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Mai 2010
L’ANIMAL
HANDICAPE
par
Marc VIDON, docteur vétérinaire
Introduction,
par Henri Charcosset
Cette
contribution est la sixième que Marc Vidon consacre au thème de l’animal de compagnie,
chez les personnes âgées ou/et handicapées. Ces articles sont regroupés dans une section annoncée
à la page d’accueil du site, CLIC. Le handicap
concerne ici directement non plus le
maître mais son animal !
Texte
Les
médias parlent souvent de personnes handicapées ou d’animaux assistant ces
mêmes personnes. Mais qu’en est-il des animaux handicapés ? Il est vrai
que si le maître choisi la solution facile de l’euthanasie, il n’y a pas lieu
de se poser des questions. Mais n’existe-t-il pas d’autres solutions ? N’y
a-t-il pas moyen de garder avec soi son animal handicapé moyennant quelques
modifications parfois minimes ?
Il
est important que les propriétaires d’animaux n’adoptent pas comme vérité
absolue l’équation : animal handicapé = euthanasie. Il est évident que le
recours à cette extrémité est impératif dans certains cas, mais n’est pas
systématique.
Le
handicap d’un animal peut être temporaire ( fracture, troubles nerveux bénins,
boiterie, etc .). Mais dans cette optique, il ne se pose généralement aucun
problème au propriétaire étant donné que la situation est censée être
temporaire. Je dis « généralement », car, en ce qui concerne un être
vivant, on ne peut pas, en général, être sûr à 100 % de l’évolution d’une
maladie. Je m’attarderai donc sur les handicaps permanents, car souvent
incurables, parce que ceux-ci peuvent poser problème tant au niveau de l’animal
( ce qui est évident ) qu’au niveau du maître.
Dans
cet article, j’ai exposé mon point de vue sur diverses situations mais cela n’engage
que moi ; je ne prétends pas imposer une manière de faire générale, car
chaque cas est particulier.
Le handicap moteur
Ce
type de handicap est celui qui fait souvent apparaître le plus de difficultés
dans la vie de tous les jours de « l’ensemble maître /
animal » surtout s’il survient brutalement, à la suite d’un accident,
par exemple. Malheureusement, il est assez fréquent et pose beaucoup de
problèmes sur l’acceptabilité de ce handicap, tant pour l’animal que pour ses
propriétaires. Il faut que l’animal puisse profiter d’un certain confort de vie
sinon, d’après moi, il ne faut pas s’acharner et le maintenir en vie à tout
prix. J’ai déjà pu observer ce genre de comportement de la part de certains
maîtres qui par égoïsme, par ignorance, ou par amour peut-être, persistaient à
renoncer à l’euthanasie de leur animal, alors que celui-ci était visiblement
malheureux et souffrait psychiquement de son handicap. Il ne faut cependant pas
faire d’anthropomorphisme ( Représentation
de Dieu dans l’apparence humaine) et garder en tête que l’animal a sa
place. J’ai également été témoin du contraire, c’est-à-dire lorsque le client
veut euthanasier son animal malade alors que son état de santé ne le justifie
pas, et notamment pour éviter les réflexions de l’entourage...
Comment
savoir si un animal est heureux ou du moins supporte bien son handicap ?
La réponse est très subjective et est variable selon les cas. Pour ma part, un animal handicapé qui
mange, peut se déplacer seul et ne souffre pas, est un animal qui peut
parfaitement vivre avec son handicap.
La paralysie
est un handicap souvent rencontré chez nos compagnons. Elle peut être la
conséquence de causes diverses ( accidentelle, infectieuse, à cause d’une
dégénérescence, etc...) et s’exprimer avec une intensité plus ou moins
importante ( de la parésie à la paralysie totale ). La paralysie n’engendre en
général aucune douleur chez l’animal.
Pour
simplifier, les paralysies importantes sont de trois types : la
tétraplégie, l’hémiplégie et la paraplégie. En ce qui concerne les deux
premiers cas, je pense que l’euthanasie est la meilleure solution. Ou bien, il
faut en permanence porter son animal et l’assister dans tous ses besoins
organiques ( nourriture, défécation, etc...) Or, ceci ne rejoint pas la
définition du bonheur animal que j’ai donné plus haut.
Pour
ce qui est de la paraplégie, il est vrai que l’euthanasie est souvent
pratiquée. Cependant, il existe des voiturettes pour animaux ( chien et chat )
paralysés. Elles compensent l’absence de motricité des pattes arrières. Cet
appareillage peut être une bonne solution à condition que l’animal le supporte,
que ses conditions de vie le permettent ( pas trop d’escaliers ), et que les
propriétaires aient suffisamment de temps à consacrer à leur animal pour tout
de même l’aider en certaines occasions.
Contrairement
à ce qu’on pourrait croire, l’amputation
ou la perte d’un membre gène peu l’animal. Cette affirmation est tout de même à
moduler. La perte d’un membre postérieur handicape moins l’animal et ceci pour
deux raisons. Tout d’abord, en ce qui concerne les chiens notamment, 60 % du
poids du corps est supporté par les membres antérieurs. De plus, ceux-ci sont
directeurs, c’est-à-dire que c’est grâce à eux que l’animal se dirige,
contrairement aux membres postérieurs
qui ont plutôt un rôle de propulsion. Ceci n’est pas vrai dans l’absolu
car, il y a souvent des exceptions ( j’ai le souvenir d’un petit chien qui
courrait dans le jardin de ses maîtres, sans heurter quoi que ce soit, alors
qu’il n’avait qu’une patte avant ). Un chat n’ayant plus qu’une patte arrière
peut sans problème sauter où bon lui semble et vivre sa vie de chat.
Cependant,
en ce qui concerne les gros chiens, la perte d’un membre peut, à la longue,
fatiguer l’autre membre et faire apparaître notamment des problèmes d’arthrose.
L’arthrose
peut être un sérieux handicap pour un animal. En effet, comme chez l’homme,
aucun traitement définitif n’existe et l’on est obligé de se rabattre sur les
anti-inflammatoires et certains produits ralentissant la dégradation du
cartilage. La situation pourrait être stabilisée de la sorte mais elle pose des
problèmes à long terme. D’une part, il arrive un moment ou l’effet des
anti-inflammatoires s’estompe et la douleur ne peut être contrecarrée :
l’animal souffre alors trop pour rester dans cet état. D’autre part, les
anti-inflammatoires utilisés à long terme présentent des effets secondaires non
négligeables, notamment au niveau digestif, hépatique ou rénal. La encore je
pense qu’il est bon de se reporter à la définition du bien-être d’un animal
pour décider de l’avenir de son animal.
L’altération des sens
La cécité
est un handicap fréquemment rencontré chez nos animaux de compagnie. Les causes
en sont diverses : traumatisme, cataracte, diabète, atteinte des zones cérébrales
de la vue, etc. . La cause de la cécité a peu d’importance dans cet article.
L’essentiel est la vitesse de l’installation de la cécité. La perte de la vue
gêne peut-être moins un animal qu’un homme, car l’animal ne lit pas, ne regarde
pas la télévision, ne conduit pas, etc.
En
effet, un animal qui devient progressivement aveugle, a le temps de
« s’habituer » à son handicap. Il mémorise son espace vital et est
capable, lors de cécité totale, d’évoluer librement dans un lieu connu, sans se
heurter aux meubles, sauf si l’un d’eux a été déplacé sans être remis à sa
place, ce qui est fréquemment le cas avec les chaises. L’un de mes clients
m’avait raconté le cas de son chien aveugle qui, plusieurs fois par jour
faisait son tour de jardin, comme un chien voyant ; il avait mémorisé le
parcours et le suivait sans un écart.
Lorsque
le chien devient brutalement aveugle ou lorsqu’il a de grandes difficultés à
s’habituer à sa nouvelle situation, la réaction idéale du maître serait de
l’aider et devenir un « homme-guide pour chien aveugle ».
Malheureusement, la plupart des gens n’ont pas la patience ou le temps de
s’occuper ainsi de leur animal et l’issue est bien souvent l’euthanasie.
La diminution ou la perte de
l’audition oblige le maître à prendre quelques précautions.
Par exemple, on ne peut pas appeler son chien pour qu’il vienne à moins
d’habituer l’animal à obéir à certains mouvements, sorte de « langue des
signes » pour l’animal. Mais bien souvent, le maître doit aller chercher
son compagnon.
Il
faut également prendre en compte un autre paramètre très important :
l’approche de l’animal. En effet, il est absolument nécessaire d’aborder de
face l’animal présentant ce handicap. Toute autre approche risque de déclencher
une réaction de défense par peur, voire une morsure, car l’animal n’aura pas
entendu arriver la personne et sera donc surpris du contact.
De
plus, il est préférable qu’un animal sourd vive à l’intérieur ou, du moins,
dans un espace clos. Ceci est d’autant plus vrai pour les chats qui ont tendance
à « faire leur petit tour ». En cas de surdité, ils n’entendraient
pas les dangers éventuels et notamment les voitures. Cette précaution peut
également être valable pour la cécité.
La perte de la sensibilité cutanée
ou profonde nécessite une vigilance accrue de la part du maître. Par exemple,
si un chien ou un cheval a perdu la sensibilité de l’extrémité de la patte, il
peut être blessé par un corps étranger (clou, verre, caillou coupant, etc.)
sans en boiter pour autant. Si l’on ne surveille pas régulièrement cette zone
après chaque promenade, on risque de voir apparaître une infection grave parce
que profonde.
L’odorat
est le sens qui persiste le plus longtemps, même chez des animaux très âgés.
Les cas d’anosmie (perte de l’odorat) sont en général liés à une atteinte
cérébrale, nerveuse ou tumorale.
Pour
finir, la perte du goût est
difficilement appréciable chez l’animal.
Handicaps divers
L’animal cardiaque
est un individu qui ne supporte pas de gros et/ou de longs efforts. Bien qu’il
existe de nombreux médicaments pour atténuer les effets de cette insuffisance,
il est cependant indispensable de prendre des précautions. La promenade devra
se dérouler lentement, au rythme de l’animal. Si votre compagnon s’arrête de
lui-même, il faut absolument respecter cette pause, d’où l’importance
d’écourter parfois la promenade. De même le harnais est préférable au collier,
car chez un chien cardiaque notamment, la pression du collier sur la trachée
provoque de longues quintes de toux qui sont très pénibles pour l’animal. Un
autre exemple ( la liste n’est pas exhaustive ; ces exemples n’ont pour
but que de montrer que la présence d’un animal cardiaque peut engendrer de
nouvelles contraintes ) : un animal présentant ce type de pathologie est
très sensible à de trop fortes chaleurs et à la soif. Il faut donc veiller à ce
qu’il ait toujours à boire et prévoir davantage d’arrêts lors de départ en
vacances. Cependant, les propriétaires ne sont pas toujours prêts à assumer ces
obligations supplémentaires.
L’animal incontinent
pose beaucoup de problèmes à son maître. Je précise tout de suite que
l’incontinence est différente de la malpropreté, car dans le cas de la
première, l’animal ne se contrôle pas et il n’existe pas de problèmes
comportementaux expliquant cette incontinence. Bien que des traitements
existent, ils n’agissent pas toujours et surtout pas sur tous les types
d’incontinence. Le propriétaire doit donc vivre avec l’incontinence de son
compagnon et faire preuve de beaucoup de patience. Par expérience, j’ai remarqué
que ce type de handicap ( comme la malpropreté d’ailleurs ) était très mal
supporté par les propriétaires qui « en avaient marre de nettoyer derrière
leur animal et de supporter l’odeur » (sic). C’est pour cela que
l’euthanasie représente bien souvent la « solution » à ce problème.
Conclusion
Grâce
à Internet ou à certaines émissions animalières, le grand public est
sensibilisé peu à peu au handicap de l’animal et aux solutions possibles
permettant de rétablir un « bien-être minimal » pour que leur
compagnon puisse vivre dignement. Pour cela, un dialogue doit s’instaurer entre
le propriétaire et le vétérinaire, qui pourra guider le maître et lui apprendre
à mieux cohabiter avec le handicap de son animal. Il est vrai que dans de
nombreux cas la médecine vétérinaire ne peut rien pour effacer le handicap et,
les meilleurs traitements sont alors l’attention et les petits soins que le
maître prodigue à son animal.
Pour en savoir plus
Beaucoup
de sites concernant le handicap sont à but commercial ( vente de matériel ).
J’ai essayé de trouver des sites intéressants, contenant notamment des conseils
ou des témoignages. Il semblerait que certains sites fassent preuve d’un
certain « voyeurisme » malsain vis-à-vis du handicap animal ( vente
de photos d’animaux handicapés, photos chocs d’animaux mutilés... ). Si au
moins ce genre de pratique servait la condition animale ! ...
-
Animaux paralysés et voiturette : http://www.parachien.com/home.html
- Conseils généraux : http://oudeis44115.blogspot.com/2010/04/soccuper-dun-animal-handicape.html
- Témoignage sur un
berger allemand paralysé : http://bienmieuxavecmonanimal.com/Laidervivresonhandicap.html
- Peut-être une
excellente idée ( il n’existe pas à ma connaissance de « prothèse »
pour chien amputé des membres antérieurs ) : http://www.lejdd.fr/Societe/Insolite/Images/Fevrier-2010/Israel-chien-handicape-prothese-175905/
N’hésitez pas à me
contacter pour toute remarque ou réflexion concernant cet article : marc.vidon0847@orange.fr . Noter que
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