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Avril  2015

 

DANS LE MONDE DU HANDICAP AUSSI ON SE BOUGE !

 

                  Élise DESCAMPS, Claudine COLOZZI, Carole BOURGEOIS

 

Faire Face Mars Avril 2015

 

 

  FOOT-FAUTEUIL

PARE-CHOCS ET BALLON ROND

 

Sport collectif le plus adapté aux handicaps lourds, le foot-fauteuil s’adresse aux amateurs de tactique, de défoulement et d’ambiance d’équipe. Fine maîtrise du fauteuil électrique exigée.

 

Au foot-fauteuil, mieux vaut être un pro du joystick.
À l’instar de Gaultier Franz (au centre) et de ses coéquipiers devenus de véritables amis.

 

I

l règne une ambiance d’auto-tamponneuses à la Halle des sports de Vandɶuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle), fracas en moins. Seul le frottement des roues sur le terrain et le moteur des fauteuils électriques rompent le silence, dans une atmosphère très studieuse. Rotations à 360° pour frapper, avec le coin du pare-chocs, le gros ballon de 33 cm de diamètre, accélérations brutales ou passes à reculons : le foot est l’art de manier le fauteuil. Pas question de le traiter brutalement. Pour viser juste, mieux vaut être un pro du joystick. Gaultier Franz, 34 ans, le connaît par cœur : c’est le même modèle, sensibilité accrue,
que celui de son fauteuil de ville. Le gardien de but livre ses astuces . « J’expérimente les tirs depuis toutes les parties du pare-chocs et j’analyse comment la balle rebondit. Quand elle arrive vers moi, je recule un peu. Il faut toujours être très attentif et anticiper les attaques. Pas facile au début. Mais avec de la persévérance, ça marche. Cela convient parfaitement à mon tempérament de tacticien. »

 

Atmosphère de groupe et solidarité

Gaultier n’est pourtant pas un passionné de sport. Mais avec le foot, il a trouvé l’atmosphère de groupe qu’il recherchait et de véritables amis. « Nous gagnons et nous perdons ensemble. » Comme lui, atteint d’une myopathie de Duchêne, les autres joueurs souffrent de handicaps lourds. Ne nécessitant l’usage ni des bras, hormis d'une main pour le joystick, ni des jambes,
le foot-fauteuil est le sport collectif le plus adapté aux personnes très dépendantes. Il ne se pratique d’ailleurs pas en fauteuil manuel. « J’ai déjà vu jouer des personnes avec un respirateur, une commande du fauteuil au pied et même à la bouche », indique Prince, l’animateur sportif, avant d’aller repositionner la main d’un joueur qui a glissé de son accoudoir. Certains peinent à tourner la tête pour contrôler tout ce qui se passe sur le terrain. La solidarité entre alors en jeu, chacun assurant, pour ses coéquipiers, le rôle de rétroviseur.

 

Séance de kiné puissance mille

À quatre contre quatre, les matches durent moins longtemps qu’au football traditionnel mais après vingt minutes d’intense concentration, l’équipe est épuisée. « C’est comme une séance de kiné puissance mille », s’amuse Gaultier, fier de ses coéquipiers : « Nous avons bien travaillé. Ce sport procure vraiment une sensation de bien-être aussi bien dans le corps, en se défoulant, que dans la tête. »

par Élise Descamps

 

En pratique

 

Une centaine de clubs et établissements sont ouverts au foot-fauteuil, dont la moitié en compétition. Il faut compter entre 70 et 120 € par an, hors compétitions et coût du fauteuil spécial quand il n’est pas mis à disposition, mais les deux tiers des joueurs utilisent leur fauteuil de ville.

 

 

AVIS D’EXPERT

 

« Le foot-fauteuil

exige une grande concentration. »

 

Franck Croullière,

directeur sportif de la
Fédération de foot-fauteuil

 

« Le foot-fauteuil est réservé à ceux ne pouvant pas, en raison de leur pathologie, pratiquer d’autres sports collectifs, hormis en loisirs.
Pas très physique, il exige cependant une grande concentration. Il développe l’attention aux autres et la maîtrise de la manipulation du fauteuil électrique..

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JE SUIS ANIMATRICE DANS UNE RADIO ASSOCIATIVE

 

Atteinte de la maladie des os de verre, Sylvie Nazereau, 59 ans, anime une émission consacrée à la vie associative et culturelle sur Radio Libertaire (1) depuis vingt-six ans. Un magazine militant mettant à l'honneur toute la diversité du tissu associatif.

 

 

 

Je crois que j’ai toujours aimé écouter la radio. Jusqu’à mes 8 ans,
il n’y avait pas de télévision à la maison. J’ai été bercée par de grandes voix radiophoniques telles que Max Meynier, Gérard Klein, Fabrice et par des émissions cultes comme Salut les copains… Je suis très sensible à ce média. On fait passer beaucoup de choses par la voix. Une relation quasi intime s’instaure entre la personne devant un micro et les auditeurs.

 

Libre choix des invités et thèmes abordés

Depuis mars 1989, j’anime l’émission hebdomadaire Paroles d’associations sur Radio Libertaire. Tout a commencé sur un coup de tête. Après avoir téléphoné pour savoir s’ils cherchaient de nouveaux animateurs, j’ai enregistré, sans jamais avoir fait de radio,
un bout d’essai concluant : « Tu commences quand tu veux. »

Chaque semaine, je convie un représentant d’une association ou une personnalité pour évoquer son engagement associatif. J’ai carte blanche sur les invités et les thèmes abordés. Avec complicité d’une réalisatrice, en régie, je maîtrise mon émission de A à Z. Je choisis mes sujets bien à l’avance, en fonction de mes lectures, chevaux de bataille et combats qui me touchent. Le handicap bien sûr mais pas seulement. J’essuie peu de refus. Parfois, certaines associations préfèrent ne pas donner suite. Je n’insiste pas. L’expérience m’a montré que les personnes qui viennent contraintes n’ont pas la disponibilité nécessaire à une bonne émission.

L’esprit de Radio Libertaire me correspond bien. J’ai toujours été une petite fille rebelle, en colère mais attentive aux bouleversements du monde. Par exemple, je me souviens très bien des événements de 1968 et l’invasion de la Tchécoslovaquie reste un souvenir douloureux. Je n’ai jamais pris de carte dans aucun parti. Je n’aime pas le politiquement correct, la pensée unique, le conformisme. Toute forme d’endoctrinement me révolte.
Je me suis toujours investie, autant que possible, dans le bénévolat : dans un GEM (Groupe d’entraide mutuelle) ou comme enseignante de prison. Cette émission est ma manière de faire un peu bouger les choses. Mon but ? Informer les auditeurs pour leur permettre de mieux comprendre certaines questions de société et les aider à se faire leur propre opinion.

 

Aider les auditeurs à se faire leur opinion

Je m’épanouis dans cette activité. Bien sûr, j’ai progressé. Je me sens plus à l’aise qu’à mes débuts, même si je suis rarement contente de moi ! Toutes ces rencontres,
ces personnes extraordinaires qui placent l’humain au cœur de leur engagement, c’est très gratifiant de les côtoyer.

Depuis vingt-six ans, je ne ressens aucune lassitude. Je n’ai raté qu’une seule émission pour soucis personnels. De toute façon, quand je n’aurai plus envie de me retrouver face à un micro, j’arrêterai. Je suis comme ça : entière et sans concession. » ►

 

par Claudine Colozzi

 

(1) Radio Libertaire est la radio de la Fédération anarchiste (FM 89.4 Paris). Vous pouvez écouter l’émission de Sylvie Nazereau en direct le mardi de 19h30 à 20h30 ou la podcaster sur le site http://media.radio-libertaire.org

 

Se lancer dans l’animation d’une émission

 

En 2014, il y avait environ 600 radios associatives en France.
Ces stations à but non lucratif, régies par la loi 1901, recherchent souvent des bénévoles pour animer des émissions ou développer de nouveaux projets.

Vous n’avez aucune expérience mais vous avez envie de faire partager une passion ou souhaitez vous investir dans la vie associative d’un média de proximité. Pourquoi ne pas postuler ? Mais attention : vous devez savoir mener une interview, écrire une chronique ou présenter une revue de presse. Un vrai boulot de journaliste !

 

 

 

SESSD d'Évry [91] LES JEUNES AU RYTHME VOCAL  DU BEATBOX

 

 

Le SESSD d’Évry, en Essonne, propose à ses usagers un atelier de musique dénommé Art’beatbox. La technique du Beatbox permet de reproduire les sonorités des percussions avec la bouche.
Les pratiquants se prennent au jeu et améliorent leurs capacités vocales et rythmiques.

 

 

 

Micros, amplificateurs, table de mixage, guitare et percussions, tout est en place. Comme chaque semaine au Service d'éducation et de soins spécialisés à domicile (SESSD) d'Évry, l'atelier Art'Beatbox rassemble huit participants de
8 à 18 ans. Dans une ambiance joyeuse et décontractée, ils exercent leurs expression et créativité grâce au Beatbox ou “Boîte à rythme humaine”. Cette technique consiste à imiter avec la voix percussions et instruments à vent. À travers des « scratch », des « ts » et autres « kkk », les jeunes improvisent des mélodies composées de consonnes explosives, chuintantes et sifflantes.

Pratique urbaine issue des ghettos américains, le Beatbox a explosé en France dans les années 2000 au cœur des banlieues françaises. Aujourd'hui, les usagers du SESSD APF 91 se sont emparés de ce phénomène musical, faisant fi, pour certains d'entre eux, de leurs troubles de l'élocution et de la déglutition. « À travers le  Beatbox, ils travaillent leurs praxies bucco-faciales, c'est-à-dire la coordination des différentes musculatures intervenant dans la déglutition, la parole, la mastication et l'expression du visage, précise Sylviane Juglair, orthophoniste au SESSD et l'une des trois professionnelles animant l'atelier avec Marion Outrebon, orthophoniste, et Marion Vallée, psychomotricienne.
Cette approche favorise, sous un angle ludique, des exercices qu'ils doivent pratiquer au quotidien pour maintenir ou corriger leur manière d'articuler, de déglutir ou de respirer. »

Le Beatbox ou “Boîte à rythme humaine” permet aux participants de rééduquer leur manière d’articuler, de déglutir ou de respirer. Le tout, de façon ludique.

 

 

Bien installés pour être relâchés

 

Si la sphère buccale joue un rôle essentiel dans les improvisations de  Beatbox, le corps entre également en jeu pour scander des onomatopées ou rester immobile et silencieux,
à l'écoute des autres. Or, les difficultés motrices des pratiquants entraînent souvent des troubles de l’attention et de la concentration. Parfois, le relâchement nécessaire s'avère difficile à atteindre du fait de l'appareillage ou des douleurs. « L'équipe a été vigilante à ce que chacun soit bien installé lors de la relaxation, si besoin sur des matelas et des coussins, souligne l'orthophoniste. Nous pratiquons aussi des massages, picotements ou stimulations du visage et de la bouche. Grâce à ce travail, des sensations, des perceptions, de nouvelles possibilités de mouvements ont été découvertes. »

 

Une confiance en soi renforcée

 

L'objectif des professionnelles est atteint : les capacités orales des jeunes s'améliorent. Leur élocution progresse, leurs cordes vocales se relâchent et la modulation de leur voix est mieux contrôlée. À ces résultats s'ajoute le renforcement de l'estime de soi. Riches de ces progrès, les jeunes saisissent le micro en confiance et parfois même devant un public. Car, comme tout groupe de musique, l'atelier n'a pas manqué d'inviter des guest-stars comme le Beat Boxer Émeric Dossu, alias DJ Rico , des élèves d'un collège d'un quartier ou les familles, conviés à pratiquer l'exercice avec eux.

 

Pour l'heure, l'atelier se poursuit à un rythme régulier, une fois par semaine. Mais le tempo risque de se ralentir. En effet, si la donation de la Fondation Aéroports de Paris a permis l'achat du matériel musical et de relaxation, la rémunération des formateurs extérieurs apportant leur expertise musicale demeure aujourd'hui en question. Pour la poursuite du projet, le SESSD recherche donc des partenaires financiers ainsi que des musiciens. À bon entendeur... ►

par Carole Bourgeois

 

 

 

 

TÉMOIGNAGE

 

« On s’amuse beaucoup et on travaille en même temps. »

« J’ai 18 ans et je suis étudiant en histoire à l’Université d’Évry. J’ai pratiqué l’atelier Beatbox pendant six mois car j’avais des difficultés d’élocutions très spécifiques : je ne parvenais pas à prononcer les sons comme “ts”outz. Cela me

Fabien Deschamps

à été l’un des participants de l’atelier Art’beatbox du SESSD d’Évry

gênait beaucoup car l’histoire, une matière qui me passionne, s’écrit mais se raconte aussi. L’oralité s’avère donc fondamentale.

Ce qui m ‘a plu dans l’atelier, c’est que les professionnelles m’ont laissé le temps. Celui de me rendre compte de mes difficultés, de comment cela se passait dans ma bouche quand je butais sur les mots. Puis, de me confronter à cette technique, à mon rythme, en m’essayant sur différentes consonnes sifflantes redoutées. Elles m’ont encouragé sans relâche. Avec le Beatbox, On s’amuse beaucoup et on travaille en même temps. Depuis, je ne ressens plus de gêne particulière et j’ai passé mon premier examen oral à l’université sans difficulté particulière. »