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«POUVOIR BIEN
VIEILLIR AVEC UN HANDICAP », trimestriel GIPHV,
N°11.01.2007
Editeur : Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr
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9 Les blessés portent les lambeaux de
leur vie en bandoulière ; mais parce qu’ils ont été si durement touchés,
c’est leur blessure même qui peut devenir paradoxalement leur ressource,
leur ressource insoupçonnée pour continuer à vivre et même pour reconstruire
leur vie.
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39 Quand on est blessé, commence donc une
autre vie marquée par le traumatisme ; elle donne lieu à une profonde
métamorphose… Autrement dit, vivre avec ses blessures est le symptôme même du
survivant ; il est blessé dans toute sa vie et c’est en cela qu’il n’est
plus le même.
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40 Le blessé doit vivre avec
l’irréparable ; il est pris dans une tourmente intérieure qui le renvoie
sans cesse à son passé ; ce passé infernal dont il ne peut se débarrasser…
malgré lui, il reste en quelque sorte scotché à ce passé dont il ne peut
se défaire.
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41 Le fait de se trouver ramené de
manière répétitive au passé a pour conséquence de figer la dynamique temporelle :
passé, présent, avenir, et de la geler en quelque sorte dans l’étau du
traumatisme.
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42 Le fait d’être envahi par le passé
mine la vie. Autrement dit, en raison de cette fixation, le blessé ne vit
plus ; sa vie est comme immobilisée et devient en quelque sorte comme un
temps mort.
P
43 Cette impossibilité d’oublier
est un sentiment familier aux grands blessés de la vie ; il s’impose à
beaucoup comme une sorte d’évidence.
P
45 Les remous du présent. Une
illustration est ce que les spécialistes appellent la réactualisation de
l’événement traumatique, c’est à dire sa résurgence vécue comme expérience
présente et non passée.
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51 Une blessure transmissible ?
Le traumatisme des rescapés est en fait bien plus qu’un ensemble de symptômes,
il représente une telle dégradation, un tel engloutissement de la vie qu’il est
une expérience psychologique susceptible de marquer leurs propres enfants.
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52 Les blessés sont des êtres
meurtris. …Cette souffrance transforme leur vie en une expérience du
malheur. …Elle est le mal de vivre du blessé ; c’est la douleur de son
âme.
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70, 71 La souffrance des blessés, c’est
aussi la honte et la culpabilité. De quoi sont-ils honteux et
coupables ? Ils portent leur survie comme une faute, la faute d’exister
encore. C’est pourquoi ils sont pour la plupart habités par la honte. Cette
faute qu’ils n’ont pas commise… développe un sentiment de culpabilité qui leur
colle à la peau…
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93 Un traumatisme laisse globalement une
personne boiteuse, dans ce qu’elle est et dans ce qu’elle vit socialement…
Le milieu social dans lequel le blessé est revenu n’est plus son milieu ;
il n’y est plus tout à fait chez lui, il est resté dans un autre monde.
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98 En dépit de leur vie cassée, les blessés
gardent, pour la plupart, des capacités de vivre… qui sont bien réelles et
souvent insoupçonnées… Il leur reste des ressources de vie au cœur de leur
immense détresse… La résilience définit une capacité du psychisme à
encaisser ce qui nous a marqués, de sorte qu’on pourra continuer à vivre, sans
forcément avoir à supporter toutes les conséquences d’un traumatisme.
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105 Pour beaucoup, l’enjeu est le
même : on s’adapte pour moins souffrir. Autrement dit, vivre avec
ses blessures, c’est composer avec son mal ; c’est atténuer le côté
douloureux de sa vie pour la rendre supportable.
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108 Pour supporter leurs vies
difficiles, les blessés s’entourent également de carapaces qui leur assurent
une sorte de blindage psychologique ; il immunise contre tout ce
qui peut faire mal. …Ils vont au fil du temps, se rendre insensibles à tout ce
qui fait souffrir.
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109 Une expression complémentaire, c’est
l’enfermement dans sa coquille et la création d’un monde intérieur.
P 146 Le
travail opéré dans une psychothérapie ne guérit pas, il est
guérisseur ; c’est un processus qui ne s’arrête pas avec la fin d’une
thérapie ; il instaure au contraire une autre attitude face à sa blessure,
celle d’un désir retrouvé de vivre.
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151 La mémoire possède une capacité à
fabriquer de faux souvenirs. …Le souvenir est un processus complexe de
reconstitution mettant en œuvre un ensemble d’éléments… qui font de la mémoire
un acte de reconstruction, c’est-à-dire de reconfiguration du passé. …D’où
quelqu’un est capable de créer un souvenir traumatique, alors que
l’expérience à laquelle il se réfère n’a pas eu lieu.
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156 Les trous de mémoire.
Pour les criminels, le passé, c’est du passé, ils font comme s’il n’avait pas réellement existé, …ils le nient plus qu’ils ne l’oublient. Ils ne veulent plus y penser, ils le balayent de leur conscience. …Les criminels ont ainsi tendance à développer, par rapport à leurs actes passés, des types d’attitudes et d’arguments qui consistent à les vider littéralement de leur contenu inhumain ; là, réside la véritable négation de leur passé.
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171 Le travail de mémoire des victimes
débouche sur un autre rapport à soi-même, qui transforme la conscience de
victime en conscience de responsabilité. Le travail de mémoire ouvre sur
l’engagement. …C’est dans sa propre implication contre les injustices et
les violences actuelles que réside la possibilité de surmonter sa propre
mémoire blessée.
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191 Celui qui apaise une personne
blessée, donne un sens éthique à la réparation, en raison même du lien qui nous
unit et fait de tout homme mon semblable. Alors les gestes réparateurs
n’agissent pas seulement sur la personne blessée, mais également sur
soi-même.
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203 Reconnaître sa faute et demander
pardon, c’est le problème du coupable : s’il ne demande pas à être
pardonné, il n’y aura pas de pardon pour lui… Même si le coupable n’a
pas demandé pardon, c’est le fait de pardonner qui reste le problème de la
victime.
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208-209 Le pardon est
fondamentalement le retournement du sentiment de haine. …Pardonner est un
processus psychique par lequel on cesse de haïr, c’est à dire d’être
enchaîné à son état victimaire… cesser de haïr peut durer des années, voire
toute une vie.
Malgré
les déterminations qui pèsent sur la vie psychique, la réversibilité de nos
sentiments, de nos affects, reste également un de ses aspects essentiels ;
le pire n’est donc jamais certain, rien n’est entièrement irrémédiable,
rien n’est jamais définitivement consommé.
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219 On observe chez ceux qui
pardonnent non seulement une diminution de leur état dépressif et de
leur amertume, mais aussi des modifications au niveau de leur
engagement, du sens de leur responsabilité et de leur affection envers
autrui.
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224 On n’est pas résilient une fois
pour toutes ; être résilient, c’est une façon de se reconstruire qui
n’est pas acquise définitivement.
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226 L’expérience des blessés révèle un
ultime enjeu de guérison : faire de sa blessure un moteur pour avancer
dans sa vie ; l’épreuve peut alors devenir un tremplin et la
souffrance une force, une force pour revivre.
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232 Se reconstruire. En dépit de
ce qui les a détruits, les blessés ont le pouvoir de se reconstruire ;
cette faculté de revivre dépend d’eux.
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233 Quand quelqu’un subit un dommage,
c’est lui-même qui se fait souffrir et non pas les autres. Aussi pour se
reconstruire, il faut d’abord cesser de se faire du mal…
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234 La reconstruction psychique
apparaît comme la capacité de faire un bon usage de notre vie ; elle est
une matière à travailler en vue de son accomplissement humain.
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237 Se reconstruire, c’est
transcender le sentiment de son propre malheur. …C’est lorsqu’il arrive à
se consacrer par exemple à une cause, que le blessé se détache de son identité
d’être souffrant.
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238 Surmonter ses blessures.
C’est en investissant sa vie que le blessé se répare, la vie ne revient pas
tout seul, il faut la rappeler du fond de soi-même.
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239 …Un type d’engagement semble plus
réparateur que d’autres : c’est lorsqu’une victime s’implique soit pour apporter
son aide à d’autres victimes, soit pour prendre en charge un type de
détresse.
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247 Choisir de vivre. La mort
psychique qui ronge l’âme blessée ne peut être vaincue que si on choisit de
vivre… Ce choix-là se greffe dans les profondeurs de l’être et fait appel à un
ensemble de dispositions intérieures qui mobilisent les facultés blessées
(affects, émotions, pensées), pour les réorienter et en faire des vecteurs de
vie.
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250 La transformation de la vie liée au
choix de vivre, produit à son tour de nouvelles attitudes face à la vie.
L’une des plus révélatrices réside dans cette force intérieure, toute
particulière, acquise par celui qui a traversé l’épreuve ; elle se
caractérise notamment par une forme d’impassibilité qui consiste à ne plus
se laisser impressionner par les contingences immédiates.