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Mai 2012
JEUNES RETRAITES PARTAGERAIENT
APPARTEMENT
Laure BELOT,
Le
Monde 27mars 2012
Pour éviter la maison de retraite ou
pour économiser, quinquas et sexagénaires sont tentés de vivre à plusieurs.
Note : Adresses web citées dans cet article :
http://www.colocation-adulte.fr
/
http://www.appartager.com/sbox/lp/FR2/Index.html?ac=googlefr&gclid=CIyZ9ZDawa8CFWwntAodpHNMYg
http://www.cocon3s.com/viewtopic.php?id=752
Mode de vie.
Joëlle se souvient précisément du moment où elle a
eu le déclic : « J’étais au soleil chez mon amie Marie quand le
téléphone a sonné .Mon père de 80 ans venait de tomber chez lui . »
En plein mois de juillet 2008, Joëlle gère à 800
kilomètres de distance l’hospitalisation paternelle .
Un placement en maison de retraite est d’emblée évoqué par le corps médical.
Le moment d’urgence passé, les deux amies discutent.
« Nous sommes convenu que nous ne voulions pas faire vivre cela à nos
enfants ». se souvient Joëlle. « Marie
a alors parlé de sa bastide, où nous étions, prés d’Aix-en-Provence. Ses enfants , disait-elle, allaient partir. Nous nous sommes regardées , et avons lancé que vivre ensemble pourrait étre une idée ».
Quatre ans plus tard , la
conversation à bâtons rompus est devenue un projet de couple. Joëlle (52 ans désormais) et Marie (54 ans) ont
entrainé dans l’aventure Léon (57 ans) et Jacques (62 ans), leur mari
respectif, puis Cécile (58 ans) et Jean ( 62 ans).
Tous ont bien l’intention de se retrouver dans la bastide .
« d’ici cinq à dix ans , quand nous serons
tous à la retraite ,explique Joëlle ,cela donne le temps de s’y
préparer ».
Joëlle et son mari ont d’ailleurs adoré le film. Et
si on vivait tous ensemble ? De Stéphane Robelin-sorti
en janvier-campant une bande de septuagénaires colocataires.
« Ce film nous aide à en parler autour de
nous. Beaucoup de gens de notre génération sont tentés ».remarque-t-elle.
Alors que s’ouvre , jeudi
29 mars , le salon des séniors à Paris , voila une solution spontanée et
pragmatique qui jaillit un peu partout en France. Dans le Gard, dans les
Pyrénées … des dizaines de colocations
se sont organisées. Sur le tas. Et ces exemples font gamberger les
septuagénaires et même quinquagénaires.
Volonté farouche d’éviter la maison de retraite , envie de rompre la solitude , moyens financiers
insuffisants pour rester seul , désir d’épargner ses enfants …
« La colocation entre séniors est une sorte
de réponse collective à l’individualité
ambiante »,analyse
Yankel Fijalkow ,
sociologue urbaniste,
Auteur de Sociologie du logement (
La Découverte ,2011).
« Elle s’inscrit dans le même phénomène que
le Co-housing [maison avec des services en commun] en
Europe du Nord et aux Etats -Unis, ou l’habitat coopératif.
Face à la fragilité des cellules
familiales apparaît un désir de recommencer une quasi-famille . »
Mais,
ajoute cet expert: « il ne faut pas être idéaliste. C’est avant
tout un échange marchand alors que le
logement est cher. Avec la recomposition des modèles familiaux
, on passe facilement d’une vie en couple à un habitat en solitaire ou
en colocation . Les gens sont agiles et s’adaptent alors que le marché
immobilier, par son coût, débloque. »
Illustrant ce
système D, plus de 5 000 personnes se
sont inscrites sur colocation -adulte.fr ( ex-partage-séniors.net)
depuis sa création en mars 2009 « Mille cinq-cents membres sont
réellement actifs, majoritairement des femmes entre 50 et 60 ans »,explique
Pierre Lelal.
Engouement
similaire sur le plus récent Colocation
.sénior.fr. « sans aucune publicité,500
personnes ont déposé une annonce depuis plus un an », s’étonne son
créateur , Jean -Michel Thomas.
Même les spécialistes du marché étudiant. Appartager.com propose
,depuis janvier un service sénior et 500 offres sont en
ligne « des personnes disposant ou cherchant un logement et dont
la moyenne d’âge est de 65 ans », précise Fanny Dolo responsable pour
la France.
Les modèles européens font école. C’est en
s’inspirant d’un CPAS (équivalent d’un centre communal d’action sociale ) que l’association nantaise Colocation séniors a
déjà accompagné, depuis trois ans,
plusieurs dizaines de volontaires, qui sont suivis une fois la colocation
installée.
« Nous recevons des requêtes de toute
la France pour s’inspirer de notre vécu, » assure la présidente Jocya Almor. Même l’ONG Abbeyfield, qui a cinquante ans d’expérience en colocation
sénior au Royaume Uni, cherche à
s’implanter en France après l’avoir fait dans quatorze autres
pays. « Les nouveaux occupants de nos maisons ont une période
d’essai d’un mois pour voir s’ils s’intègrent bien », explique David Coe, directeur international.
Car choisir
ses colocataires n’est pas aisé.
Comme l’a constaté la septuagénaire Christiane Baumelle,
auteur du Manuel de survie des séniors en
colocation( deuxième vie,192 pages, 14,95
euros). « colouer entre amis est
délicat, car les amitiés anciennes n’ont été choisies pour cela »,
constate cette psychosociologue, créatrice , en 2007 du forum sur la colocation Cocon3s.com. « Un
millier de personnes se sont manifestées en ligne , estime-t-elle.
Je passe mon temps à les mettre en contact mais, d’expérience
, les femmes sont bien plus indécises que les hommes pour se
lancer. »
Marie- Louise Challier (84
ans), ancienne salariée d’un cabinet d’expert-comptable à Lyon, et Bernadette Ricou (62 ans), ex-coiffeuse parisienne ,
en savent quelque chose. En colocation depuis 2 ans à Chambéry (Savoie) après
s’étre rencontrées-et appréciées - sur Coco3s, elles
cherchent désespérément une troisième
comparse pour diviser leurs 922
euros de loyer mensuel. « Nous avons reçu une vingtaine de
candidatures .Certains enfants ont freiné. Une infirmière semblait partante , et puis non »,témoigne Marie-Louise.
Bernadette et elle sont bien conscientes que leur
appartement, avec une seule salle de bains, peut décourager. Alors elles ont des pistes comme « ce
quartier en construction à la Ravoire avec des appartements ad hoc », dit Marie-Louise.
En attendant, elle est bien contente de suivre chaque semaine avec Bernadette
des cours de philosophie.
Jean Marc Jarnac, lui aussi a pris le taureau par
les cornes . Après avoir entendu à la radio parler de
colocation, ce bientôt septuagénaire a déposé une petite annonce sur leboncoin.fr, proposant avec humour
un « un colloque à banca », un
gîte au cœur des Pyrénées. Dix personnes ont répondu à l’appel et se sont
prêtées à un jeu de rôle :
« Tous ont tiré un petit papier avec un
verbe : ’ faire les courses ’ ‘décorer, résoudre
les conflits’…Chacun devait imaginer comment gérer cette action dans une
colocation. »
C’est à cette occasion que Jean Marc a rencontré Nicole (72 ans) et Hélène(65 ans). Tous trois étaient séparés. Neuf mois plus
tard, en janvier 2011, ils aménageaient ensemble dans une maison à
Lamarque-Pontacq
( Hautes-Pyrénées), petit village entre Lourdes, Tarbes et
Pau.
Un an après , Jean-Marie
est intarissable sur l’aventure: installation d’un potager de 2000 m² , cours
de jardinage suivis en commun, accueil
des enfants (onze à eux trois) et petits-enfants dans les deux chambres
libres et les combles… « c’est
super chouette avoue-t-il, mais nous savons bien que ce n’est pas
toujours le cas. » La bande cherche même un quatrième-homme, pour
équilibrer un peu, et fait désormais, du prosélytisme. Ils organisent, le 08
avril, « un colloque à Lamarque-Pontacq » entre maison et
potager…pour les intéressés!
Laure
Belot
Maison neuve, centre
Montreuil, accueillerait féministe sexagénaires.
Avis à la population! l’association la maison des Babayagas
cherche du monde . Ou plutôt des femmes , de 60 ans ou plus ,prêtes à déménager début octobre pour colouer, en plein centre de Montreuil(Seine- Saint-Denis),
une maison encore en construction. Treize des cohabitations prévues ont en
effet jeté l’éponge fin aout , sur fond de désaccord
avec Thérèse Clerc , l’instigatrice-et l’âme engagée-du projet.
Voici donc l’ultime rebondissement d’une aventure
commencée il y a sept ans, alors que Thérèse Clerc était septuagénaire. A
presque 85 ans, cette forte tête militante s’interroge d’ailleurs
,non sans humour, si comme Moïse
elle verra ou non la Terre promise. Il faut dire que l’énergie qu’a
développée cette sexa, septua et maintenant octogénaire-qui fait vingt ans
de moins-laisse baba. Pour réussir à faire financer, par les pouvoirs publics
et certaines entreprises ,cette maison atypique-dont
le coup est estimé à 3,9 millions d’euros-, cette féministe , qui a divorcé en
1968 après avoir eu quatre enfants, aura tout utilisé ( bagout, ténacité,
charme ravageur ), tout sollicité( réseaux militants, medias, politiques)… au
point de personnifier à l’extrême le projet et faire apparemment de l’ombre aux
autres aventurières.
« Quatre piliers »
Projet
visionnaire et marginal , en avance sur son temps, la
maison des Babayagas( sorcières selon la mythologie
slave ) se retrouve en plein dans la tendance .Thérèse Clerc est sollicitée de
toutes parts pour parler de ce projet, elle qui abonde quand on lui dit que les
idées viennent des marges de la société. Elle ne se reconnait pas vraiment dans
certaines « babayaguettes » en régions,
plutôt bourgeoises , qui veulent se lancer dans
l’aventure .
Car à sa suite, six projets de maison sont actuellement
ou en construction.
« Nous
avions quatre piliers-autogestion, solidarité, citoyenneté et écologie -il faut
absolument en rajouter un cinquième : le féminisme » affirme-t-elle.
Et d’ajouter un soupçon de provoc en précisant qu’elle est, comme nombre de ses
compagnes militantes, devenue homosexuelle (« un acte politique , refuser l’homme, même dans l’intimité »)
et qu’elle a pratiqué des avortements clandestins.
Thérèse Clerc ne s’étend pas pour détailler les six
étages d’appartements avec salle de bains et cuisine privatives, qui
permettront à chacune des 20 occupantes de bénéficier de 30 m² à 45 m².Elle
aime plutôt citer Ernst.
Bloch ,
philosophe défenseur de l’utopie, pour qui « l’humain est fait
pour créer »
Elle suit ses propres maximes
,telles que « rester
nomade de l’interrogation ,ne jamais devenir sédentaire de ses certitudes . »
c’est à se demander si au fond d’elle-même elle est prête à poser armes et
valises en colocation. l.BE