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 Novembre 2009

 

 

ARTHROSE : LA RETARDER, LA SOULAGER

 

Marie-Christine COLINON

 

Notre Temps Dossier - octobre 2009

 

 

Maladie articulaire fréquente, l’arthrose n’est pas un signe inéluctable du vieillissement. De nombreux moyens existent aujourd’hui pour prévenir son apparition et ralentir son évolution.

 

« Depuis six ans, mes épaules me font souffrir : j’ai beaucoup de mal à me coiffer ou à me laver le dos. C’est très handicapant... » Comme Claire, 58 ans (voir ci-dessous), six millions de Français souffrent d’arthrose. Une                     maladie qui s’installe progressivement, le plus souvent dans la hanche ou le genou, parfois la main, le cou, le bas du dos, et plus exceptionnellement l’épaule, la cheville, le coude ou le poignet. Passé 65 ans, seul un chanceux sur deux y échappe. Lorsqu’une douleur apparaît au fil de la journée et se calme avec un peu de repos,     ou lorsque la gêne se manifeste plusieurs jours avant de se faire oublier, c’est qu’il est temps d’agir. Et ce n’est pas parce que l’un de vos parents « en avait » qu’il faut baisser les bras. S’il n’existe pas de médicament miracle pour la guérir, les médecins savent désormais lui barrer la route.    

Une usure anormale du cartilage

 

L’arthrose s’attaque au cartilage qui recouvre les articulations. Jouant le rôle d’amortisseur et limitant les frottements entre deux surfaces osseuses, ce cartilage est composé de beaucoup d’eau (environ 70 %), d’une matrice servant de ciment (à base de collagène et de protéines sucrées) et de quelques chondrocytes, des cellules importantes puisqu’elles produisent les différents composants de sa structure. Le cartilage, en effet, se régénère continuellement. Si l’arthrose apparaît, c’est que les chondro­cytes ne parviennent plus à réparer son usure. À force de s’affiner, de se fragiliser, le cartilage se fissure tandis que le liquide synovial peine à éliminer ses débris. Ce qui déclenche l’inflammation, et les premières douleurs. Les deux extrémités osseuses glissent difficilement l’une sur l’autre, les mouvements deviennent plus difficiles. Si le processus n’est pas enrayé, les os de l’articulation se détériorent à leur tour, des cavernes (géodes) et des becs osseux (ostéophytes) se forment à leur surface, accroissant la douleur. Parfois, la fabrication excessive de liquide articulaire (épanchement de synovie) provoque en plus un gonflement. L’arthrose a souvent une composante hérédi­taire, mais les médecins se sont aperçu que des facteurs mécaniques jouent un rôle important dans son apparition.

 

Épargner ses articulations

 

Tout ce qui malmène l’articulation favorise  l’installation de la maladie : on pense d’abord à l’excès de poids (qui fatigue genoux et hanches) et aux traumatismes importants (fracture, opération). « Mais des microtraumatismes répétés des tendons ou des ligaments peuvent aussi être en cause », rapporte le Pr René-Marc Flipo, rhumatologue au CHU de Lille, citant l’impact néfaste de postures défectueuses (jambes arquées, genoux en X), de la pratique intense d’un sport ou d’une profession très physique.

La première mesure de prévention consiste à soigner les déformations articulaires de naissance, et à garder la ligne ou à la retrouver. « Les bénéfices sont énormes. Si on pèse 100 kg, maigrir de 10 % diminue de moitié le risque de souffrir d’arthrose du genou dix ans plus tard », chiffre le Pr Bernard Mazières, professeur de rhumatologie au CHU de Toulouse. « Et, si la maladie est déjà installée, perdre le même poids améliore les symptômes de 25 %. » Cela vaut la peine de demander l’aide d’un nutritionniste ou d’un diététicien.

Autre indice : la déformation exagérée des chaussures, sans doute signe d’une mau­vaise posture, qui doit inciter à consulter un podologue. Enfin, chacun doit apprendre à ménager ses articulations : plier les genoux pour soulever une charge, bien s’asseoir devant l’ordinateur... Faire rééquilibrer son orga­nisme par un ostéopathe ou un chiropracteur en cas d’entorse ou de douleur lombaire peut aussi se révéler protecteur, un bon profes­sionnel rectifiera à temps les mauvaises positions inconsciemment adoptées en compensation.

 

Pendant la crise : calmer l’inflammation et se reposer

 

Si la médecine ne guérit pas l’arthrose, un traitement adapté peut soulager et éviter son aggravation. Les trois premiers recours lors d’une crise sont aujourd’hui bien connus. La maladie évolue par poussées inflammatoires ? On va calmer l’inflammation par une application de glace (enveloppée dans un linge) sur l’ar­ticulation, la mettre au repos (canne du côté opposé au genou ou à la hanche touchés, attelle amovible pour les doigts), et contrer la dou­leur. « Le paracétamol soulage un malade sur deux, affirme le Pr Mazières, à condition d’être prescrit de façon correcte, en continu et à dose suffisante, jusqu’à quatre grammes par jour, en protégeant l’estomac. » Le Pr Flipo ajoute : « Lorsque les anti-inflammatoires sont néces­saires (aspirine, ibuprofène, diclofénac, etc.), il faut se souvenir qu’une action locale, mieux supportée, peut suffire. On les trouve en pom­made, gel ou patch. »

Quand la crise est particulièrement sévère, on peut recourir aux infiltrations de corticoïdes, limitées à trois par an. Elles font parfois peur, pourtant, peu douloureuses, elles apportent en quelques heures un soulagement de plu­sieurs semaines. Restent enfin les injections intra-articulaires d’acide hyaluronique, qui ont pris toute leur place dans le traitement. Si les bénéfices du lavage du genou sous arthros­copie sont assez discutés, l’introduction de ce gel visqueux, en revanche, a prouvé son intérêt pour calmer les douleurs en redonnant une bonne lubrification à l’articulation. De une à trois injections suffisent pour soulager en moyenne pendant huit mois.

Une fois la crise passée, on a souvent envie d’oublier son arthrose : erreur! C’est au contraire le moment idéal pour démarrer un traitement de fond et freiner la progression de la maladie. Le kinésithérapeute devient l’allié de choix.

 

Conjuguer les traitements résout 80 % des problèmes

 

Massages, physiothérapie et exercices sur mesure sont essentiels pour conserver sa mobilité, pré­venir la perte de tonus et corriger les postures incorrectes. Avec à la clé quelques mouvements à pratiquer chez soi chaque jour : ils constituent une part importante du traitement et sont véritablement efficaces! Les cures thermales associent à la kinésithérapie les vertus de leurs eaux et de leurs boues. Des études ont démon­tré que les patients réduisent ensuite la prise d’antidouleurs et d’anti-inflammatoires.

Il existe enfin des médicaments antiarthrosi­ques d’action lente : chondroïtine, diacérhéine, insaponifiables du soja (piasclédine) et gluco­samine. Leurs premiers effets sont visibles en deux à trois mois. Formés de molécules inter­venant dans la composition du cartilage, ils freinent sa dégradation et favorisent sa restau­ration. Plutôt bien tolérés (seule la diacérhéine occasionne dans un tiers des cas des diarrhées), ils peuvent être pris sur de longues périodes, et conjugués pour accroî­tre leur effet. Ils sont remboursés lorsqu’ils sont prescrits par un médecin. Seule la gluco­samine n’est pas prise en charge par l’Assurance maladie. « Elle est considérée malheureusement comme un nutricament », déplore le Pr Flipo. On la trouve en automédication (Voltaflex ®, 18 € par mois) et dans certains compléments alimentaires disponibles en pharmacie.

Le récent congrès de l’Eular (association euro­péenne de rhumatologie), qui s’est tenu à Copenhague en juin dernier, a confirmé que la recherche n’avait guère d’autres nouveautés à proposer. Les professionnels ont souligné cependant qu’on pourrait améliorer les résultats en utilisant avec plus de rigueur toute la pano­plie de traitements disponibles. Le Pr Bernard Mazières en est convaincu : « La rééducation à pratiquer chaque jour chez soi améliore de 30 % les symptômes, la perte de poids de 25 %, les médicaments de 20 %. En conjuguant tou­tes les ressources, on pourrait déjà soulager 80 % des personnes! »

 

Etre opéré en groupe, pour récupérer plus vite

 

Peu d’arthroses nécessitent une opération. Néan­moins, dans certains cas, la chirurgie peut devenir précieuse. On pose chaque année plus de 100 000 prothèses de hanche, environ 50 000 du genou et quelques prothèses d’épaule qui aident à repren­dre une vie normale, sans médicaments antidouleur. L’opération n’est jamais obligatoire mais fortement conseillée lorsque les radios montrent une détérioration très avancée, que le handicap est devenu très invalidant, et qu’il persiste malgré trois mois de traitement bien suivi. Il n’y a pas d’âge limite. Il faudra ensuite au moins un trimes­tre pour que le corps s’habitue à cette articulation artificielle et réapprenne à faire travailler en har­monie les muscles, ligaments et tendons affaiblis par les douleurs et la limitation d’activité anté­rieure. Les personnes qui vivent seules passent généralement trois semaines dans un centre de rééducation pour apprendre les mesures de précaution temporaires et récupérer.

Au CHU de Bordeaux, le Pr Dominique Chauveaux, chef du service orthopédie et traumatologie, pro­pose à certains patients d’être soigné en groupe. « J’en ai eu la preuve en l’observant à l’étranger : cela accélère la récupération. La durée d’hospita­lisation passe à sept jours au lieu de dix. La formule nécessite la présence d’une personne de l’entou­rage du malade. Les membres du groupe arrivent le jeudi soir, dînent ensemble, et sont opérés le lendemain. Dès le samedi, ils sont assis sur un fauteuil, habillés de vêtements de ville, et le kinésithérapeute transmet à leur « coach » fami­lial quelques conseils et mouvements à prati­quer. » Patients et aidants vivent ainsi en groupe le reste de la semaine - repas et rééducation inclus. « On n’a presque plus l’impression d’être à l’hôpital », confie un malade. Chacun repart rassuré, prêt à reprendre sa vie quotidienne. Une initiative qui pourrait bien faire école...

 

Odile, 86 ans : « On oublie vite la douleur »

 

J’ai commencé à avoir des problèmes vers 70 ans, qui sont très vite devenus très douloureux et handicapants. Malgré les cannes, je souffrais énormément en marchant. On m’a posé une prothèse de hanche il y a dix ans. J’en suis extrêmement contente. C’est fou comme on oublie vite combien on a eu mal, même si je sens parfois une petite gêne le matin au démarrage.

 

Claire, 58 ans : « J’ai gagné en mobilité grâce à mon régime »

 

J’ai été victime d’une hépatite médicamenteuse, je ne peux plus prendre aucun médicament, excepté de l’Efferalgan â, et un mélange d’huiles essentielles que j’applique en massages pour être soulagée plus rapidement. J’ai découvert le régime anti-arthrose grâce à l’aide d’une nutritionniste recommandée par mon médecin, qui voulait que je perde du poids. Je le suis sérieusement depuis deux mois et je n’en reviens pas : les douleurs ont nettement diminué et j’ai regagné beaucoup de mobilité aux épaules. En plus, ce n’est pas compliqué : je saupoudre tous mes aliments de graines de lin (ça n’a aucun goût, ça ne gâche rien !), j’ai adopté la margarine aux oméga 3 et l’huile de colza.

 

DENISE, 76 ANS : « Je me soigne avec l’homéopathie”

 

Je ne supporte pas les anti­-inflammatoires. Mon généraliste m’a prescrit de l’homéopathie, depuis deux mois : Phytolacca et Polygonum aviculaire en 6 CH et Tuberculinum en 7 CH, trois granules chacun, trois fois par jour. Les granules me soulagent, je peux continuer à faire mon jardin, même si j’ai mal au bras après avoir porté des arrosoirs pleins.

 

Quel sport choisir ?

 

Faire travailler régulièrement ses articulations - en dehors de toute poussée inflammatoire - les entretient et les assouplit. Une activité physique modérée et régulière est donc conseillée. Mieux vaut cependant demander conseil à votre médecin ou votre kinésithérapeute car, si la marche en terrain plat, les gymnastiques douces (yoga, tai-chi...) et la natation conviennent généralement à tous, certains sports peuvent être déconseillés. Le vélo est indiqué dans les arthroses de la hanche (si la selle est réglée à la bonne hauteur) mais à éviter avec un problème au genou, par exemple.

 

La diététique anti-arthrose

 

Certains aliments pourraient contribuer à ralentir l’évolution de l’arthrose en abaissant le niveau d’inflammation. Pour limiter la fréquence et l’intensité des crises, il est conseillé de manger davantage d’oméga 3, présents dans les poissons gras (sardine, maquereau, saumon), la mâche, les épinards, les huiles et margarines de colza ainsi que les graines de lin. Autres anti-inflammatoires naturels : le gingembre et le curcuma (qui entre dans la composition du curry), dont on peut saupoudrer légumes, féculents, poissons. « Nous avons intérêt à intégrer ces épices dans notre cuisine occidentale », suggère Cécile Bertrand, diététicienne, et auteur de La Diététique anti-arthrose (éd. Thierry Souccar). Les antioxydants (vitamines C et E notamment) semblent également empêcher la libération de radicaux libres accélérant la dégradation du cartilage. Ils sont présents dans les légumes et fruits très colorés : choux, betteraves, carottes, artichauts, tomates, agrumes, fruits rouges ou secs. Les coquillages en sont riches et apportent en plus zinc et sélénium bienfaisants.

 

Quand les anti-inflammatoires sont contre-indiqués...

 

Les médecines complémentaires peuvent contribuer à soulager et freiner l’évolution de l’arthrose, notamment lorsqu’on ne supporte pas les anti-inflammatoires. Voici les recommandations du Dr Didier Feltesse, coauteur du livre L’arthrose, soignez-la (éd. Delville, 15 €) et responsable du département universitaire de médecine manuelle et ostéopathie à l’université Paris-XIII.

- Trois oligo-éléments sont intéressants, le soufre, le manganèse et le cobalt, complétés par du potassium si l’inflammation est importante. À raison d’une ou deux ampoules le matin sous la langue, en cure de six semaines à six mois.

- L’homéopathie propose de nombreux remèdes, notamment Rhus toxicodendron (en 5 CH) quand la douleur est aggravée par l’humidité et Causticum si, à l’inverse, celle-ci l’améliore.

- Certaines plantes ont une action apaisante, surtout prises en association. Les plus efficaces : harpagophytum, feuille d’ortie, ginseng, curcuma, en cure de trois mois.

• L’acupuncture, enfin, peut calmer la douleur, voire l’inflammation.

 

A CONSULTER AVANT L’OPÉRATION

 

- Le site Internet de la Sofcot (Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique), qui regroupe 2200 chirurgiens spécialisés : www.sofcot.fr  , puis « espace grand public » et « annuaire ».

- L’excellente brochure La Prothèse en 100 questions, éditée

par l’Aflar (Association française de lutte antirhumatismale) : 2, rue Bourgon, 75013 Paris. Tél. 01 45 80 30 00. Des bénévoles offrent réconfort et informations au 0 810 42 02 42 (coût d’un appel local).