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Juillet 2012
DIFFICILE D’Y
VOIR NET SUR LA
CONSULTATION
MEDICALE EN LIGNE
Pascale
SANTI
Le Monde de Mercredi 18 avril 2012
Et
LE VASTE CHAMP DE L’E-SANTE
Si la tentation est grande pour les
patients de demander des conseils à des spécialistes sur Internet, le risque de
confusion est lui aussi accru
Je prends du Lévothyrox pour l’hypothyroïdie depuis deux ans, je
souhaite tomber enceinte, est-ce possible ?, questionne une femme âgée de
38 ans. « J’ai tel médicament dans mon armoire, est-ce que je peux le
prendre pour le mal de tête, sachant que j’ai un traitement contre
l’hypertension ? »… La liste des questions posées à des médecins sur
la Toile est longue.
Consultation,
conseil en ligne, la frontière est ténue. Pour le public, il y a souvent confusion entre
télémédecine et téléconseil. La téléconsultation est
l’un des actes de télémédecine, au sens du décret de l’article 78 de la loi
Hôpital patients santé et territoires (HPST). Il définit la télémédecine comme l’ensemble des « actes médicaux, réalisés à distance, au moyen d’un dispositif utilisant
les technologies de l’information et de la communication ».
Depuis la
publication de ce décret, les expérimentations sont nombreuses. Mais un certain flou continue d’entourer autant la prise en charge que la
tarification de ces actes. Si la télécommunication médicale est légalement
autorisée, « il n’existe par de téléconsultation sérieusement organisée en France », souligne le docteur Jacques
Lucas, vice-président du Conseil
national de l’ordre des médecins (CNOM). Pour avoir le feu vert, cet acte doit
être encadré et autorisé par les agences régionales de santé (ARS) ou défini
sur le plan national par le ministère de la santé.
Surfant sur
une demande pour la
e-santé,
plusieurs sociétés proposent déjà du conseil
médical en ligne
payant. Ainsi Médecin
direct vend cette prestation aux complémentaires
santé et offre ce service à leurs adhérents. « On conseille, on
oriente, on rassure », résume François Lescure, président de Médecin
direct, qui a déjà traité plusieurs milliers de demandes. « On vient en complément du médecin traitant, on ne s’y substitue
pas », insiste-t-il, précisant que la moitié des questions a trait aux
médicaments.
Docteurclic a lancé une rubrique
« Questions à un médecin » il y a trois ans. Cette année, le site a
déjà enregistré près d’un millier de questions. Chacune est facturée 6,50
euros. Les spécialités les plus demandées sont la médecine générale et la
sexologie. « Nous répondons souvent
à l’angoisse des patients », explique le docteur Wilfrid Pavageau, consultant en sexologie pour Docteurclic.
La société Eutelemed propose pour sa part des vidéoconsultations de psychiatrie à des expatriés.
Le site Wengo (filiale de
Vivendi) a lancé il y a quelques mois un service d’informations médicales, Wengo
Santé, assuré par la plateforme médicalisée H2AD. Ce ne sont pas des
consultations mais « des conseils », précise Paul Verdiel,
président d’H2AD. L’internaute choisit son médecin, donne ses coordonnées
bancaires et se fait rappeler pour 2,50 euros par minute. D’autres sites, comme
France
Médecin, L’avis médical, ou Masanté.net,
etc., se positionnent également sur ce terrain.
L’ordre des médecins est circonspect. Dans son Livre blanc sur la
déontologie médicale sur le Web, publié fin 2011, il estime que « les offres de conseils médicaux
personnalisés, délivrés par téléphone ou via Internet, prennent des
orientations, notamment commerciales, qui suscitent de fortes interrogations
éthiques et déontologiques. Ces conseils ne sont que des avis, et pas des
consultations médicales ». Plusieurs questions se posent. « Qui garantit que c’est bien un médecin qui
répond aux interrogations ? Comment est-il rétribué, alors que le code
précise que le conseil téléphonique ne peut être rémunéré ? » insiste le docteur Lucas.
«C’est un outil en plus, et non pas à la place de car il s’agit de
patients que l’on connaît »
justifie le docteur Fadi Haidar, néphrologue, qui
travaille en Nouvelle-Calédonie, où un système de téléconsultation a été mis en
place pour des patients atteints d’insuffisance rénale chronique. « Ce système permet aux patients qui ont du
mal à se déplacer de bénéficier de consultations et d’un suivi
spécialisé », explique le docteur Haidar,
par ailleurs consultant pour Docteurclic. « Les questions posées ne remplacent pas le
temps passé en consultation, elles peuvent permettre d’orienter vers le bon
spécialiste, compléter une information mal comprise, apporter un second
avis », explique-t-il.
Cette année, Docteur Clic a déjà enregistré près d’un
millier de questions.
Chacune est facturée 6,50 euros.
La consultation en ligne répond aussi à la volonté
croissante des usagers de s’impliquer dans la gestion de leur santé. Quelque 16
millions de Français se renseignent en effet chaque
mois sur un site de santé. On n’en recense pas moins de 3000, Doctissimo
en tête, avec ses huit millions de visiteurs uniques en moyenne chaque
mois.
« Face à telle maladie, le fait d’échanger sur
les traitements, les effets secondaires d’un médicament, peut être
positif », souligne le docteur Dominique Dupagne,
fondateur et gestionnaire du site de forums médicaux Atoute.org.
Il est vrai
que les médecins n’ont pas toujours le temps d’expliquer ni même de faire un
examen clinique approfondi. Les conseils au téléphone ne datent d’ailleurs pas
d’hier. « Il faut donner les moyens
aux médecins pour ce temps passé au téléphone, non reconnu », indique
le docteur José Clavero, secrétaire général adjoint
de l’Union régionale des médecins d’Ile-de-France (URPS).
« Un prédiagnostic
effectué à distance ne peut remplacer la palpation, l’impression générale liée
à l’environnement, le non-verbal… », explique le docteur Loïc Etienne,
médecin urgentiste, auteur de Zeblogsante.com.
Je ne dis pas que cela ne doit pas se faire,
car la véritable télécommunication peut être utile pour le suivi des
pathologies chroniques, ou pour avoir un deuxième avis de spécialiste, insiste
le docteur Lucas. Mais cela doit être conforme à la loi, et à la déontologie
médicale.
Pascale SANTI
SUR LEMONDE.FR
ESANTE.GOUV.FR
LE VASTE
CHAMP DE L’E-SANTE
Si elle existait depuis longtemps, notamment avec l’usage
du téléphone ou du Minitel, la
télémédecine est née officiellement avec le décret du 19 octobre 2010. Vue comme un moyen de répondre
aux enjeux de la progression des maladies chroniques, du vieillissement de la
population, de l’évolution de la démographie médicale, elle distingue cinq
types d’actes :
- la téléconsultation, qui consiste à donner une consultation
à distance,
- la télé-expertise,
qui permet de solliciter l’avis d’un ou plusieurs spécialistes, - - la télé-surveillance, qui autorise un médecin à analyser à
distance les données nécessaires au suivi d’un patient,
- la télé-assistance, par laquelle
un professionnel de santé peut être secondé à distance par un autre au cours
d’un acte,
- et la régulation médicale, comme les centres 15.
Fin 2011, la
direction générale de l’offre de soins a répertorié 256 activités de
télémédecine.
La Haute Autorité de santé (HAS) réfléchit à son modèle
économique.
La France est a
la traine par rapport à certains de ses voisins européens
En matière de
télémédecine, la France est en retard par rapport à d’autres pays européens.
Notamment la Suisse, où la télécommunication compte plus de 4 millions
d’adeptes. Deux sociétés de télémédecine créées en 1999, Medgate
et Medi24, dominent ce marché, avec respectivement 4 500 et 3 000 contacts
téléphoniques quotidiens (pour 8 millions d’habitants). Medi24 a lancé il y a
un an un service de télédermatologie qui permet au
patient de transmettre des photos au médecin.
Medgate répond aux questions des adhérents
de 26 assureurs-maladie. Un assistant fait un premier tri, les cas urgents
étant aussitôt transmis vers les médecins, tandis que les autres sont rappelés
dans les quarante-cinq minutes, détaille une note du Centre d’analyse
stratégique (CAS) sur la télésanté publiée fin 2011. Le médecin pose un
diagnostic dans un cas sur deux et établit une prescription pour 3 % des appels.
Les partisans de la téléconsultation mettent en avant
l’exemple de la Suisse. La démarche est gratuite pour les patients, le système
étant inclus dans leur prime d’assurance.
Conseil par téléphone
Le Danemark a élaboré une stratégie de
télésanté dès 2004. Les médecins consacrent leur première heure de travail aux
consultations par téléphone, note le CAS.
L’Angleterre a pour sa part lancé en 1997 NHS
Direct, système de conseil médical par téléphone, élargi à Internet en 2000. Il
reçoit 5 millions d’appels et autant de connexions au Web, peut-on lire dans le
Livre blanc du conseil national de l’ordre des médecins.
Dans le dernier
rapport d’activité, NHS, qui emploie 3 400 personnes, indique que plus de la
moitié des patients ayant reçu un conseil ou un avis par téléphone n’ont pas eu
recours aux urgences (soit 1,1 million de personnes), et ne sont pas allés en
cabinet médical (1,6 million de patients).
D’autres pays d’Europe comme la Belgique ou les Pays-Bas développent l’e-santé, incluant tous les
professionnels.