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Mars 2013
LES TEMPS HEROÏQUES DE L’AUTOMOBILE FRANÇAISE.
Jacques
-Marie VASLIN
Le Monde mardi 25 septembre 2012
La France l’emporte dans la rivalité industrielle de
la « voiture sans cheval »qui l’oppose ,au XIXe
siècle , à l’Allemagne . Beau de Rochas, Lenoir, Amédée Bollée, Delamarre -Deboutteville et Panhar et Levassor ont ainsi un train d’avance sur Daimler
et Benz.
Louis Renault à bord de sa
voiturette en 1899. | AFP
Cochotte , la Mouche ,Naphtolette , Esculape, Draulette
et Catois : qui
se souvient de marques aussi improbables? Elles font pourtant partie des
265 constructeurs automobiles que comptait la France à la fin du XIXe . Alors qu’aujourd’hui le secteur est sinistré :-
les constructeurs français sont à la traîne, quand les Allemands affichent une
santé insolente. La France se trouvait à la Belle Epoque à l’avant-garde de la
révolution automobile . Même si l’apparition de la
« voiture sans cheval » est principalement le fait de
découvertes isolées qui, mises bout à bout, ont permis à ce secteur d’éclore à
la fin du XIXe , il est néanmoins indéniable que la
France incarne le berceau de l’industrie automobile .
Pour l’historien Patrick Friesen , la naissance de l’automobile est liée à la
conjonction de plusieurs évènements . Si les recherches autour d’une voiture
sans chevaux vont bon train dés le XVIIe siècle, l’avènement des chemins de fer
précipite les découvertes.
L’augmentation du trafic qui découle de la révolution industrielle
accroît l’utilisation du cheval sur les courtes distances. Or
, que l’on s’en serve ou pas , un cheval doit être nourri et entretenu .
Il faut lui trouver une alternative.
Deux inventions majeures vont changer la donne: le moteur à explosion et
la bicyclette. Un jeune inventeur, Jean-Joseph Etienne Lenoir ( 1822-1900), contemple le fardier de Joseph Cugnot (
1725-1804 ) au cours d’une visite au Conservatoire des arts et métiers. Premier
véhicule à moteur , cet engin à vapeur a réalisé son premier essai officiel en 1770.
Mais sa chaudière devait être réapprovisionnée environ toutes les 10 minutes,
les freins ne sont pas au point et la machine, qui pèse 8 tonnes, avance
péniblement à 4km/heure…
Gourmand et peu fiable
Finalement les chevaux
s’avèrent plus pratiques. Etienne Lenoir se met alors en tête de fabriquer un
moteur au gaz. En 1860, il dépose un
brevet concernant un moteur à explosion à deux temps .
Trois ans plus tard , il adapte son moteur sur une
voiture et parcourt 18 kilomètres en
trois heures . Son moteur se révèle gourmand et peu fiable .
Par manque de capitaux , les recherches ne vont pas
plus loin.
Le relais sera pris par les Allemands
. Quand Gottlieb Daimler ( 1834-1900)
visite l’exposition universelle de Londres en 1862, il étudie en
détail les 14 véhicules à vapeur présents.
Il devine aussitôt que ces locomotives sur roue ne correspondent pas à
ce qu’il recherche. Il abandonne l’idée d’un moteur à vapeur et part à Paris
pour étudier les moteurs à gaz.
Il retourne ensuite
travailler en Allemagne dans une
entreprise de moteurs à gaz dirigée par l’ingénieur Nikolaus
Otto . Les deux compères conçoivent un moteur qu’ils
présentent lors de l’Exposition universelle de Paris en 1867 et qui remporte la
médaille d’or de l’exposition , devant Etienne Lenoir
.
Il se révèle en effet moins gourmand en gaz et
plus faible. Cette récompense marque le début de l’industrie automobile allemande . Associés à Wilhelm Maybach,
Otto et Daimler construisent officiellement le premier moteur à quatre temps en
1876. Mais un ingénieur français ,ami d’Etienne Lenoir
, Alphonse Eugène Beau de Rochas (1815-1893) , avait déjà breveté cette invention quatorze ans plus tôt.
En 1886,la
justice rend son verdict : le véritable inventeur du moteur est français .
Succès en fait symbolique: 30 000 moteurs Daimler sont déjà vendus
. La voiture à vapeur d’Amédée Bollée
a pris une longueur d’avance : elle roule depuis 1873. Mais la vapeur
comme l’électricité présentent de nombreux
désavantages , comme le poids ou la faible
autonomie.
Le moteur à
explosion
Mis progressivement au point , il reste à concevoir tout ce qui l’entoure . Paradoxalement , le vélo va permettre à l’automobile de voir
le jour. Les innovations techniques sur
la petite reine-le cadre tubulaire , les roulements à billes , la transmission
par chaîne , les engrenages ou les pneus -sont nombreuses , tout comme les
innovations commerciales ( changement
régulier de modèles , organisation de courses , de salons , maillage du pays
avec des agents commerciaux , etc.)
Le 12 févier 1884, deux
inventeurs français , Edouard Delamare-Debouteille
et Léon Malandin , déposent un brevet sur la première voiture à quatre
roues actionnée par un moteur à explosion fonctionnant au carbure de pétrole.
Le principe de l’automobile moderne est né.
La France domine grâce à ses ingénieurs , ses ouvriers spécialisés , mais aussi parce que
les automobilistes y sont bien accueillis .
En Grande-Bretagne
, l’hostilité de la part des métiers qui tournent autour de la traction
animale , les contraintes légales conjuguées au mauvais état des routes
freinent l’engouement pour de telles machines.
Une réglementation
ubuesque votée en 1865 limite la vitesse
des autos à 4mp/h sur route (6km/h et 4mph( 3km/h) en ville. En outre ,
les véhicules devaient être précédés d’un homme agitant un chiffon rouge! Pour
ne rien arranger , la licence Daimler est entre les
mains de financiers qui spéculent dessus sans l’exploiter . Déjà la finance
nuit à l’industrie…
Le retard des Etats-Unis est dû , lui, au mauvais état des routes , rendant inconcevable
la circulation de véhicules légers en dehors des villes. Un journal de
Chicago décide alors d’organiser une
course le 8 novembre 1895, qui incitera de nombreux bricoleurs à mettre au
point un véhicule dans leur coin , début de
l’industrie automobile américaine.
Mépris des aristocrates
L’Allemagne n’est pas mieux
lotie. Là aussi les routes son mauvaises , les banques
qui ont investi dans les compagnies de chemin de fer voient d’un mauvais œil
cette concurrence , les aristocrates méprisent ces engins, et enfin les
voitures trop chères dans un pays où les richesses sont très mal réparties.
Pour couronner le tout , l’avance technologique des Allemands va être
exploitée… par les Français . Les moteurs Daimler vont en effet équipér les premières voitures Panhard-Levassor et Peugeot.
Résultat , en 1895, 350 automobiles roulant en France,
contre 75 en Allemagne.
Au tout début du
XXe siècle
Construire une voiture relève
du jeu d’enfant , pour peu que l’on dispose de capitaux
et d’un ingénieur .
La demande est si forte que
les délais explosent chez les constructeurs renommés .
La promesse de bénéfices importants et rapides attire de nouveaux entrants . Rien qu’entre 1900 et 1907, douze nouveaux
constructeurs se lancent sur ce marché à Paris , et
quatre en province .
Mais se secteur est en passe
de connaître une nouvelle révolution .
Les voitures américaines ,
en optant pour la production de masse, s’adressent à un public plus large. Le
premier véritable constructeur américain , Oldsmobile
, propose sa voiture à 650 dollars en 1902. Il s’en vend 2 500 unités , 5500 trois ans plus tard. Les pionniers cèdent
définitivement la place aux industriels.
Les temps héroïques de
l’automobile française sont révolus.
Jacques-Marie Vaslin est maître de conférences à l’IAE d’ Amiens
Dates
1860 Invention du moteur à explosion (à gaz )par le
Français Lenoir.
1873 L’obéissance , d’Amédée
Bollée , première automobile à vapeur.
1886 Carl Benz dépose le brevet de sa première voiture .
1898 L’exposition internationale de l’automobile, du 15
juin au ? juillet , aux Tuileries, à Paris accueille
260Exposants et 140 000 visiteurs.
Dans les archives du « Monde » 1946 : La part est belle aux
très petites voitures : Le 33e salon de l’automobile
Le 33e salon de
l’automobile , le premier dans le monde depuis la fin
de la guerre , occupe le Grand Palais du 3 au 13 octobre 1946 et accueille 700 exposants . En juillet 1946, 2 709
voitures de tourisme on été construites en France , alors
que la moyenne mensuelle de 1938 était de 15 200; mais 6 019 camions et
camionnettes sont sortis des usines , contre 3260.
De nombreux stands du 33e
Salon et du 32e , qui date de huit ans , se
ressemblent comme les deux cylindres d’un moteur « flat twin ».
On retrouve les 15CV six
cylindres et 11CV, quatre cylindres traction avant Citroën , la Juva -quatre
Renault , la 202 Peugeot , la 13 CVv8 Matford ,dont
le nom est maintenant Ford tout court , mais qui est toujours construite à
l’usine de Poissy , les Simons-cinq 3CV et simca -huit de 6 CV, de magnifiques Delahaye carrossées par
Branay , par Saoutchik , la
supertraction Rosegger ,qui est devenue une
huit-cylindres (…).
Les nouveautés sont ,
pour la plupart , de petites voitures , parfois même très petites. Citons , au hasard de notre première visite au Grand Palais:
la 4 CV Renault , dont le moteur à quatre
cylindres est placé à l’arrière , au-dessus des roues motrices ; la
Mathis 333, à traction avant et à moteur deux cylindres opposées , ne possède
qu’une seule roue à l’arrière ; la 2 CVM. A Julien ,
les 3 CV et 1,5 CV Rovin , la petite voiture
électrique , à accumulateurs de la Compagne générale d’électricité , etc.
Il y a un contraste curieux
entre ces véhicules légers à l’usage des particuliers et des poids lourds ou autocars . Quand on voit l’énorme différence entre les
quantités de matières employées pour les uns et pour les autres
, des métaux divers jusqu’à la gomme des pneus et quand on se rappelle
qu’en juillet il a été construit 6000 camions et camionnettes dans le premier
trimestre 1946 la France a importé 8 590 camions , commandés par nos missions
d’achat en 1945 , on ne peut s’empêcher de penser à la répartition
administrative des contingents de matières , à la coordination …
Claude-
Georges Bossière
«
Le Monde » du 4 octobre 1945Centenaire
de l'automobile française, Delamare-Deboutteville et Malandin,
en 1884. Timbre-poste émis en 1984. | DR