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Avril  2014

 

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poplexie, congestion, attaque cérébrale, accident vasculaire cérébral : quatre termes pour désigner un accident de santé qui touche 150 000 Français chaque année, un toutes les quatre minutes. Pourtant, une enquête Ipsos/Boehringer Ingelheim (octobre 2013) indique que moins d'un Français sur deux sait en repérer les premiers signes d'alerte, et 31 % ignorent qu'il faut composer le 15 de toute urgence. Pour limiter la gravité et les effets secondaires de l'accident, rejoindre sans tarderun service spécialisé est en effet déterminant. La prise en charge de l'AVC, en urgence et au fil de la rééducation, a beaucoup progressé ces dernières années, autant en bénéficier !

 

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quatre heures trente pour agir

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'AVC est un arrêt brutal de la circulation sanguine au niveau du cerveau, en raison soit d'un caillot, soit d'une hémorragie. Les premières heures suivant sa survenue sont donc capitales : à chaque minute perdue, quatre millions de neurones sont détruits par manque d'oxygène. Rétablir au plus vite la circulation s'avère déterminant pour limiter les lésions et leurs séquelles. « Jusqu'à quatre heures trente après les premiers symptômes, le patient doit être dirigé vers une unité neurovasculaire pour bénéficier d'une thrombolyse », explique le Dr France Woimant, neurologue vasculaire à l'hôpital Lariboisière, à Paris,et chargée de mission sur les AVC à l'Agence régionale de santé d'Île-de-France.

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e traitement appliqué aux victimes d’infarctus cérébral (thrombolyse ou fibrinolyse) consiste à injecter en intraveineuse des molécules qui vont dissoudre le caillot. Si ce n'est pas suffisant, les neurologues peuvent délivrer le même produit directement au contactdu caillot (thrombolyse intra-artérielle), en passant un microcathéter à partir de l'aine.Il faut parfois jusqu'à une heure pour atteindre la zone, c'est pourquoi il est possible,et plus efficace, de combiner les deux approches, le cathéter « finissant » localement le travail et pouvant capturer et extraire ce qui reste du caillot. Avant d'entreprendrece traitement, l'équipe médicale s'assure que l'AVC est bien d'origine ischémique (étape 4) et non hémorragique. Un scanner réalisé en urgence différencie les deux formes. Souvent, une IRM vient en préciser l'étendue. Face à une hémorragie cérébrale, les médecins sont plus démunis. Le Dr Woimant reconnaît : « Nous agissons surtout sur les symptômes pour éviter que la situation ne s'aggrave. Dans de très rares cas, une opération peut  être envisagée pour stopper l'hémorragie ou évacuer du sang. »

 

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ne prise en charge capitale

La prise en charge en unité spécialisée offre un réel gain de chances aux patients. Un travail mené par des neurologues dijonnais montre qu'une bonne orientation des malades fait baisser la mortalité de 18 % à 8,3 %. Le plan gouvernemental AVC 2010-2014 avait pour ambition la création de 140 unités neurovasculaires dansles hôpitaux. 120 sont déjà en place.  « Or, seul un patient sur deux y a accès, car ces unités sont souvent trop petites et manquent de lits, regrette le Dr Woimant. En attendant d'en augmenter la taille, nous formons les services d'urgence et nous recourons à la télémédecine. »

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n tel système a ainsi été mis en place fin 2012 entre le CHU de Toulouse et le centre hospitalier Comminges-Pyrénées de Saint-Gaudens (Haute-Garonne), qui ne dispose ni d'une unité spécialisée, ni même d'un neurologue à temps plein. Grâce àla téléconsultation, le neurologue de Toulouse peut visionner les images d'examen du patient à distance, et même guider la thrombolyse réalisée par l'urgentiste deSaint-Gaudens. Une fois traité en urgence, le malade est ensuite transféré dans une unité neurovasculaire pour bénéficier d'une prise en charge pluridisciplinaire. Une deuxièmemi-temps, tout aussi importante, commence effectivement.

 

 

Rééduquer dès le premier jour

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es séquelles, plus ou moins importantes selon l'étendue de l'accident et la rapidité de la prise en charge initiale, sont courantes. Cinq personnes sur huit auront besoin de rééducation pour récupérer. Selon la zone du cerveau touchée, il pourra s'agir d'une hémiplégie, d'un trouble de l'équilibre, de la vue, de la déglutition, du langage ou encore de la mémoire. La qualité de la rééducation mise en place est alors décisive Le kinésithérapeute rencontre le patient dès le premier jour, même s'il est dans le coma. Il dresse un premier bilan et met au point un programme adapté, en liaison avec es différents intervenants de l'équipe médicale, explique Éric Delezie, référent national de l'Ordre des kinésithérapeutes pour la neurologie. « La rééducation est d'autant plus efficace qu'elle est démarrée tôt », insiste Alexandrine Saint-Cast, psychomotricienne. Kinésithérapeute, ergothérapeute, orthophoniste, psychomotricien, tous les intervenants visent le même but : maintenir les circuits de neurones survivants et stimuler le cerveau pour lui permettre de se réorganiser et de compenser les pertes. Le travail avec le kinésithérapeute améliore l'équilibre, la force musculaire, la coordination. L'ergothérapeute aide à réapprendre les gestes du quotidien (toilette, vaisselle, préparation des repas...). l' orthophoniste intervient en cas de troubles du langage, de la déglutition,de l'orientation dans l'espace. Au besoin, un orthoptiste et un psychologue pourront être sollicités. Après environ dix jours de rééducation intensive à l'hôpital, le programme se poursuit en centre (jusqu'à quatre heures par jour) ou à domicile.

 

Une récupération au fil des mois

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 La récupération, souvent spectaculaire durant les trois à six premiers mois, est progressive et prend parfois des années, encourage  Éric Delezie. Et c'est vrai aussi chez les patients plus âgés. » Mais les places en centre de soins de suite sont trop peu nombreuses et il arrive que les patients les plus âgés, hélas, sont moins facilement orientés vers ces établissements. Ce sont alors les kinésithérapeutes de ville qui prennent le relais, généralement à raison d'une séance d'une demi-heure tous les deux jours au minimum.Ces séances sont l'occasion de guider l'entourage pour aider à poursuivre la récupération au fil de la vie quotidienne, par des exercices à pratiquer aussi longtemps que le bilan de réévaluation, effectué au bout d'environ six mois, le préconise.

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 Si le médecin généraliste ne prescrit plus de rééducation, alors que la vie quotidienne reste difficile, il faut reprendre rendez-vous avec l'unité neuro-vasculaire ou avec un gériatre », estime  Éric Delezie. « Les patients ne prennent pas toujours leur maladie en main, ainsi 12 % ignorent si leur AVC est dû à un infarctus ou à une hémorragie, pointe le Dr Woimant. Or, il est primordial de le demander avant de quitter l'hôpital, notamment parce qu'en cas d'hémorragie, aspirine et anticoagulants sont proscrits. »

 

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COMPRENDRE L'AVC EN VIDÉO

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COMPRENDRE L'AVC EN VIDÉO

sur notretemps.com/santé Rubrique Vidéos

es succès s'engrangent à force de persévérance, au prix d'un entraînement sans relâche, que certains n'ont pas l'énergie ou la motivation de pratiquer, souvent parce qu'ils souffrent d'une dépression mal ou pas du tout soignée. n

               

 

« DES PROGRÈS, J'EN FAIS ENCORE TOUS LES JOURS »

                                                                            JEAN-MARIE PÉREZ, 70 ANS

 

« Après un infarctus cérébral en 2004, je me suis retrouvé paralysé du côté droit, totalement muet et avec des problèmes de déglutition. Avant, je parlais cinq langues, je les ai toutes perdues. Après un mois en centre de rééducation, je suis redevenu autonome à la marche, capable de m'exprimer : j'ai trouvé un processus photographique pour parler, comme si les mots défilaient sur un prompteur dans ma tête. Ma jambe droite reste trop faible pour remonter sur ma moto. Alors je me suis mis au scooter et au vélo. Tous les jours, certains de nos neurones meurent mais, jusqu'à la fin de notre vie, 30 000 nouveaux se mettent en place et il faut
les éduquer pour qu'ils soient fonctionnels !
»

 

 

 

MARIE DE HENNEZEL, PSYCHOLOGUE :

« NOS PROCHES ÂGÉS ONT PARTICULIÈREMENT BESOIN D'ÊTRE ENTOURÉS »

« Après un AVC, les personnes les plus âgées n'ont pas toujours la force de se battre pour remonter la pente. L'entourage est d'autant plus important. Se sentir aimé revitalise. Il faut dire au malade que nous croyons en sa capacité de récupérer. Mais aussi que, même s'il ne récupère pas entièrement, sa vie compte pour nous. Voilà l'essentiel.

Si la victime d'une AVC peine à parler, il faut mettre des paroles sur l'état d'esprit que nous devinons, essayer de verbaliser ce qu'elle éprouve :
« je peux me tromper, mais tu es peut-être angoissé, inquiet. Ça doit être dur ce que tu vis. Pour moi, c'est primordial de sentir ta présence,
ton regard, même si tu ne peux pas parler.
» Un tel discours peut déclencher des larmes, mais ces larmes font du bien au malade, il se sent moins seul. Enfin, les proches ne doivent pas culpabiliser de continuer à vivre. Sortir de temps en temps pour se ressourcer, faire des projets.
Cela évite au patient de se vivre comme un poids pour l'autre.
»