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Septembre  2010

 

LES ARMES ANTI-CANCER: SEIZE PROGRES QUI CHANGENT TOUT!

 

                                      Marie-Christine COLINON et  Agnès DUPERRI N

 

                                                        Notre Temps, juin 2010

 

 

Prévention, dépistage, traitements... les progrès sont là. Six malades sur dix guérissent déjà, et d'autres victoires se profilent.

         Une femme sur quatre et un homme sur trois seront touchés par cette maladie. Pourtant, si 800 000 Français vivent avec un cancer, deux millions d'autres l'ont vaincu. Pour certains cancers, les chiffres approchent les 100%. Nous ne sommes plus aussi impuissants face au « crabe »! Les connaissances et les techniques ne cessent d'évoluer. A l'occasion de ses journées, du 28 au 30 mai, la Fondation pour la recherche médicale lève le voile sur des programmes prometteurs.

 

Un diagnostic de plus en plus pointu

 

         La bataille contre le cancer se présente souvent comme une course contre la montre. Plus on le découvre tôt, plus grandes sont les chances de guérison et moins les traitements sont agressifs.

 

1 - Un dépistage précoce peut éviter la maladie.

         Une tumeur dépistée avant le moindre symptôme guérit dans l'immense majorité des cas. En France, l'Assurance maladie propose et finance des dépistages pour les cancers les plus fréquents. Profitons de cette chance!

         *Des mammographies gratuites sont offertes tous les deux ans aux femmes de 50 à 75 ans. Moins de 50% d'entre elles y participent! Pourtant l'examen diminue de moitié les risques de métastases (dissémination du cancer en d'autres endroits du corps), Anne-Marie, 67 ans, en est la preuve: « Il y a douze ans, on m'a découvert des microcalcifications qui se sont révélées être des tumeurs agressives mais débutantes. Evidemment, le choc a été  rude. Mais, aujourd'hui je suis vivante, et grand-mère. »

         *Pour diagnostiquer un éventuel cancer de la prostate les généralistes proposent un toucher rectal et un dosage de l'antigène specifique de la prostate (PSA) à tout homme de plus de 50 ans. En juin 2009, une étude européenne a confirmé l'efficacité de ce dépistage. Des centres spécialisés s'ouvrent peu à peu (Lyon, Toulouse, Paris) pour assurer une surveillance rapprochée des cas « douteux  »et éviter des traitements qui ne sont pas nécessaires.

         *Le dépistage du cancer du côlon, tous les deux ans à partir de 50 ans, est un autre rendez-vous incontournable. La France a été le premier pays au monde à le généraliser, en 2008. Il repose sur le test Hémoccult II, qui détecte la présence de sang invisible dans les selles. « J'ai passé le test juste après avoir perdu un ami de ce cancer, explique Jean-Louis, 60 ans. Comme il était positif, on m'a fait une coloscopie qui a permis de retirer un polype encore sain. Je suis content de ne pas avoir attendu. » L'un des promoteurs de ce dépistage, le Pr Jean Faivre, gastro-entérologue au CHU du Bocage, à Dijon, insiste: « Ce dépistage réduit la mortalité de 33%. Pourtant sur dix Français à qui on le propose, six le négligent encore ».

            *Le frottis du col de l'utérus est, lui, préconisé une fois tous les deux ans entre 25 et 65 ans. Si toutes les Françaises s'y soumettaient, ce cancer pourrait quasiment disparaître.

 

2 – Les personnes à risque génétique sont mieux suivies

         Les cancers sont des maladies multifactorielles dans lesquelles interviennent des fragilités héréditaires. Une cinquantaine de gènes de prédisposition peuvent être recherchés par dépistage génétique. « Naître avec ce handicap rend la maladie plus fréquente et plus précoce. Cela ne signifie pas que l'on sera obligatoirement atteint », insiste le Pr Dominique Stoppa-Lyonnet, chef du service de génétique oncologique de l'Institut Curie, à Paris. Le fait de se savoir à risque permet d'être mieux suivi.

Rens: Cancer Info Service 0810810821

 

3 – Les diagnostics deviennent plus précis

            La biologie moléculaire permet de dresser une carte d'identité des gènes et des proteines de la tumeur. Du coup, il devient possible de mieux apprécier son agressivité, ce qui évite des chimiothérapies inutiles. On peut aussi prédire sa sensibilité à un traitement afin de choisir le plus efficace. Des consultations « Diagnostic en un jour » se mettent en place, comme à l'Institut Gustave-Roussy  (Villejuif), depuis 2004, évitant l'angoisse de l'attente.

 

4 – L'imagerie a fait un bond technologique

         IRM, scanner et TEP (tomographie à émission de positons) délivrent des images de plus en plus précises, avec des doses réduites de radiations et moins de produit de contraste, mal toléré par certains patients. Ils permettent de découvrir des tumeurs minuscules, facilitent le travail des chirurgiens et le suivi des traitements.

La radiologie interventionnelle se développe: elle brûle -par radiofréquence- de petites tumeurs (foie et rein) inaccessibles au bistouri ou dépose des médicaments directement dans la zone cancéreuse (cancers digestifs, sarcomes ou mélanomes).

 

 

Des traitements plus personnalisés

 

5 – Le chirurgien opère plus en finesse

         La chirurgie guérit trois cancers sur quatre et est devenue moins mutilante. Durant l'intervention, le laboratoire vérifie l'absence de cellules cancéreuses sur les bords de la tumeur prélevée. Avec cette marge de sécurité, le chirurgien enlève le minimum de tissu et peut préserver les organes. Par ailleurs, la technique du « ganglion sentinelle » se généralise. Elle consiste à analyser le premier ganglion de la chaîne pour savoir si le cancer s'est disséminé. S'il est sain, il n'est pas utile de procéder à l'ablation. De plus en plus de cancers (côlon, prostate, ovaire) bénéficient aussi de la chirurgie mini-invasive. « A la clé, moins de douleur post-opératoire et des cicatrices plus fines », précise le Pr Christian Meyer, président de l'Association française de chirurgie.

 

6 – La radiothérapie gagne en précision

         Ce traitement local suffit à guérir une petite tumeur (15% des cas). Son rayonnement est couplé à un scanner, qui détermine précisément le volume à irradier en épargnant les tissus voisins.. La radiothérapie, asservie à la respiration, tient même compte des mouvements engendrés par le souffle! Une technique plus rare, la curiethérapie, introduit une source radioactive au contact de la tumeur (lèvres, langue, anus, vagin, utérus, pharynx, prostate). Plus précise encore, la prothonthérapie, pratiquée dans deux centres (Orsay et Nice), traite des tumeurs rares de l'oeil et du cerveau... sans douleur!

 

7 – Le malade est mieux entouré

         Une mauvaise nouvelle reste une mauvaise nouvelle mais les médecins sont désormais sensibilisés à la façon de la présenter lors d'une « consultation d'annonce ». C'est une équipe complète (cancérologue, chirurgien, radiothérapeute...) qui accompagne le malade, discute du meilleur traitement et remet au patient son programme personnalisé de soins (PPS).

 

8 - On dispose de chimiothérapies « sur mesure »

         C'est le seul traitement qui agit sur tout l'organisme. On l'utilise contre les cancers du sang et pour éviter la dissémination de cellules cancéreuses. « La chimiothérapie obtient 15% des guérisons et sa part augmente, note le Pr David Khayat, chef du service d'oncologie médicale, à la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Sur la cinquantaine de médicaments anticancéreux disponibles, nous en associons souvent plusieurs, pour multiplier les chances de succès. » Le traitement est parfois disponible en comprimés. « Les malades ont moins de nausées et sont alors soignés chez eux », souligne le Pr Pascal Piedbois, chef du service d'oncologie médicale, à l'Hôpital Henri-Mondor, de Créteil. Il peut aussi être optimisé par la chronothérapie. »La diffusion d'une molécule varie selon l'heure de la prise, de même que sa fixation sur les cellules cancéreuses et son élimination par les urines » explique le Pr Francis Lévi, de l'Hôpital Paul-Brousse, de Villejuif. Un traitement pris à l'heure idéale augmente les chances de guérison et le confort du patient. » L'apparition de pompes intraveineuses à débit programmable facilite aussi la vie. « Je travaille en indépendant,  raconte André-Paul, 54 ans. Malgré un cancer de la vésicule biliaire, j'ai pu poursuivre mon activité grâce à la chimiothérapie ambulatoire. C'était meilleur pour mon moral. »

 

9 – On bénéficie de traitements ciblés

         « Nous sommes entrés dans l'ère des traitements moins brutaux et plus intelligents », résume le Pr David Khayat. Si elle bloque la multiplication des cellules cancéreuses, la chimiothérapie touche néanmoins une part des cellules saines. On a trouvé un moyen de n'attaquer que les cellules cancéreuses en identifiant des caractéristiques ou « biomarqueurs » qui leur sont propres. Plusieurs médicaments sont déjà disponibles et de nombreux autres à l'essai. Ils entraînent des régressions de certains cancers jadis au mauvais pronostic: leucémies myéloïdes chroniques, tumeurs de foie, du sein, du rein,  colorectales ou de l'estomac.

 

10 – On sait combattre les effets secondaires des traitements

         Des médicaments efficaces contre les nausées, le port d'un casque réfrigérant pour protéger les cheveux, la prescription d'un traitement (EPO) pour résister à l'anémie et à la fatigue, des cures thermales pour soulager des effets secondaires... Les équipes médicales disposent de différents moyens pour aider les malades à supporter les traitements. Et les cancérologues acceptent plus volontiers le soutien des médecines douces (phytothérapie, homéopathie, acupuncture, hypnose). Un patient sur deux y fait appel pour soulager angoisse, troubles du sommeil, nausées, diarrhées, douleurs...

 

11 – Le bien-être est enfin pris en compte

         « Le terme « soins de support » est apparu dans une circulaire de 2005 pour désigner tout ce qui contribue au bien-être du patient, explique le Dr Sarah Dauchy, oncopsychiatre à l'Institut Gustave-Roussy. A savoir, la possibilité de consulter un psychiatre et un spécialiste de la douleur mais aussi de bénéficier de massages et de soins cosmétiques, d'art-thérapie, etc.  Je suis chargée d'évaluer la pertinence des activités que nous proposons: karaté, ateliers d'écriture, piano. Et de quantifier à quel point cela aide à guérir. »

 

Des mesures de prévention

         Notre mode de vie influe sur l'apparition des cancers. Autrement dit, on peut en partie les éviter ou limiter le risque de rechute. Les médecins ont identifié des facteurs susceptibles de nous fragiliser ou de nous protéger. Une chance, ce sont les mêmes qui abaissent aussi les risques de maladies cardio-vasculaires!

 

12 – Le rôle de l'environnement est mieux compris

         En vingt-cinq ans, le nombre de cancers a doublé en France. Comme nous sommes confrontés à un cocktail de plus de 100 000 molécules chimiques, prouver la responsabilité d'un élément n'est pas aisé! Car la maladie met des années à se développer. Les cancers professionnels ont permis d'identifier des produits cancérigènes comme le benzène (essence, tabac), l'amiante, le formaldéhyde (colle, tissu...) et les pesticides. On peut en partie se protéger en ventilant nos logements, en ôtant de sa housse un vêtement qui sort du pressing et en l'aérant deux heures avant de le ranger,  en utilisant des produits et aliments biologiques ou en rinçant bien fruits et légumes. Comme les agriculteurs, très touchés par les leucémies, nous devrions renoncer aux pesticides, engrais chimiques et herbicides. Le Dr Elisabeth Lamy, médecin du travail à la Mutualité sociale agricole, met en garde:  « Tous les produits étiquetés avec un carré vert ou orange sont extrêmement dangereux. Il faut prendre le temps de lire les étiquettes et respecter à la lettre les recommandations. »

 

13 – L'activité physique repousse le risque du cancer

         La sédentarité favorise les tumeurs malignes. A l'inverse, bouger cinq heures par semaine rédui le risque du tiers. »Démarrer une activité physique, c'est éviter 40% de récidive. »insistait le Dr Martine Duclos, du CHU de Clermont-Ferrand, lors des Journées de formation médicale de l'Afacs (Association francophone de l'après-cancer du sein), en février 2010. L'activité de plein air permet en plus de se constituer un stock de vitamine D, fabriquée par le peau sous l'effet du soleil. Cette vitamine permettrait de réduire de 50% le risque de cancer du sein, du côlon et des ovaires (étude américaine,2006). Il suffit d'exposer 20% de son corps (bras et jambes). Mais sans abuser: le cancer de la peau double tous les dix ans en raison de l'excès de bronzage.

 

14 – L'alimentation peut protéger

         Selon les chiffres de l'OMS, 40% pourraient être évités uniquement en revenant à une assiette équilibrée et à une vie plus active. Moins de graisses animales et d'acides gras trans (dans les préparations industrielles) et plus de végétaux constituent de solides options préventives. C'est encore vrai lorsque la maladie est déclarée. Quant à l'alcool et aux cigarettes, en cause dans de nombreux cancers (ORL, bronches, colorectal, de la vessie), il n'est jamais trop tard pour mieux faire. Une étude publiée en janvier 2010 (BMI) confirme que l'arrêt du tabac améliore le pronostic des tumeurs du poumon débutantes: 33% de survie à cinq ans pour les fumeurs invétérés, contre 70% après sevrage.

 

15 – Garder la ligne est un avantage

         L'excès de poids constitue un facteur de risque pour de nombreux cancers. Il augmente les taux d'oestrogènes et d'insuline, des hormones qui agiraient comme de l'engrais sur les cellules malignes. « A Nantes, confirme le Dr Mario Campone, oncologue à l'Institut régional du cancer, nous aidons les femmes à retrouver la ligne en leur proposant de rencontrer une diététicienne après leur chimiothérapie pour cancer du sein. »

 

16 – Moins de stress, moins de tumeurs.

         Si un choc psychologique ne déclenche pas le cancer, on sait qu'un stress prolongé diminue les défenses immunitaires. De nombreuses études confirment que se sentir acteur de sa vie et savoir se détendre multiplient les chances de rester en bonne santé et de guérir. Yoga, relaxation, massage, qi gong sont des disciplines qui aident à rester zen. Jardiner,  créer ou rire aussi !!

 

Les « Plans cancer » ça sert vraiment!

         L'Institut national du cancer a été crée en 2003, à l'occasion du premier Plan cancer, pour coordonner la mobilisation. Parmi ses actions, il a trié les établissements autorisés à traiter le cancer: environ 20% ne peuvent plus prendre en charge les malades, précise le Pr Dominique Maraninchi, président de l'INCa. Pour que tous les patients aient accès aux médicaments innovants, souvent onéreux, l'Etat les rembourse désormais aux établissements, qui ne craignent plus de mettre leurs finances en péril. Des sommes sans précédent ont aussi été allouées à la recherche. Le deuxième Plan cancer 2009-2013 vise à offrir les meilleurs soins à tous les malades; sans différences géographiques ou socio-économiques, et organise l'après-cancer. L'INCa a ouvert un site d'information très complet: www.e-cancer.fr/cancer-info.

 

 

A lire

         *Drole de mal, comment je me suis guérie par l'humour. Meredith Norton, ed. Grasset, 16,90€

         *Anticancer, David Servan-Schreiber, ed. Pocket, 7,80€