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Octobre 2014
« JE VAIS CHERCHER MON
HERBE COMME J’IRAIS ACHETER MA BAGUETTE DE PAIN »
Les fumeurs de joints
interrogés par « Le Monde » décrivent une consommation facile, banale.
I |
ls sont fumeurs réguliers, s’approvisionnent sans difficulté auprès de
proches ou de revendeurs, le cannabis fait partie intégrante de leur vie.
Pourtant derrière les propos des usagers que nous avons interrogés, pointe une
hypocrisie parfois assumée : celle de ne pas vouloir voir, au-delà du
plaisir de la consommation, les réseaux délinquants et les dégâts sur la santé
que le cannabis peut favoriser.
Psychiatre en Moselle, Julie, 33 ans, s’approvisionne tout simplement
chez son « meilleur ami ». « Il ravitaille d’autres copains en se
fournissant lui-même chez une connaissance, bénévolement. Je me ravitaille aussi auprès d’un autre
copain qui a sa propre plantation et en fait profiter les amis à des tarifs
inférieurs à ceux du marché ; 6 euros le gramme », raconte-t-elle.
Julie (son prénom a été modifié) serait « incapable » d’aller au
contact direct d’un « vrai dealer genre cité ». « Je ne supporte pas cette
idée, j’aurais l’impression d’être une droguée. J’assume pas du tout le côté
petite bourgeoise qui va chercher son shit chez le gars de la cité qui n’a rien
d’autre à faire de ses journées. » ses
fournisseurs sont « bénévoles », ils ne « prennent pas de commission
». son budget cannabis « tourne autour de 150 euros
».
Le cannabis et Julie, «
c’est une vieille histoire. Ce produit m’a accompagnée durant toutes mes études
», confie-t-elle. Elle avoue « fumer tous les jours depuis la terminale
». « Un joint le matin, deux le soir mais jamais très chargés. Un peu plus le
week-end. » Dépendante ? « Sans doute. Au moins au moins
psychologiquement. Quand je n’en ai pas, ce qui arrive rarement, je suis plus
stressée, déprimée ; j’ai tendance à picoler plus »
Envisage-t-elle de décrocher ? « Oui, sans doute. Par contre, je
ne sais pas trop comment je vais faire », sourit-elle. Délinquante,
elle ? « Il paraît mais je ne m’en rends pas bien compte. En même
temps, je ne m’amuserais pas à fumer dans la rue sous les yeux des flics. Tout
ça me fait doucement rigoler en même temps, car l’alcool fait des dégâts bien
plus importants que le pétard. Je sais de quoi je parle, je soigne des
alcooliques tous les jours. »
Est-elle favorable à la dépénalisation ? Elle réfléchit. «
J’aurais tendance à dire oui. Mais on est vraiment inégaux devant le cannabis. Ҁa calme l’angoisse, mais chez les gens vraiment
angoissés, ça peut avoir l’effet inverse. Un psychotique qui fume, par exemple,
c’est la cata, je le vois bien au boulot. »
Marseillais de 30 ans, Pierre adore parler de sa consommation de
cannabis. Amateur d’herbe plus que de résine, il est à la recherche de la
qualité. Cet électronicien s’approvisionne dans les cités marseillaises, à La
Castellane ou à Saint-Mauront. « J’y vais comme
j’irais acheter ma baquette de pain. » pour des achats personnels ou
groupés avec trois ou quatre amis, mais pas plus. Le prix est fonction de la
qualité. Faire cadeau aux clients d’un
briquet ou d’un paquet de feuilles est un geste commercial classique dans des cités
marseillaises. Les vendeurs ne sont pas difficiles à rencontrer. « des minots viennent te trouver pour t’indiquer la cage
d’escalier et l’étage ». La transaction se boucle en cinq minutes.
Mais depuis quelques temps, Pierre est rentré dans le cercle fermé des
clients d’un cultivateur d’herbe, en dehors de Marseille. « Il a choisi
d’avoir peu de clients mais des gens de confiance. Ҁa
me convient mieux. L’herbe est bio, sans engrais, presque deux fois moins
chère. Surtout, ce producteur est quelqu’un de passionné, la rencontre est
conviviale. »
D’ailleurs, Pierre n’écarte pas l’idée de passer avec quelques amis à
la production. « Il faut du matériel, un local aménagé avec une circulation
d’air. On y réfléchit et si on trouve 500 ou 600 euros à investir, on le fera,
aussi pour le plaisir botanique. Dans les magasins à Marseille, tu trouves tout
ce qu’il faut. C’est plus simple que de faire pousser des tomates. »
Pierre dépend environ 250 euros par mois pour sa consommation, fume
seul ou avec des amis. « C’est un plaisir, comme boire un verre de vin en
rentrant du boulot. » La veille, il participait, en dehors de Marseille, à
la rencontre annuelle de producteurs d’herbe qui soumettaient leur produit à un
jury. « Ce sont des soixante-huitards qui organisent ce type de rencontres.
On y a croisé une mémé de 75 ans qui a fait tourner son pétard comme tout le
monde. »
Sébastien, 24 ans, serveur, a commencé « comme tout le monde » à
fumer à 14 ans. Vivant à côté des cités du nord de Marseille, il avait un accès
facile au cannabis. « Lorsque j’avais 17 ans, les dealers m’ont tout pris,
la marchandise, mon téléphone. Ҁa m’a calmé. »
Le cannabis peut s’acheter partout en centre-vile, mais « il est moins bon,
il n’y a pas le choix qui existe dans les cités et il est mal servi ».
Les quartiers Nord, Sébastien y est retourné lorsqu’il a eu une voiture
« La Castellane, j’ai détesté : des mecs cagoulés, armés et des
vendeurs derrières une grille. » Il s’approvisionne depuis dans une cité du
13e arrondissement, entre midi et deux. « Mais quand je croise
les habitants, je suis mal à l’aise, je ne supporterais pas qu’on vende devant
chez moi. » Sébastien mesure son « hypocrisie à entretenir un système
qui détourne les jeunes de l’école. Ils préfèrent gagner 60 euros à faire le
guetteur ».
Le pétard, Marie
(son prénom a été modifié), étudiante en droit vivant près de Versailles, vient
d’arrêter. Elle aura bientôt 23 ans, dont neuf de consommation de shit. Elle
fumait en moyenne dix joints par jour, plus si elle sortait. Quand elle a
commencé, en 3e, elle avait pas mal d’amis qui fumaient et elle
venait de perdre son père : « C’était une échappatoire, et puis j’ai
toujours voulu tout tester. »
Au collège,
elle fumait dans les soirées. Au lycée, elle était passée à un joint le matin
avant les cours, un dans le parc dans la journée, un dernier le soir « pour
dormir ». « J’avais de gros problèmes de concentration, mais comme j’avais des
facilités, j’ai eu mon bac S avec mention. »
Marie n’a «
jamais eu de mal à trouver de cannabis », n’en a quasiment jamais acheté
directement, et n’en a jamais connu la provenance. Au collège, pour les
soirées, des amis, des grands frères ou grandes sœurs fournissaient les plus
jeunes. Après, son meilleur ami surtout l’approvisionnait. « Au début, la
vente, c’était caché, maintenant ils relancent même les clients par SMS, pour
leur dire qu’ils ont du bon matos. Même pour la cocaïne, c’est moins caché
qu’avant. »
De la « C »
comme elle dit, sa mère en a trouvé dans ses affaires en 2013. elle en consommait depuis plusieurs mois. Sa mère l’a mise
en contact avec un psychologue qui, contrairement à ceux qu’elle avait déjà
vus, lui a correspondu. Le travail qu’elle a fait sur elle-même a permis «
un déclic ». « Je grandis, de moins en moins de gens fument autour de moi, cela
m’a peut-être aidée, ajoute-elle. Quand on arrête, on se rend compte que
ceux qui continuent n’avancent pas, et qu’on a été comme ça. »
La jeune
femme n’en revient toujours pas : « Le joint, c’est qu’il y a de plus
dur à arrêter, surtout celui du coucher. » Elle croit savoir
pourquoi : « C’est ce qui a de plus accessible et de moins cher. » ■
La culture en appartement
fait exploser le marché du cannabis
Titre et extrait d’un article
de Laetitia Clavreul et Charbie
DUFLAN
La demande croissante d’herbe
au détriment de la résine marocaine encourage des producteurs qui gagnent 50
000 euros par an pour 10 m2
Des risques sanitaires et
judiciaires
Interpellations En 2011, il y a eu 143 000 interpellations pour usage de stupéfiants
en France. Dans 90% des cas, c’est en possession de cannabis que les
contrevenants ont été arrêtés. Le cannabis est à l’origine de 70% des
interpellations pour trafic et usage-revente. |
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Dangers La
sommation régulière de cannabis peut aggraver des maladies psychiatriques
comme la schizophrénie. Le cannabis peut provoquer une augmentation du risque
suicidaire, de désinsertion sociale, des troubles de l’humeur et de
l’anxiété. |
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Sanctions L’usage de stupéfiants peut être puni d’un an d’emprisonnement
et d’une amende de 3 750 euros. Lorsqu’il s’agit de trafic, les peines
encourues peuvent aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité et d’une
amende de 7,5 millions d’euros. |
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Prise
en charge médicale En 2010, 38 000
personnes ont été reçues dans des centres de soins, d’accompagnement et de
prévention en addictologie. Surtout des consommateurs de cannabis. |