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Novembre
2010
QUAND LES
MAMMIFERES PRIRENT POSSESSION DE LA TERRE
Une exposition
décrit la crise qui provoqua la disparition des dinosaures
et l’essor de notre monde
vivant
Florence EVIN
Le Monde, samedi 24 avril
2010
Exposition
au Museum national d’histoire naturelle, jusqu’au 24
février 2011
Christian de Muizon n’est
pas peu fier de sa découverte, en 1999, à Tiupampa en
Bolivie, et le dit devant son trésor : le squelette de l’Alcidedorbignya, de 15 cm de long, vieux de 64 millions d’années,
est le mammifère « le plus complet
connu du tout début du tertiaire », affirme le département d’histoire
de la Terre du Muséum national d’histoire naturelle. Intact, il tient de
surcroît entre ses pattes le squelette d’un foetus.
Ils
ont désormais le champ libre, grossissent et se diversifient
S’il n’est pas le spécimen
le plus spectaculaire de l’exposition « A l’ombre des dinosaures »,
présentée pendant près d’un an au Muséum, ce mammifère de la taille d’un rat en
est la clé. Car il illustre le propos de cette exposition qui met en scène la
naissance, il y a 65 millions d’années, du monde moderne et la disparition, non
élucidée, des dinosaures, suivie de la prolifération des mammifères et parmi
eux des primates, dont nous sommes.
L’éradication
des dinosaures permet aux mammifères de prendre leur essor.
Jusque là de la taille de petits rongeurs, sortant
la nuit et se nourrissant d’insectes, les mammifères ont désormais le champ
libre : ils grossissent, grandissent et se diversifient. Forte des
derniers résultats scientifiques, l’exposition s’intéresse à cette période
charnière des 85 à 40 millions d’années, passage de l’ère secondaire (le
crétacé) à l’ère tertiaire, résultat d’une crise biologique majeure.
Cette fracture, baptisée « crise KT »,
serait due à l’engrenage
de deux cataclysmes survenus dans un contexte d’abaissement des températures de
3 à 4 degrés. Telle est l’hypothèse illustrée par un film de six
minutes sur écran panoramique, qui montre le possible scénario de cet épisode
d’ « extinction
créatrice », dont parle Ronan Allain, paléontologue, spécialiste des
dinosaures au Muséum.
Au centre de l’Inde, l’éruption d’un volcan durant
100 000 ans, et ses coulées de basalte, forma le plateau du Deccan, vaste
comme la France. Ces émissions de lave furent accompagnées d’un volume énorme
de gaz soufrés.
A ces gaz s’est ajouté
l’iridium diffusé en quantité dans l’atmosphère après la chute et la désintégration d’une gigantesque météorite dont le
cratère d’impact avec la terre (150 km de diamètre) fut identifié en 1991, au
Yucatan (Mexique). « Cette météorite
aurait été le coup de grâce, explique Christian de Muizon.
Elle a provoqué un souffle colossal sur
la planète et un nuage de particules de gaz qui ont enveloppé la terre. 75 %
des espèces et presque tous les groupes primitifs ont disparu. »
Le
parcours muséographique propose un voyage dans le temps.
Impressionnants dans la première salle, les
sept squelettes venus du Canada, de Chine ou d’Argentine, représentent les
disparus. Il y a Albertosaurus (9 m de long) et Carnotaurus (7,5 m) à la dentition puissante des
carnivores. Ptéranodon (6 m), le reptile volant qui n’est pas un dinosaure et
apparaît dans Adèle Blanc-Sec
- le dernier film se Luc Besson, tourné dans la galerie de paléontologie du
muséum - est là aussi. Comme Unenlagia (2 m),
découvert en Patagonie, en 1997, et Bambiraptor (80
cm), trouvé dans le Montana (Etats-Unis), dinosaures qui eux portaient des
plumes et sont apparentés aux oiseaux.
Apparus
il y a 150 millions d’années, les oiseaux représentent aujourd’hui les seuls
dinosaures vivants.
Ils ont échappé à la crise KT, comme les crocodiles
à sang froid, « au contraire des
dinosaures à sang chaud, mais l’énigme demeure », précise Ronan
Allain. Parmi les disparus, à observer sous la forme de fossiles : les
ammonites, dont une géante de 2,5 m de diamètre. Parmi les rescapés : la
libellule et la chauve-souris, ainsi que l’abeille et la fourmi, déjà
organisées en colonies, qui ont franchi le cap sans dommages. Les requins et
les raies aussi.
La dernière salle dévoile le plus surprenant : l’essor de nos
mammifères. Tous les ordres naissent il y a 55 millions d’années.
Les voilà : le cheval, Hyracotherium
(Wyoming, Etats-Unis), a la taille d’un gros chien (65 cm) et des chevilles
anti-torsions pour la course rapide. Notharctus (70
cm, même provenance), dont les yeux sont déjà côte à côte sur le devant du
crâne : un des premiers primates, apparentés aux lémuriens, groupe dont
l’homme fait partie - l’Homo sapiens
apparaît il y a 300 000 ans, en Afrique.
Les très nombreux fossiles
provenant de Messel (Allemagne), le Pompéi de la
paléontologie, ont été extirpés de son lac, doux linceul au fond duquel
pullulait la vie il y a 48 millions d’années. Ils représentent les 18 ordres
actuels : carnivores, cétacés, éléphants, chevaux, chèvres, girafes,
cerfs, chauves-souris, hérissons, rongeurs, ruminants, etc.
L’exposition attire beaucoup
de monde. Ce qui accentue un regret : l’espace, en sous-sol de la grande
galerie de l’évolution, est exigu. D’autant que les couleurs rose bonbon et
vert cru des vitrines agressent et rendent peu lisibles les cartels.
Apparemment, les enfants et leur parents n’en ont cure : ils se pressent
autour des tables-écrans à dispositif interactif qui racontent la vie d’avant
et des manivelles qui mettent en marche les outils pour courir et grimper au
milieu de cette faune multimillénaire qui aujourd’hui nous entoure.
« A l’ombre des dinosaures », Muséum national d’histoire
naturelle, 36, rue Goefffroy-Saint-Hilaire, Paris 5e.
Tous les jours, de 10 heures à 18 heures ; fermé le mardi et le 1er
mai. De 7euros à 9 euros. Jusqu’au 14 février 2011.
Catalogue, éditions du
Muséum, 64 pages, 10 euros.