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«POUVOIR BIEN
VIEILLIR AVEC UN HANDICAP », trimestriel GIPHV,
N°11.01.2007
Editeur : Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr
Site web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm
Traditions religieuses et spiritualiste humaniste
face à la mort aujourd’hui.
Marie de HENNEZEL et Jean-Yves LELOUP
Ouvrage édité chez Robert Laffont en 1997
Extraits par Henri Charcosset
Page 19
Marie de HENNEZEL est psychologue de terrain ; elle interroge l’expérience quotidienne du soin donné à ceux qui vont mourir.
Jean Yves LELOUP, prêtre orthodoxe, interroge les grands textes spirituels de l’humanité.
INTRODUCTION.
Page16 : Le monde qui nous entoure ne nous apprend pas à mourir. Tout est fait pour cacher la mort, pour nous inciter à vivre sans y penser, sur le mode du projet, tendus vers des objectifs à atteindre, soutenus par des valeurs d’effectivité. Il ne nous apprend pas davantage à vivre. Tout juste à réussir dans la vie, ce qui n’est pas la même chose…Il ne faut pas être particulièrement religieux pour sentir que nous ne sommes pas sur terre pour passer notre vie à produire et à consommer.
Page 21 : Dans une société laïque comme la
nôtre, le spirituel n’est pas reconnu. Pire, il est suspect, parce que
confondu avec le religieux. Le déni de la mort, et la toute puissance de la
technique ont largement contribué à cet assèchement spirituel. A l’hôpital, on
soigne avant tout des corps malades. Quelle attention est portée à la vie
subjective des patients ? A leur affectivité ? A leur
intériorité ?
Page 25 Jean-Yves LELOUP. Le mot
« religion » a deux étymologies possibles, tout d’abord celle de religare
qui veut dire relier, entrer en relation avec ce qu’on considère comme un
absolu ou un essentiel. Cette étymologie est le sens habituel du mot
« religion »… Il existe également une autre étymologie : religere,
qui signifie « relire ».Relire un événement pour essayer d’en
extraire, d’en découvrir la signification.
Page 27 Jean-Yves LELOUP. La spiritualité, c’est
« faire un pas de plus » dans l’acceptation de ma fatigue, dans
l’acceptation de mes limites, limites de mon intelligence, de mon
incompréhension devant la souffrance…
Page 28 Marie de HENNEZEL. L’être humain qui
pressent l’approche de sa mort est arrimé d’un désir d’aller au bout de
lui-même, un désir d’accomplissement. Il cherche à se rapprocher de sa vérité
la plus profonde, il désire son être. Il s’agit bien là d’un désir spirituel.
Page 29 Marie de HENNEZEL. Au fond, accueillir la
dimension spirituelle de l’autre, ce serait faire confiance au devenir de
l’autre. Même au cœur de ce combat qu’est l’agonie.
Page 30 Marie de HENNEZEL. J’emploie l’expression
« d’ humanisme spirituel » car il y a une tradition humaniste
qui peut justement être ouverte à cet au-delà de l’homme, à ce qui dépasse
l’homme.
Page 41-42 Jean-Yves LELOUP. Dans les traditions
monothéistes, la vie, la souffrance, la maladie, la mort sont des lieux de
passage… Dans la tradition judéo-chrétienne, la mort est considérée comme un
passage… La mort est donc un passage vers un état de conscience autre… Dans
le christianisme, la souffrance n’est jamais évacuée… Elle est une
réalité accueillie avec le cœur, même si elle nous fait mal…
Dans le contexte des traditions bouddhistes, la souffrance et la mort sont plus ou moins considérées comme illusoires… La mort n’est pas la fin de la vie, c’est la fin d’une illusion, une délivrance, la délivrance de la souffrance, de l’enchaînement des causes et des effets. C’est pourquoi la mort est un moment béni, le moment le plus sacré de l’existence, car c’est enfin l’occasion d’entrer dans un espace illimité. C’est le moment où la réalité est enfin révélée.
Page 50 Marie de HENNEZEL. La mort n’est pas un
échec. Elle fait partie de la vie. Elle est un événement à vivre… Le
« temps de mourir » a une valeur.
Page 61 Marie de HENNEZEL. Une des souffrances révélées en fin de vie est justement cette souffrance de la solitude, où chacun est enfermé en lui-même.
Page 89 Marie de HENNEZEL. Je vois effectivement des
gens qui me disent avoir peur du passage. En fait ce dont il est question est
bien l’abandon, la peur de s’abandonner, de s’abandonner à la mort. Il ne
s’agit pas de la mort elle-même, mais la peur du passage dans l’inconnu…
Il faut faire confiance à ce qui en nous sait se transformer et vivre des
passages. Peut-être pouvons-nous sentir également que, puisque nous avons été
accueillis à la naissance, nous pourrions l’être aussi au moment de la mort.
Cette notion d’accueil était souvent évoquée par Françoise Dolto. Elle
utilisait le terme de « comité d’accueil », en parlant de ces
invisibles (ceux qui sont morts avant nous), qui au moment de la mort, sont là
pour nous accueillir.
Page 95 Marie de HENNEZEL. Oui, apprendre à vivre
c’est apprendre à aimer et donc apprendre à perdre. Tout cela va ensemble,
évidemment. Mais il est très juste de dire que l’on ne peut pas
« apprendre » à mourir, puisque nous n’avons aucun moyen de nous
« exercer ». Apprendre à aimer c’est accepter ses limites, assurer
son impuissance et seulement être là dans l’acceptation du déroulement des
choses, de ce qui est. La vie est cet apprentissage là : l’acceptation
du réel.
Page 117-118 Jean-Yves LELOUP. Ce qui est essentiel,
c’est de ne pas rajouter sa souffrance personnelle à celle de la personne
mourante. Il s’agit comme le dit Françoise Dolto, d’ être sans angoisse
devant l’angoisse de l’autre. Mais ce don là suppose que celui qui
accompagne, soit en paix avec ses propres angoisses. Personnellement j’aime
beaucoup cette expression de « transfusion de sérénité ».
Cette pratique est un véritable pacifiant. Elle calme la pensée et le seul fait
de respirer calmement à côté de quelqu’un qui souffre peut l’aider
considérablement… Il s’agit beaucoup plus d’une qualité d’être que d’une
compétence particulière.
Page 121 Jean-Yves LELOUP. D’un vieux sage
oriental : « Vous voulez connaître vos vies passées ? Regardez
le moment présent, car le moment présent est le résultat, la conséquence de vos
vies antérieures ; vous voulez connaître vos vies futures ? Regardez
le moment présent, car le moment présent est la cause de ce qui viendra après. Travaillez
sur l’instant présent. »
Page 123 Jean-Yves LELOUP. Il est essentiel dans la tradition
hindoue comme dans la tradition chrétienne, de ressusciter avant de mourir !
Il ne s’agit pas de ressusciter après la mort. Jésus lui-même était ressuscité
« avant » de mourir. Le terme évangélique de « vie
éternelle » l’explique bien : s’il y a vie éternelle, elle l’est
avant, pendant et après ! La vie éternelle est la dimension d’éternité
qui habite le cœur même de notre vie mortelle…
Réincarnation et résurrection sont deux mots différents, et, s’il est vrai que la tradition chrétienne insiste davantage sur la notion de résurrection, il ne faudrait pas interpréter ce mot « résurrection » comme une réanimation !
Page 140 Marie de HENNEZEL. Dans les profondeurs de
notre être, nous savons que nous ne nous réduisons pas à ce futur cadavre.
Notre inconscient semble le savoir puisque comme Freud le constate, il semble
ignorer la mort ! Notre inconscient ne croit pas à la mort, pour lui
elle est irreprésentable… Freud écrit : « Dans notre inconscient,
nous sommes conscients de notre immortalité. »
Page 171 Marie de HENNEZEL. J’ai l’impression que lorsqu’il
s’agit d’une véritable acceptation de la personne (mourante), la personne n’en
parle pas. Elle est évidente parce qu’elle est discrète.
Page 173 Marie de HENNEZEL. Le véritable abandon
est tout à fait in extremis.
Page 213. Le défi des temps qui viennent est peut
être justement de créer, au sein d’un monde laïc et qui entend le rester, un
humanisme ouvert, où la transcendance et le sacré trouvent leur place, au cœur de
la personne, au cœur de l’humain.