, ce qu’on appelle un géronto- psychiatre ou un psychogériatre ! L’avantage d’un hôpital de jour gériatrique est de permettre en un seul jour le bilan des maladies somatiques et l’approche psychologique. Le traitement d’un état dépressif éventuel est sauf exception effectué au domicile.

 

 

 

 

 

BABARD : La semaine passée, France2 déclarait que 70% des vieux vivent actuellement seuls et abandonnés, le résultat d'une société de plus en plus individualiste. D'autre part, la dépression n'est pas seulement liée à une cause d'abandon ou de solitude... ou d'âge ! Un bon antidépresseur et "voilà, le problème est réglé" vous dit-on ! Car le milieu médical n'a plus cette écoute du patient ! Où sont passés les "médecins de famille" de notre jeunesse ? On essaie de soigner mais on ne cherche pas la cause, que ce soit pour une dépression ou une toute autre maladie. Ne parlons pas de cette remarque : "votre problème, c'est psychologique", et le tour est joué, la solution trouvée.... pour le médecin. Quant au patient, il repart de cette "consultation", culpabilisé ! Comme le déclarait un Professeur de Faculté de Médecine à ses internes : "SI VOUS NE CHERCHEZ PAS VOUS NE RISQUEZ PAS DE TROUVER". Evident mais il faut encore le vouloir et PRENDRE SON TEMPS ! Qu'en pensez-vous docteur ?

 

Pr Piette : Le nombre de médecins a augmenté mais les demandes des patients ont augmenté aussi. En outre chez les jeunes médecins, la motivation pour travailler 15 heures par jour et plus, comme "le médecin de famille" d’autrefois, s’est un peu estompée. Donc, vous avez raison les médecins ont souvent moins de temps qu’avant pour chaque consultation. A mon avis l’expression "votre problème c’est psychologique" n’est pas une conclusion, c’est une ouverture car le vrai challenge c’est de débarrasser le patient "du problème".
Ça ne passe pas systématiquement par un médicament mais parfois par de la gymnastique, du yoga et autres méthodes de ce type, une psychothérapie etc… Malgré tout, les antidépresseurs ne doivent pas être trop mis à l’index car beaucoup de sujets âgés se suicident parce qu’on n’a pas reconnu leur dépression.

 

tikileon : Bonjour, le suicide me travaille de plus en plus car étant actuellement demandeur d'emploi de plus de 50 ans les portes se referment à la vitesse grand V; donc l'accumulation des retours de courriers avec des réponses négatives. La vision de l'avenir que nous offre notre pays mis en péril pour le bien être de certains, la vision de finir ma vie dans la rue m'oppressent. La dépression est à ma porte, je n'en dors presque plus. Le suicide me semble parfois être une solution. Le seul lien actuel qui m'empêche de passer à l'acte pour l'instant est que mon épouse se retrouverait sans ressources. Mais combien de temps vais-je encore tenir ?

 

Pr Piette : Bien que spécialisé en gériatrie, donc concerné par les patients de plus de 75 ans, je ne peux qu’être sensible à votre détresse. En plus de la situation financière de votre épouse vous devez penser à tous ceux qui sont peut-être encore vivants, vos enfants, vos amis. Vous devez aussi donner de vous-même, sans doute allez-vous me dire que vous attendez plutôt qu’on vous donne un emploi, une aide, etc. Mais s’occuper y compris bénévolement dans une association ou dans un lieu de culte, c’est une façon de dépasser votre détresse. Ceci étant dit, vous devez aussi consulter car votre cas relève peut-être de médicament et ou de psychothérapie.

 

alima62 : Bonjour Docteur, je pense que la dépression est une maladie délicate à repérer et à soigner surtout quand il s'agit de nos aînés. Et je suis persuadé que le médecin de famille n'est pas armé pour soigner ce genre de problème. Il peut diagnostiquer, et traiter les symptômes (prescription d'anti dépresseur, par exemple)... pour traiter le fond et la cause du problème, il me semble plus prudent de faire appel à un spécialiste ! Attention, je ne pense pas que le corps médical soit moins à l'écoute qu'avant comme en témoigne le récent développement des soins palliatifs par exemple... mais face à cette maladie et à des personnes d'un certain âge, l'accès à la maladie, l'analyse du problème et le traitement demandent des connaissances spécifiques. Mais comment faire quand le premier interlocuteur de ces mêmes personnes âges - voire des familles - est justement ce médecin généraliste souvent mal formé pour affronter ce genre de problème et être une vraie aide pour le malade comme pour la famille.

 

Pr Piette : Le médecin généraliste n’a pas dans beaucoup de cas tous les torts que vous lui prêtez.
Beaucoup d’entre eux ont suivi des formations à la gériatrie. Il est possible aussi que le médecin généraliste prenne en charge les patients déprimés âgés en liaison avec une structure gériatrique comme un hôpital de jour gériatrique qui dispose souvent dans ses effectifs d’un psychiatre spécialisé pour les personnes âgées qu’on appelle un gérontopsychiatre ou un psychogériatre. Il existe une disposition qui permet à chacun de choisir son médecin traitant. Si quelqu’un est insatisfait de son généraliste, tous ne sont pas parfaits !-notamment s’il n’accepte pas cette idée de travailler en filière avec un autre spécialiste ou un hôpital de jour- il reste la possibilité d’en changer !

 

mamilou : Bonjour, mon père a 82 ans et il est encore en bonne santé pour son âge même si les douleurs de l'âge sont bien là (problème de prostate, de vue, douleurs articulaires...). Mais depuis quelques années, il est de plus en plus dépressif. Un état qui s'accentue avec les saisons : l'automne et l'hiver sont visiblement des périodes très dures pour lui. Il me dit souvent que l'hiver sont des beaux jours pour mourir. Il dit aussi que certains matins il n'a pas envie de se lever... Il parle souvent de mourir. Il dit aussi que la mort ne lui fait pas peur ou plus peur. Ma soeur et moi nous l'entourons beaucoup et notre maman est toujours à ses côtés mais nous avons souvent l'impression que nous ne l'aidons pas. Au mieux, nous l'agaçons mais nous ne semblons pas le soulager et lui rendre une certaine joie de vivre. Seuls les mariages de ses petits-enfants et la naissance de son premier arrière-petit-fils lui a rendu une étincelle mais cette joie est vite retombée. Que peut-on faire au quotidien pour l'aider ? Que peut faire notre médecin de famille ? Ce dernier ne semble pas prendre les choses au sérieux. Il a vaguement parlé d'anti-dépresseur mais sans conviction... Les années passant et la situation se dégradant petit à petit, que peut-on faire ? Merci d'ouvrir ces espaces d'interrogations.

 

Pr Piette : Votre père a probablement une dépression saisonnière. Il a besoin de soleil, de lumière et ses petits et arrières petits-enfants sont ses soleils. Sans doute a-t-il réellement besoin de médicament antidépresseur. Peut-être a-t-il aussi besoin de liberté, de « prendre des risques », peut-être son environnement familial est-il trop rationnel, trop sécuritaire, trop protecteur ? Quelqu’un (son médecin traitant et ou son épouse par exemple..) s’est-il posé le problème de sa sexualité ? A-t-elle disparu ? Ceci lui atteint-il le moral ? Les hôpitaux de jour gériatriques sont là, si nécessaire, pour faire le bilan de ses troubles somatiques et entreprendre les actions psychologiques utiles (médicaments, psychothérapie etc.) Ceci étant dit quand tout a été mis en œuvre, il reste un lot de patients qui veulent ne plus lutter et dont il faut respecter la volonté. Mais j’ai l’impression que pour votre père, tout n’a pas été mis en œuvre, loin de là !

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>> La chronique de notre expert : Non au papy blues !
>> Le dossier SP sur la dépression : Les masques de la dépression