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/ en octobre 2015
La chasse au
drone est ouverte
Jean-Michel
NORMAND
M Le magasine du Monde 15 mars 2014
Survol du centre de Nancy , du Stade
-Vélodrome ou de quartier de la Défense… La multiplication des drones de loisir
soulève des questions tant sur le plan de la sécurité que de la protection de
la vie privée. Et peut mener des pilotes au tribunal.
Depuis le 25 janvier , Nans Thomas , 18 ans
, se fait discret . Ce jour-là , ce lycéen a
mis en ligne une vidéo à la gloire de sa ville de Nancy. La place de Stanislas
vue du ciel sous un soleil d’hiver , saisie par une
caméra rasant les bâtiments avant de se figer en surplomb du centre historique
. Parmi les quelque 400 000 internautes qui ont visionné ces images que seul un
drone peut réaliser , les représentants de la
gendarmerie des transports aériens ( GTA)
n’ont pas été des plus enthousiastes. Pour avoir fait survoler par un
engin pesant plus d’un kilo une zone où se trouvaient des centaines de
promeneurs, le jeune homme est aujourd’hui poursuivi pour mise en danger de la
vie d’autrui.
D’autres sont aussi dans le collimateur de la
justice. Le propriétaire d’un drone dont la « présence
inopportune » a été signalée le
5 février à proximité de l’hélicoptère de la gendarmerie venu secourir
l’équipage du Luno , le cargo naufragé devant Anglet ( Pyrénées -Atlantiques ) . Ou encore ce
légionnaire venu filmer d’un peu trop prés la tour Eiffel le 18 février et
condamné à 1000 euros d’amende dont 500 avec sursis et la confiscation de son
joujou. Fin 2013 , un drone errant au dessus de
l’aéroport de Montpellier a été saisi , ainsi qu’un autre dont le pilote jouait
les « Baron noir » au-dessus du quartier de la Défense , prés de
Paris . Depuis septembre, pas moins de 21 enquêtes judiciaires ont été ouvertes.
L’ apparition inopinée au Stade-Vélodrome de Marseille , le
7 mars pendant la rencontre OM-Nice , d’un drone inconnu qui est resté de longs
instants en vol stationnaire au-dessus du public , pourrait bien allonger sa
liste. « Tout le monde ne peut pas se prendre pour Yann Arthur
Bertrand » , prévient-on à la direction générale
de l’aviation civile ( DGAC) .
Destinés
aux applications professionnelles de drones, les arrêtés du 21 avril
2012 n’ont pas anticipé le succès des
mini quadricoptères qui pèsent entre 40 grammes et
quelques kilos et se vendent entre 70 et
1000 euros . Les textes autorisent ,
sous certaines conditions , les engins de moins de 25 kilos à voler hors des
zones interdites ( proximité des
aéroports et zone urbaines , notamment ) .
En revanche, s’ il s’agit de filmer ou de photographier , les
autorisations nécessaires sont telles que faire évoluer un drone au-dessus de
son jardin est ,de facto , interdit . « Tout n’est pas question de
réglementation ; les utilisateurs vont s’autoréguler, il ne faut pas s’inquiéter
outre mesure » plaide Henri Seydoux ,
PDG de la société française Parrot qui a
vendu son AR .drone à plus de 5000 000 exemplaires , dont prés de 10% en France .
Parmi les amateurs, l’inquiétude est néanmoins
palpable . « Le cas de Nancy et de la Défense
constitue une utilisation potentiellement dangereuse mais la
réglementation est hypocrite » , s’étonne Raphaël , un aficionado qui assure ne faire
voler son aéronef « que dans des zones dégagées et très peu
fréquentées » . « Pour piloter heureux ,
pilotons cachés » , peut-on lire sur un forum d’Hélicomicrocom
. Pour Frédéric Botton , cofondateur de ce site ,
point de raillement des passionnés , « il faut malgré tout se réjouir que le débat
sur les bonnes pratiques ait été lancé à froid plutôt qu’après un accident qui
aurait encouragé les solutions répressives ».
Interrogées, les autorités
aériennes assurent que la chasse aux drones n’est pas ouverte. « Nous
avons évité que des gens fassent voler n’importe quoi n’importe où , mais nous
faisons la part des choses face aux utilisateurs de bonne foi qui ne font
courir de risques à personne » indique-t-on à la gendarmerie des
transports aériens .
Consciente qu’il est devenu nécessaire de
compléter la réglementation, la DGAC prépare de nouveaux textes visant
notamment « à définir plus précisément la notion de vol de
loisirs » .
De
son côté, la commission informatique et liberté s’est emparée d’une autre
question que soulèvent ces machines volantes truffées de capteurs et de caméras , celle de la protection de la vie privée . Même si , malgré l’intérêt manifeste que les paparazzis portent
aux drones, aucune action en justice n’a pour l’heure , été engagée sur ce
motif
Jean-Michel Normand