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Mai 2010

 

L’ANIMAL HANDICAPE

par Marc VIDON, docteur vétérinaire

marc.vidon0847@orange.fr

 

Introduction, par Henri Charcosset

Cette contribution est la sixième que Marc Vidon consacre au thème de l’animal de compagnie, chez les personnes âgées ou/et handicapées. Ces articles  sont regroupés dans une section annoncée à  la page d’accueil du site, CLIC. Le handicap concerne ici directement  non plus le maître  mais son animal !

 

Texte

Les médias parlent souvent de personnes handicapées ou d’animaux assistant ces mêmes personnes. Mais qu’en est-il des animaux handicapés ? Il est vrai que si le maître choisi la solution facile de l’euthanasie, il n’y a pas lieu de se poser des questions. Mais n’existe-t-il pas d’autres solutions ? N’y a-t-il pas moyen de garder avec soi son animal handicapé moyennant quelques modifications parfois minimes ?

Il est important que les propriétaires d’animaux n’adoptent pas comme vérité absolue l’équation : animal handicapé = euthanasie. Il est évident que le recours à cette extrémité est impératif dans certains cas, mais n’est pas systématique.

Le handicap d’un animal peut être temporaire ( fracture, troubles nerveux bénins, boiterie, etc .). Mais dans cette optique, il ne se pose généralement aucun problème au propriétaire étant donné que la situation est censée être temporaire. Je dis « généralement », car, en ce qui concerne un être vivant, on ne peut pas, en général, être sûr à 100 % de l’évolution d’une maladie. Je m’attarderai donc sur les handicaps permanents, car souvent incurables, parce que ceux-ci peuvent poser problème tant au niveau de l’animal ( ce qui est évident ) qu’au niveau du maître.

Dans cet article, j’ai exposé mon point de vue sur diverses situations mais cela n’engage que moi ; je ne prétends pas imposer une manière de faire générale, car chaque cas est particulier.

 

 

Le handicap moteur

 

Ce type de handicap est celui qui fait souvent apparaître le plus de difficultés dans la vie de tous les jours de « l’ensemble maître / animal » surtout s’il survient brutalement, à la suite d’un accident, par exemple. Malheureusement, il est assez fréquent et pose beaucoup de problèmes sur l’acceptabilité de ce handicap, tant pour l’animal que pour ses propriétaires. Il faut que l’animal puisse profiter d’un certain confort de vie sinon, d’après moi, il ne faut pas s’acharner et le maintenir en vie à tout prix. J’ai déjà pu observer ce genre de comportement de la part de certains maîtres qui par égoïsme, par ignorance, ou par amour peut-être, persistaient à renoncer à l’euthanasie de leur animal, alors que celui-ci était visiblement malheureux et souffrait psychiquement de son handicap. Il ne faut cependant pas faire d’anthropomorphisme ( Représentation de Dieu dans l’apparence humaine) et garder en tête que l’animal a sa place. J’ai également été témoin du contraire, c’est-à-dire lorsque le client veut euthanasier son animal malade alors que son état de santé ne le justifie pas, et notamment pour éviter les réflexions de l’entourage...

Comment savoir si un animal est heureux ou du moins supporte bien son handicap ? La réponse est très subjective et est variable selon les cas. Pour ma part, un animal handicapé qui mange, peut se déplacer seul et ne souffre pas, est un animal qui peut parfaitement vivre avec son handicap.

 

La paralysie est un handicap souvent rencontré chez nos compagnons. Elle peut être la conséquence de causes diverses ( accidentelle, infectieuse, à cause d’une dégénérescence, etc...) et s’exprimer avec une intensité plus ou moins importante ( de la parésie à la paralysie totale ). La paralysie n’engendre en général aucune douleur chez l’animal.

Pour simplifier, les paralysies importantes sont de trois types : la tétraplégie, l’hémiplégie et la paraplégie. En ce qui concerne les deux premiers cas, je pense que l’euthanasie est la meilleure solution. Ou bien, il faut en permanence porter son animal et l’assister dans tous ses besoins organiques ( nourriture, défécation, etc...) Or, ceci ne rejoint pas la définition du bonheur animal que j’ai donné plus haut.

Pour ce qui est de la paraplégie, il est vrai que l’euthanasie est souvent pratiquée. Cependant, il existe des voiturettes pour animaux ( chien et chat ) paralysés. Elles compensent l’absence de motricité des pattes arrières. Cet appareillage peut être une bonne solution à condition que l’animal le supporte, que ses conditions de vie le permettent ( pas trop d’escaliers ), et que les propriétaires aient suffisamment de temps à consacrer à leur animal pour tout de même l’aider en certaines occasions.

 

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’amputation ou la perte d’un membre gène peu l’animal. Cette affirmation est tout de même à moduler. La perte d’un membre postérieur handicape moins l’animal et ceci pour deux raisons. Tout d’abord, en ce qui concerne les chiens notamment, 60 % du poids du corps est supporté par les membres antérieurs. De plus, ceux-ci sont directeurs, c’est-à-dire que c’est grâce à eux que l’animal se dirige, contrairement aux membres postérieurs  qui ont plutôt un rôle de propulsion. Ceci n’est pas vrai dans l’absolu car, il y a souvent des exceptions ( j’ai le souvenir d’un petit chien qui courrait dans le jardin de ses maîtres, sans heurter quoi que ce soit, alors qu’il n’avait qu’une patte avant ). Un chat n’ayant plus qu’une patte arrière peut sans problème sauter où bon lui semble et vivre sa vie de chat.

Cependant, en ce qui concerne les gros chiens, la perte d’un membre peut, à la longue, fatiguer l’autre membre et faire apparaître notamment des problèmes d’arthrose.

 

L’arthrose peut être un sérieux handicap pour un animal. En effet, comme chez l’homme, aucun traitement définitif n’existe et l’on est obligé de se rabattre sur les anti-inflammatoires et certains produits ralentissant la dégradation du cartilage. La situation pourrait être stabilisée de la sorte mais elle pose des problèmes à long terme. D’une part, il arrive un moment ou l’effet des anti-inflammatoires s’estompe et la douleur ne peut être contrecarrée : l’animal souffre alors trop pour rester dans cet état. D’autre part, les anti-inflammatoires utilisés à long terme présentent des effets secondaires non négligeables, notamment au niveau digestif, hépatique ou rénal. La encore je pense qu’il est bon de se reporter à la définition du bien-être d’un animal pour décider de l’avenir de son animal.

 

 

L’altération des sens

 

La cécité est un handicap fréquemment rencontré chez nos animaux de compagnie. Les causes en sont diverses : traumatisme, cataracte, diabète, atteinte des zones cérébrales de la vue, etc. . La cause de la cécité a peu d’importance dans cet article. L’essentiel est la vitesse de l’installation de la cécité. La perte de la vue gêne peut-être moins un animal qu’un homme, car l’animal ne lit pas, ne regarde pas la télévision, ne conduit pas, etc.

En effet, un animal qui devient progressivement aveugle, a le temps de « s’habituer » à son handicap. Il mémorise son espace vital et est capable, lors de cécité totale, d’évoluer librement dans un lieu connu, sans se heurter aux meubles, sauf si l’un d’eux a été déplacé sans être remis à sa place, ce qui est fréquemment le cas avec les chaises. L’un de mes clients m’avait raconté le cas de son chien aveugle qui, plusieurs fois par jour faisait son tour de jardin, comme un chien voyant ; il avait mémorisé le parcours et le suivait sans un écart.

Lorsque le chien devient brutalement aveugle ou lorsqu’il a de grandes difficultés à s’habituer à sa nouvelle situation, la réaction idéale du maître serait de l’aider et devenir un « homme-guide pour chien aveugle ». Malheureusement, la plupart des gens n’ont pas la patience ou le temps de s’occuper ainsi de leur animal et l’issue est bien souvent l’euthanasie.

 

La diminution ou la perte de l’audition oblige le maître à prendre quelques précautions. Par exemple, on ne peut pas appeler son chien pour qu’il vienne à moins d’habituer l’animal à obéir à certains mouvements, sorte de « langue des signes » pour l’animal. Mais bien souvent, le maître doit aller chercher son compagnon.

Il faut également prendre en compte un autre paramètre très important : l’approche de l’animal. En effet, il est absolument nécessaire d’aborder de face l’animal présentant ce handicap. Toute autre approche risque de déclencher une réaction de défense par peur, voire une morsure, car l’animal n’aura pas entendu arriver la personne et sera donc surpris du contact.

De plus, il est préférable qu’un animal sourd vive à l’intérieur ou, du moins, dans un espace clos. Ceci est d’autant plus vrai pour les chats qui ont tendance à « faire leur petit tour ». En cas de surdité, ils n’entendraient pas les dangers éventuels et notamment les voitures. Cette précaution peut également être valable pour la cécité.

 

La perte de la sensibilité cutanée ou profonde nécessite une vigilance accrue de la part du maître. Par exemple, si un chien ou un cheval a perdu la sensibilité de l’extrémité de la patte, il peut être blessé par un corps étranger (clou, verre, caillou coupant, etc.) sans en boiter pour autant. Si l’on ne surveille pas régulièrement cette zone après chaque promenade, on risque de voir apparaître une infection grave parce que profonde.

 

L’odorat est le sens qui persiste le plus longtemps, même chez des animaux très âgés. Les cas d’anosmie (perte de l’odorat) sont en général liés à une atteinte cérébrale, nerveuse ou tumorale.

 

Pour finir, la perte du goût est difficilement appréciable chez l’animal.

 

 

Handicaps divers

 

L’animal cardiaque est un individu qui ne supporte pas de gros et/ou de longs efforts. Bien qu’il existe de nombreux médicaments pour atténuer les effets de cette insuffisance, il est cependant indispensable de prendre des précautions. La promenade devra se dérouler lentement, au rythme de l’animal. Si votre compagnon s’arrête de lui-même, il faut absolument respecter cette pause, d’où l’importance d’écourter parfois la promenade. De même le harnais est préférable au collier, car chez un chien cardiaque notamment, la pression du collier sur la trachée provoque de longues quintes de toux qui sont très pénibles pour l’animal. Un autre exemple ( la liste n’est pas exhaustive ; ces exemples n’ont pour but que de montrer que la présence d’un animal cardiaque peut engendrer de nouvelles contraintes ) : un animal présentant ce type de pathologie est très sensible à de trop fortes chaleurs et à la soif. Il faut donc veiller à ce qu’il ait toujours à boire et prévoir davantage d’arrêts lors de départ en vacances. Cependant, les propriétaires ne sont pas toujours prêts à assumer ces obligations supplémentaires.

 

L’animal incontinent pose beaucoup de problèmes à son maître. Je précise tout de suite que l’incontinence est différente de la malpropreté, car dans le cas de la première, l’animal ne se contrôle pas et il n’existe pas de problèmes comportementaux expliquant cette incontinence. Bien que des traitements existent, ils n’agissent pas toujours et surtout pas sur tous les types d’incontinence. Le propriétaire doit donc vivre avec l’incontinence de son compagnon et faire preuve de beaucoup de patience. Par expérience, j’ai remarqué que ce type de handicap ( comme la malpropreté d’ailleurs ) était très mal supporté par les propriétaires qui « en avaient marre de nettoyer derrière leur animal et de supporter l’odeur » (sic). C’est pour cela que l’euthanasie représente bien souvent la « solution » à ce problème.

 

Conclusion

 

Grâce à Internet ou à certaines émissions animalières, le grand public est sensibilisé peu à peu au handicap de l’animal et aux solutions possibles permettant de rétablir un « bien-être minimal » pour que leur compagnon puisse vivre dignement. Pour cela, un dialogue doit s’instaurer entre le propriétaire et le vétérinaire, qui pourra guider le maître et lui apprendre à mieux cohabiter avec le handicap de son animal. Il est vrai que dans de nombreux cas la médecine vétérinaire ne peut rien pour effacer le handicap et, les meilleurs traitements sont alors l’attention et les petits soins que le maître prodigue à son animal.

 

 

Pour en savoir plus

 

Beaucoup de sites concernant le handicap sont à but commercial ( vente de matériel ). J’ai essayé de trouver des sites intéressants, contenant notamment des conseils ou des témoignages. Il semblerait que certains sites fassent preuve d’un certain « voyeurisme » malsain vis-à-vis du handicap animal ( vente de photos d’animaux handicapés, photos chocs d’animaux mutilés... ). Si au moins ce genre de pratique servait la condition animale ! ...

 

- Animaux paralysés et voiturette : http://www.parachien.com/home.html

- Conseils généraux : http://oudeis44115.blogspot.com/2010/04/soccuper-dun-animal-handicape.html

- Témoignage sur un berger allemand paralysé : http://bienmieuxavecmonanimal.com/Laidervivresonhandicap.html

- Peut-être une excellente idée ( il n’existe pas à ma connaissance de « prothèse » pour chien amputé des membres antérieurs ) : http://www.lejdd.fr/Societe/Insolite/Images/Fevrier-2010/Israel-chien-handicape-prothese-175905/

 

N’hésitez pas à me contacter pour toute remarque ou réflexion concernant cet article : marc.vidon0847@orange.fr . Noter que mes contributions à ce site, six à ce jour,  sont regroupées sur  la page web CLIC.