Sections du site en Octobre 2009 :  Ajouts successifs d’articles -- Sujets d’articles à traiter – Pour publier --  Post-Polio -- L'aide à domicile -- Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien -- L’animal de compagnie --  Histoires de vie  --  Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –

 Le  webmestre.

 

RETOUR A LAPAGE D’ACCUEIL : CLIC            AUTEURS, TITRES DE TOUS  LES  ARTICLES : CLIC         SYNTHESE GENERALE: CLIC

 

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

 

 «POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,trimestriel GIPHV. N°12; 04, 2007

 Editeur :Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr                                                      

 Site web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm

 

LA MAISON DES BABAYAGAS A MONTREUIL 93. L’ART DE BIEN VIEILLIR ;

UNE UTOPIE REALISTE OU NON ?

 

Eveline BARRAL

 

Résumé 

La maison des Babayagas est une résidence collective prévue pour une vingtaine

de dames âgées  autonomes, et autogérée. Sa construction démarre en mars 2007.

 

 Eveline Barral 

 Professionnelle qui milite pour « vieillir autrement ». A 23 ans les personnes âgées m’interpellaient déjà dans le service de gériatrie où je faisais un stage lors de mes études d’infirmière en Angleterre. Après mon expérience hospitalière, je me suis formée en santé publique et de retour en France (il y a 23 ans) en gestion. J’ai été directrice de structures associatives médico-sociales et médicales, jusqu’à 58 ans .

 Je souhaite prolonger ma profession et contribuer à mettre en place un vrai accompagnement de la personne en perte d’autonomie, pour conserver sa dignité jusqu’à son dernier souffle et chaque fois que possible au sein de son domicile.

J’ai pris connaissance de la maison des Babayagas, au travers du colloque « Peur de l’âge, Fleur de l’âge », à Montreuil en mars 2007,  auquel j’ai participé.

(Le terme de vieux sera utilisé pendant tout le colloque car choisi par le public composé pour une grande partie de personnes au-delà de 50 ans et qui ne veut pas tergiverser sans fin sur l’appellation.) Je préfère personnellement le terme d’aînés.

 

                                                      °°°°°°°°°°°°°°°°°°

Origine du terme Babayagas.

Lors des Ecossolies de Nantes en 2006 [1] Monique Bragard explique pourquoi l’appellation des Babayagas ? « Ce nom me plaisait beaucoup dit Monique dans un sourire moqueur et satisfait. Vous savez, ce sont ces sorcières russes qui racontent des histoires aux gamins avant de les boulotter. Elles sont aussi des passeuses et des initiatrices.

[1] Ouest France 07-08 2006 « Des militantes ouvrent leur « maison de retraite » 

 

Quatre principes de base :

 « Un projet innovant qui leur permettra, même jusqu’à un âge avancé de poursuivre et finir leur vie dans leurs murs, entourés de compagnes ayant fait le même choix de vie, aidées par des bénévoles uniquement. Cette maison sera :

         Autogérée, n’acceptant d’aide extérieure que le moins possible et pour pallier des forces déclinantes l’attention soutenue aux soins du corps, tout à la fois, plaisir et exigence.

         Solidaire, en respectant et préservant l’intimité de chacune, elles s’aideront ensemble à bien vieillir et à mourir.

         Citoyennes, elles seront ouvertes sur la ville, actives autour d’elles, articulant vie politique, sociale et culturelle.

         Ecologique, la maison sera construite par l’OPHLM avec une exigence d’économie d’énergie et de respect de l’environnement. Dans son fonctionnement elles veilleront à une gestion rigoureuse de l’eau, des énergies, des déchets. »

 

Un projet sur le long terme

Ce projet s’est construit sur de longues années et les a sans doute déjà toutes aidées à arriver jusque ici. Thérèse Clerc, présidente de l’association des Babayagas, a 80 ans maintenant et elle raconte :

«  La vieillesse se passe mieux quand on la vie ensemble. Cela a demandé de longues démarches, le maire nous a donné un terrain dans le centre ville et l’office des HLM en fera la construction. Chacune aura un studio de 35 m2, avec douche, toilettes et cuisine. La vie y sera semi collective, semi solitaire. Le matin dans son studio, chacune vaque à ses besoins, l’après-midi sera consacré au travail par équipe. Des bénévoles nous aideront à faire tourner la maison.
Rien qu’entre femmes, c’est mon choix, je privilégie les femmes ! Nous sommes sept fois plus de femmes que d’hommes à notre âge, plus pauvres aussi. La vieillesse n’empêche pas d’avoir une vie sexuelle ; cela permet aussi de rester jeune, c’est cela la vie ! »

A ce jour, il ne reste que quelques places disponibles parmi les 19 prévues au total.

Tout semble finalisé, jusqu’à leur charte de fonctionnement.

 

Vers une extension du nombre de projets type Bagayaga,

Leur projet se développe dans d’autres parties de France et elles sont sollicitées à un niveau européen.

Elles n’ont peut-être pas pensé à tout, mais elles ont réfléchi à de nombreux avatars plausibles. Lors des possibles « dérapages », communs à tous groupes elles ont pensé à faire appel à un médiateur en cas de désaccord. Elles considèrent que se maintenir en santé relève du devoir civique et ont décidé de « jouer » même la solidarité financière entre elles.

 

Un modèle économique alternatif viable ?

Les babayagas ont à prouver au pouvoir politique qu’elles sont aussi un modèle économique alternatif viable. Il faut en parallèle soutenir une révolution culturelle avec les enseignants des auxiliaires de vie, infirmières et docteurs et les chercheurs.

Les babayagas s’inscrivent en rupture d’une vision du désengagement des retraités dans leur volonté d’agir sur leur environnement et leur existence jusqu’au bout de leur vie. Elles affirment leur ambition de changer les représentations de la vieillesse et des modes de fonctionnement des services ; elles sont dans la continuité de leur engagement militant.

 

UNISAVIE, Université du Savoir des Vieux, en parallèle.

Par leur réflexion et leurs actions, elles se sont déjà aussi engagées à faire évoluer les regards et les comportements à l’égard des vieux, même si souvent les idées neuves sont parfois dérangeantes.

Loin d’être dans une démarche d’assistance, ces « vieilles folles » comme elles prennent plaisir à le souligner elles-mêmes, portent une vue lucide sur leur avenir et continuent leur vocation à être utiles. Leur richesse restera dans la production de « lien social ».

Elles ont, en parallèle, créé l’Université du Savoir des Vieux (UNISAVIE).

Jean Bourrieau est chargé de mission au Conseil Général pour l’éducation populaire. Cette dernière  conjugue expertise savante et expertise citoyenne, et fait le pari de l’intelligence collective. Si les jeunes sont peu considérés c’est parce qu’ils ne seront citoyens que demain, et les vieux, ne le sont plus car ils étaient citoyens hier. Il a fait un rapide historique de l’éducation populaire depuis la fin du 19ème siècle, dans lequel il estime que UNISAVIE a toute sa place. Développer des énergies pour apprendre à savoir et à vouloir. Du fait du nombre à venir des vieux, ils doivent eux-mêmes être à l’origine des thèmes pour réfléchir ensemble et agir par des propositions. Ils ont une expertise citoyenne.

Exemple : ils peuvent être une base de formation pour les formateurs sociaux pour construire un autre regard, d’autres pratiques avec tous les professionnels.

 

 

La vieillesse comme force politique émergente ?

Parmi d’ autres exposés, citons Jean-Philippe Viriot - Durandal, sociologue, auteur du « Pouvoir gris » ( PUF, 2003). Il a développé son point de vue d’une vieillesse comme force politique émergente. Partant de l’expérience des maisons de retraite ressenties parfois comme infantilisant et même dégradant, il pense que les propositions des babayagas sont en elles-mêmes une expérience scientifique intégrant des formes de pensées novatrices.

Les évènements de mai 68 préfigurent le pouvoir d’une génération qui a voulu changer le monde et a fait le bilan de ses échecs. Les retraités du babyboom arrivent et ont un profil socio-économique les conduisant à  davantage exprimer  leurs besoins et défendre leurs intérêts. Ils pourraient devenir des « veilleurs » politiques.

                                                 °°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 

Appréciation, réflexions de Eveline Barral .

« Comme je le ressens si souvent au contact de mes aînés, ils n’ont plus rien à prouver à qui que ce soit. Les babayagas, avec beaucoup de détermination mais aussi sans doute un peu trop d’arrogance à l’égard des hommes qu’elles excluent de leur projet, mais non de leur vie quotidienne, nécessairement dérangent.

Elles s’efforcent de rester citoyennes dans leur communauté de Montreuil, et ne peuvent pallier à toutes les solutions pour toutes les personnes âgées. Cette population est aussi diversifiée que le reste de la population. Elles ont l’avantage et l’inconvénient de se choisir ; cette expérience ne peut pas sans doute être généralisée, même si d’autres femmes comme d’autres hommes leur témoignent leur envie de les suivre ou/ et de construire leur propre maison.

Laisseraient-elles une place, une parole pour des personnes malades ou handicapées psychiquement ?

Montreuil, historiquement comme idéologiquement est aussi une commune bien spécifique, mais ne compte pas uniquement 19 femmes ayant besoin de solution face à la perte d’autonomie.

 

Le colloque a été riche en rencontres ! Vivre le quotidien avec ces « belles vieilles » ne serait pas pour moi. Renforcer la solution du maintien à domicile reste plus dans ma ligne de mire.

Le soutien à domicile existe, il reste insuffisant ; les limites des foyers logements et maisons de retraite pourraient faire le sujet d’un article à part entière. Cela dit d’énormes progrès ont été faits et continuent d’être mis en place. Les aspirations réelles ou en tout cas affichées des personnes âgées étant le plus souvent de « rester chez soi », en donnant à « chez soi » le sens de l’ habitat de son avant vieillesse avérée.

Continuer d’innover pour que les familles et les bénévoles ne soient pas submergés, et que ceux qui ont des revenus plus que modestes ne soient pas laissés pour compte.

 

Les babayagas sont sans doute une utopie à la fois réaliste et irréaliste. Au sens de l’expérimentation, peu onéreuse pour la société, stimulante pour les résidentes et leur entourage, elles méritent d’être encouragées et soutenues politiquement.

Mais elles ne peuvent pas  remplacer les autres possibilités évoquées ci-dessus, et d’autres aussi comme les logements regroupés ou l’accueil chez des particuliers.

 Elles ont sans doute tort d’exclure une partie de la société, et déjà les hommes.

 Elles savent mobiliser mais quelle place est laissée à ceux et celles qui ne peuvent pas ou qui ne savent pas ?

Elles ont en tout cas le mérite de ne pas capituler devant leur propre vieillesse, et peuvent ainsi servir de repère  pour un bien vivre le grand âge ! »

 

                                         °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 

Quelques coordonnées Internet.

 

Eveline Barral :  eve-line9.barral@wanadoo.fr

 

Henri Charcosset: bien.vieillir@club-internet.fr

Sur ce site:  une section: CLIC qui regroupe des contributions originales sur le pouvoir bien être chez soi , quand on vieillit sans ou avec handicap avéré. Le “chez soi” en question étant d’un type ou d’un autre selon affinité et besoins de la personne en situation. Témoigner, publier sur  ce site est ouvert  à toute personne à forte motivation personnelle ou/et autre pour le sujet.

 

La maison des Babayagas: http://lamaisondesbabayagas.aceboard.fr/

UNISAVIE : http://www.lamaisondesbabayagas.org/pages/unisavie.html