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« POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,
trimestriel GIPHV, APF69.N°2 ;10. 2004
Editeur : Henri Charcosset, E-mail : charcohe@club-internet.fr
CONCEPTION DE MON APPARTEMENT POUR UNE VIE AUTONOME
(ou
comment se faire son petit cocon ?)
par Bernard GAUDON, né en 1945
(Choix du mode de vie, vie à domicile, appartement
adapté, poliomyélite)
Suite à des séquelles de poliomyélite des membres
supérieures, je remplis à peu près tous les critères d’attribution de
J’ai eu la chance de naître dans une famille
nombreuse et d’habiter dans une grande maison de 12 pièces. On était 8 enfants
+ les parents, ça fait 10 et mon père avait besoin de 3 pièces pour un usage
professionnel. Cette maison était sur deux niveaux et les chambres, dont la
mienne, étaient au premier étage.
J’y suis resté jusqu’à ces dernières années, mais
avec l’évolution de mes séquelles de polio et l’insuffisance respiratoire qui
en découlait, j’avais de plus en plus de peine à monter l’escalier le soir
après dîner quand j’avais l’estomac plein.
Et comme il était inimaginable que je puisse habiter tout seul cette maison après le décès de ma mère, j’ai pris la décision d’essayer de vivre seul dans un appartement spécialement aménagé pour moi. Ceci avant l’âge fatidique de 60 ans, pour avoir une chance de rentrer dans un Foyer de Vie plutôt qu’en maison de retraite si la vie seul à domicile se révélait impossible.
Financièrement parlant, j’avais envisagé cette
possibilité depuis mon entrée dans la vie professionnelle (à l’âge de 26 ans)
et j’ai toujours eu Plan et Compte d’Epargne Logement pour me préparer à cette
éventualité.
J’avais eu l’occasion de parler de ce projet à un
notaire qui m’avait donné le conseil suivant : « Achetez sur plan votre
appartement et faites faire par l’architecte, dès la construction, tous les
aménagements dont vous avez besoin. Vous aurez moins d’impossibilités
techniques et ça vous coûtera BEAUCOUP moins cher que d’acheter dans de l’ancien et commencer par tout casser ». C’était un très
sage conseil !
Lorsque ma mère est devenue grabataire suite à une
fracture du col du fémur, j’ai suivi avec attention les programmes de
construction immobilière du quartier pour repérer les immeubles susceptibles de
m’intéresser.
Je souhaitais
rester à proximité de l’endroit où j’avais toujours vécu pour conserver autant
que possible toutes les relations de voisinage et de commerce.
Un ensemble construit en plusieurs tranches sur
Les objectifs recherchés étaient les suivants :
1) Je
voudrais avoir une chance de terminer mes jours chez moi.
2) L’appartement
doit être de plain pied et accessible sans ascenseur ni escalier.
3) Je ne
dois pas risquer de mettre en danger mes voisins à cause de mon handicap.
L’utilisation du gaz est donc exclue.
4) Je dois
être le plus autonome possible et TOUT doit être conçu en fonction de mes
besoins.
5) Je dois
pouvoir loger de manière indépendante la personne qui m’apportera l’aide dont
je pourrais avoir besoin, en cas d’urgence, voire de manière plus permanente
plus tard.
Mon choix s’est donc porté sur un T4 en rez-de-chaussée
et sur le studio T1 qui le jouxte. Avant de signer quoique ce soit, j’avais
soumis à l’architecte, avant le début de la construction, mes « exigences » :
1) Prévision
d’une ouverture permettant une communication intérieure, entre l’appartement et
le studio, murée à l’origine. Pouvoir mettre une porte à la place des moellons
pour entrer dans mon appartement depuis le studio, le jour où je serais plus
dépendant. Et ceci sans nuire à la solidité de l’immeuble. Passage d’un fil
pour un interphone alimenté par le studio (au cas ou
tout disjoncte chez moi).
2) Pour ne
pas me sentir étouffer entre quatre murs si un jour j’ai plus de difficultés
pour sortir je ne voudrais pas de cloisons. Qu’il n’y ait qu’une seule grande
pièce avec un coin alcôve. N’avoir qu’un grand volume pour avoir de la vue, de
la lumière…
3) Choix du «
tout électrique ». Chauffage/Climatisation par climatiseur réversible (pompe à
chaleur) + radiateur(s) électrique(s) à panneau rayonnant pour la chambre (et
en appoint pour la pompe à chaleur). Passage de tous les câbles (électricité,
téléphone, TV, etc) dans une plinthe électrique
(comme dans les bureaux) pour pouvoir déplacer les prises à volonté.
3) Tableau
d’alimentation électrique abaissé et disjoncteur séparé pour le matériel
d’assistance respiratoire. Volets roulants électriques. Etc.
4) Revêtement
de sol souple dans tout l’appartement pour que, si je tombe, j’aie un peu moins
de risques de m’assommer que si je tombais sur du carrelage, et plus facile
d’entretien que la moquette.
5) Faux
plafonds avec des éclairages que je pourrais déplacer pour mettre au-dessus des
tables ou des bureaux qui m’intéressent. Pas d’interrupteur électrique dans le
séjour, mais une cellule qui déclenche quand la luminosité est insuffisante. Il
ne faut pas que je sois dans l’obscurité : j’arrive : ça s’éclaire, je m’en
vais ça s’éteint.
6) Urinoir
et WC dans la salle de bain. Evacuation par le sol pour pouvoir prendre une
douche au milieu de la pièce. Baignoire sabot pour pouvoir être assis et non allongé.
7) Le coin
alcôve qui me servira de chambre, devra pouvoir être fermé par une cloison
extensible ce qui me permettra d’avoir deux ou trois degrés de plus que dans le
reste de l’appartement en hiver.
Emprunter lorsque l’on est en invalidité est une
aventure, et c’est parce que j’avais un Plan d’Epargne Logement depuis
longtemps que la banque a été obligée de me prêter dans ce cadre. L’assureur de
la banque a refusé de m’assurer et c’est la banque qui a pris le risque. J’y ai
gagné l’équivalent de deux mensualités de remboursement.
Cela fait maintenant plus de sept ans que je vis
dans cet appartement et je n’envisage plus d’aller en Foyer de Vie. L’objectif
de vivre seul est donc atteint avant l’âge de la retraite.
En conclusion, s’installer chez soi se prépare TRES
LONGTEMPS à l’avance. Il faut parfaitement connaître les conséquences de son
handicap et les évolutions possibles (probables ?) pour faire les bons
choix.
On pourrait aussi aborder le thème de l’organisation
de l’aide humaine au quotidien, ou bien la manière de remplir sa vie même si
l’on est dépendant et dans l’impossibilité d’exercer une activité
professionnelle rémunérée. Ce sera pour une autre occasion…
Pour plus de détails, mon témoignage sur le site http://www.post-polio.fr (rubrique
Témoignages).
Mon E-mail : bgaudon@post-polio.fr.