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«POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN
HANDICAP »,trimestriel GIPHV. N°12; 04, 2007
Editeur :Henri Charcosset,
E-Mail : charcohe@club-internet.fr
Site
web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm
UNE UTOPIE REALISTE OU NON ?
Eveline BARRAL
Résumé
La maison des Babayagas est
une résidence collective prévue pour une vingtaine
de dames
âgées autonomes, et
autogérée. Sa construction démarre en mars 2007.
Eveline
Barral
Professionnelle qui milite pour
« vieillir autrement ». A 23 ans les personnes
âgées m’interpellaient déjà dans le service de
gériatrie où je faisais un stage lors de mes études
d’infirmière en Angleterre. Après mon expérience
hospitalière, je me suis formée en santé publique et de
retour en France (il y a 23 ans) en gestion. J’ai été
directrice de structures associatives médico-sociales et
médicales, jusqu’à 58 ans .
Je souhaite prolonger ma profession et
contribuer à mettre en place un vrai
accompagnement de la personne en perte d’autonomie, pour conserver sa
dignité jusqu’à son dernier souffle et chaque fois que
possible au sein de son domicile.
J’ai pris connaissance
de la maison des Babayagas, au travers du colloque « Peur de
l’âge, Fleur de l’âge », à Montreuil
en mars 2007, auquel j’ai
participé.
(Le terme de vieux sera utilisé pendant tout le colloque car
choisi par le public composé pour une grande partie de personnes
au-delà de 50 ans et qui ne veut pas tergiverser sans fin sur
l’appellation.) Je préfère personnellement le terme
d’aînés.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Origine du terme Babayagas.
Lors des
Ecossolies de Nantes en 2006 [1]
Monique Bragard explique pourquoi
l’appellation des Babayagas ? « Ce nom me plaisait beaucoup
dit Monique dans un sourire moqueur et satisfait. Vous savez, ce sont ces sorcières russes qui racontent
des histoires aux gamins avant de les boulotter. Elles sont aussi des
passeuses et des initiatrices.
[1] Ouest France 07-08 2006 «
Des militantes ouvrent leur « maison de retraite »
Quatre principes de base :
« Un projet innovant qui leur
permettra, même jusqu’à un âge avancé de
poursuivre et finir leur vie dans leurs murs, entourés de compagnes
ayant fait le même choix de vie, aidées par des
bénévoles uniquement. Cette maison sera :
Autogérée,
n’acceptant d’aide extérieure que le moins possible et pour
pallier des forces déclinantes l’attention soutenue aux soins du
corps, tout à la fois, plaisir et exigence.
Solidaire, en
respectant et préservant l’intimité de chacune, elles
s’aideront ensemble à bien vieillir et à mourir.
Citoyennes, elles
seront ouvertes sur la ville, actives autour d’elles, articulant vie
politique, sociale et culturelle.
Ecologique, la
maison sera construite par l’OPHLM avec une exigence
d’économie d’énergie et de respect de
l’environnement. Dans son fonctionnement elles veilleront à une
gestion rigoureuse de l’eau, des énergies, des
déchets. »
Un projet sur le long terme
Ce projet s’est
construit sur de longues années et les a sans doute déjà
toutes aidées à arriver jusque ici. Thérèse Clerc,
présidente de l’association des Babayagas, a 80 ans maintenant et
elle raconte :
« La vieillesse
se passe mieux quand on la vie ensemble. Cela a demandé de longues
démarches, le maire nous a donné un terrain dans le centre ville
et l’office des HLM en fera la construction. Chacune aura un studio de
Rien qu’entre femmes, c’est mon choix, je privilégie les
femmes ! Nous sommes sept fois plus de femmes que d’hommes à notre
âge, plus pauvres aussi. La vieillesse n’empêche pas
d’avoir une vie sexuelle ; cela permet aussi de rester jeune, c’est
cela la vie ! »
A ce jour, il ne reste que
quelques places disponibles parmi les 19 prévues au total.
Tout semble finalisé,
jusqu’à leur charte de fonctionnement.
Vers une extension du nombre de projets type Bagayaga,
Leur projet se
développe dans d’autres parties de France et elles sont
sollicitées à un niveau européen.
Elles n’ont
peut-être pas pensé à tout, mais elles ont
réfléchi à de nombreux avatars plausibles. Lors des
possibles « dérapages », communs à tous
groupes elles ont pensé à faire appel à un
médiateur en cas de désaccord. Elles considèrent que se
maintenir en santé relève du devoir civique et ont
décidé de « jouer » même la
solidarité financière entre elles.
Un modèle économique
alternatif viable ?
Les babayagas ont à
prouver au pouvoir politique qu’elles sont aussi un modèle
économique alternatif viable. Il faut en parallèle soutenir une
révolution culturelle avec les enseignants des auxiliaires de vie,
infirmières et docteurs et les chercheurs.
Les babayagas
s’inscrivent en rupture d’une vision du désengagement des
retraités dans leur volonté d’agir sur leur environnement
et leur existence jusqu’au bout de leur vie. Elles affirment leur
ambition de changer les représentations de la vieillesse et des modes de
fonctionnement des services ; elles sont dans la continuité de leur
engagement militant.
UNISAVIE, Université du Savoir des Vieux, en
parallèle.
Par leur réflexion et
leurs actions, elles se sont déjà aussi engagées à
faire évoluer les regards et les comportements à
l’égard des vieux, même si souvent les idées neuves
sont parfois dérangeantes.
Loin d’être dans
une démarche d’assistance, ces « vieilles
folles » comme elles prennent plaisir à le souligner
elles-mêmes, portent une vue lucide sur leur avenir et continuent leur
vocation à être utiles. Leur richesse restera dans la production
de « lien social ».
Elles ont, en
parallèle, créé l’Université du Savoir des
Vieux (UNISAVIE).
Jean Bourrieau
est chargé de mission au Conseil Général pour
l’éducation populaire. Cette dernière conjugue expertise savante et expertise
citoyenne, et fait le pari de l’intelligence collective. Si les jeunes
sont peu considérés c’est parce qu’ils ne seront
citoyens que demain, et les vieux, ne le sont plus car ils étaient
citoyens hier. Il a fait un rapide historique de l’éducation populaire depuis la fin du 19ème
siècle, dans lequel il estime que UNISAVIE a toute sa place.
Développer des énergies pour apprendre à savoir et
à vouloir. Du fait du nombre à venir des vieux, ils doivent
eux-mêmes être à l’origine des thèmes pour
réfléchir ensemble et agir par des propositions. Ils ont une
expertise citoyenne.
Exemple : ils peuvent
être une base de formation pour les formateurs sociaux pour construire un
autre regard, d’autres pratiques avec tous les professionnels.
La vieillesse comme force politique
émergente ?
Parmi d’
autres exposés, citons Jean-Philippe Viriot - Durandal, sociologue,
auteur du « Pouvoir gris » ( PUF, 2003). Il a
développé son point de vue d’une vieillesse comme force
politique émergente. Partant de l’expérience des maisons de
retraite ressenties parfois comme infantilisant et même dégradant,
il pense que les propositions des babayagas sont en elles-mêmes une
expérience scientifique intégrant des formes de pensées
novatrices.
Les
évènements de mai 68 préfigurent le pouvoir d’une
génération qui a voulu changer le monde et a fait le bilan de ses
échecs. Les retraités du babyboom arrivent et ont un profil
socio-économique les conduisant à davantage exprimer leurs besoins et défendre leurs
intérêts. Ils pourraient devenir des
« veilleurs » politiques.
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Appréciation, réflexions de Eveline
Barral .
« Comme je le
ressens si souvent au contact de mes aînés, ils n’ont plus
rien à prouver à qui que ce soit. Les babayagas, avec beaucoup de
détermination mais aussi sans doute un peu trop d’arrogance
à l’égard des hommes qu’elles excluent de leur
projet, mais non de leur vie quotidienne, nécessairement
dérangent.
Elles s’efforcent de
rester citoyennes dans leur communauté de Montreuil, et ne peuvent
pallier à toutes les solutions pour toutes les personnes
âgées. Cette population est aussi diversifiée que le reste
de la population. Elles ont l’avantage et l’inconvénient de
se choisir ; cette expérience ne peut pas sans doute être
généralisée, même si d’autres femmes comme d’autres
hommes leur témoignent leur envie de les suivre ou/ et de construire
leur propre maison.
Laisseraient-elles une place,
une parole pour des personnes malades ou handicapées
psychiquement ?
Montreuil, historiquement
comme idéologiquement est aussi une commune bien spécifique, mais
ne compte pas uniquement 19 femmes ayant besoin de solution face à la
perte d’autonomie.
Le colloque a
été riche en rencontres ! Vivre le quotidien avec ces
« belles vieilles » ne serait pas pour moi. Renforcer la
solution du maintien à domicile reste plus dans ma ligne de mire.
Le soutien à domicile
existe, il reste insuffisant ; les limites des foyers logements et maisons de
retraite pourraient faire le sujet d’un article à part
entière. Cela dit d’énormes progrès ont été
faits et continuent d’être mis en place. Les aspirations
réelles ou en tout cas affichées des personnes âgées
étant le plus souvent de « rester chez soi », en
donnant à « chez soi » le sens de l’ habitat
de son avant vieillesse avérée.
Continuer d’innover
pour que les familles et les bénévoles ne soient pas
submergés, et que ceux qui ont des revenus plus que modestes ne soient
pas laissés pour compte.
Les babayagas sont sans doute
une utopie à la fois réaliste et irréaliste. Au sens de
l’expérimentation, peu onéreuse pour la
société, stimulante pour les résidentes et leur entourage,
elles méritent d’être encouragées et soutenues
politiquement.
Mais elles ne peuvent
pas remplacer les autres
possibilités évoquées ci-dessus, et d’autres aussi
comme les logements regroupés ou l’accueil chez des particuliers.
Elles ont sans doute tort d’exclure
une partie de la société, et déjà les hommes.
Elles savent mobiliser mais quelle place
est laissée à ceux et celles qui ne peuvent pas ou qui ne savent
pas ?
Elles ont en tout cas le
mérite de ne pas capituler devant leur propre vieillesse, et peuvent
ainsi servir de repère pour
un bien vivre le grand âge ! »
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Quelques coordonnées Internet.
Eveline Barral : eve-line9.barral@wanadoo.fr
Henri Charcosset: bien.vieillir@club-internet.fr
Sur ce site: une section: CLIC qui
regroupe des contributions originales sur le pouvoir bien être chez soi ,
quand on vieillit sans ou avec handicap avéré. Le “chez
soi” en question étant d’un type ou d’un autre selon
affinité et besoins de la personne en situation. Témoigner,
publier sur ce site est ouvert à toute personne à forte
motivation personnelle ou/et autre pour le sujet.
La maison des Babayagas: http://lamaisondesbabayagas.aceboard.fr/
UNISAVIE :
http://www.lamaisondesbabayagas.org/pages/unisavie.html