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Juillet 2013
NOUS NOUS SOMMES TANT AIMÉS…ET NOUS NOUS RETROUVONS AVEC
INTERNET !
Marie-Laure DURAND-UBERTI
NotreTemps Juin 2013
Aujourd’hui, avec Internet, renouer avec ses amours d’antan est à
portée de clic. De nombreux sites de recherche facilitent ces retrouvailles,
autrefois fortuites. De quoi transformer quelques vies ! Enquêtes et
témoignages.
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@ Ce sujet
vous concerne ? Racontez votre histoire et participez aux discussions
sur :
http://forum.notretemps.com/relations-familiales-f162/page25.html
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Trop jeunes,
encore dans le giron de nos parents et sous leur autorité, nous avons parfois
été obligés d’interrompre un amour de jeunesse. Peut-être notre première
histoire d’amour. Déménagement, études à poursuivre loin de notre région
d’origine, différence de religion, de mode de vie… Autant de raisons qui ont pu
séparer brutalement les jeunes amoureux que nous étions et nous laisser un
sentiment d’inachevé qui,chez
certains, perdure tout une vie.
Virginie, 61 ans, raconte volontiers comment Marc a
hanté son cœur dès leur séparation, jusqu’à
leurs retrouvailles grâce au site Copains d’avant. « Nous étions très
amoureux l’un de l’autre. De 13 à 18 ans, nous ne nous sommes pas quittés. Nous
n’avions pas besoin de parler pour nous comprendre. Et Marc était tellement
gentil avec moi ! Une complicité et une attention que je n’ai jamais
retrouvées dans d’autres relations amoureuses. Mais voilà, comme dans la
chanson, la vie sépare ceux qui s’aiment. Il a fait son service militaire à
Tahiti.
Il a voulu s’y installer et mes parents m’ont empêchée de le suivre. »
Plusieurs années plus tard, rentré en France, Marc, pourtant marié et père de
famille, a contacté Virginie. Et l’inévitable est arrivé : ils sont
retombés amoureux l’un de l’autre !
Un sentiment d’inachevé
Mais ne mettons pas tout sur le dos de nos parents.
Ils ne sont pas toujours responsables de nos rendez-vous manqués. Nous avons
été parfois les premiers à contrarier des amours qui avaient de l’avenir.
Colère, orgueil, impatience, manque de confiance en soi… Ces émotions qui
façonnent la jeunesse peuvent être à l’origine de ruptures assez brutales.
C’est ce qui est arrivé à Philippe, 57 ans. « Nicole était rayonnante, pleine
d’humour, de joie de vivre. Une jeune femme très séduisante. Elle avait 19 ans
et moi 22. C’est moi qui l’ai quittée sur un coup de tête, pour une stupide histoire
de jalousie. Je n’étais pas sûr de moi à l’époque. J’ai longtemps regretté
cette décision. »
Philippe a eu la chance de retrouver Nicole et ils ont
pu reprendre leur histoire où ils en étaient restés. Pour le Dr
Catherine Bensaïd, psychiatre et psychothérapeute, «
ce sentiment d’inachevé et les retrouvailles qui en résultent sont fondés sur
la certitude très profonde que quelque chose d’essentiel pour nous habitait
cette relation amoureuse. Quelque chose que nous n’avons vécu avec personne
d’autre et que nous voulons revivre. »
Retrouver un premier amour symbolisant un moment de
notre vie où nous nous sentions vivants et pleins de promesses, c’est aussi
effacer quelques décennies et se régénérer à la fontaine jeunesse. Nostalgiques
que nous sommes d’une insouciance qui nous fait cruellement défaut, la maturité
venant.
Rien d’étonnant, donc, à ce que ces retrouvailles nous
tentent à un moment où la lassitude, l’absence de projets ou la solitude
gagnent notre existence. Après un divorce, lorsque notre couple bat de l’aile,
quand les enfants ont quitté le nid… Ces moments sont propices à raviver nos
amours de jeunesse. Des circonstances où notre sensibilité nous tient loin de
l’inconnu qui nous fait peur plutôt que nous divertir. En effet, renouer une
relation d’autrefois est une façon de créer un peu d’inattendu tout en se
protégeant d’un trop grand bouleversement car nous imaginons connaître la
personne. Même si, au bout du compte, et nous le savons pertinemment, après
tant d’années, la donne n’est plus la même, ni pour l’un, ni pour l’autre.
« Finalement nous prenons autant de risques en
recommençant qu’en commençant une histoire », souligne Catherine Bensaïd. Notamment celui d’être déçu par une personne qui
nous est devenue totalement étrangère. Nathalie, 62 ans, en témoigne. « Quand
j’ai entendu son “Allô, bonjour” au téléphone, ça m’a fait chaud au cœur. J’ai
tout de suite reconnu sa voix. Je me retrouvais projetée plus d’une trentaine
d’années en arrière, c’était magique. Mais, quand nous nous sommes revus,
quelle déception. Le charme était rompu et je me demandais comment j’avais pu
être aussi folle de lui. Le fantasme de l’homme idéal s’était totalement
désintégré ! Je ne l’ai plus revu. »
Sophie, 53 ans : “ Nous reprenons très vite nos gestes d’amoureux ”
Sophie était tombée amoureuse de Jean-François pendant
ses vacances dans le sud de la France. De cette amourette d’été naquit une
véritable passion.
« J’ai 25 ans quand je rencontre Christophe au mois
d’août, à Collioure.
Il est jeune, bronzé. Je craque. Notre histoire dure deux ans. Deux années de
passion et de tumultes, car Jean-François ne résiste pas à la tentation…
Lorsqu’il me trompe une fois de plus, alors que je viens de perdre mon père, je
me sens vraiment trahie et je le quitte. Silence pendant vingt-cinq ans. En
2010, je recherche un ami perdu de vue sur Facebook.
Dans la liste de suggestions de noms presque similaires, je vois celui de
Jean-François. Je suis troublée et je n’ai qu’une seule envie, reprendre
contact. Probablement avec l’espoir que notre histoire recommence avec autant
d’intensité qu’autrefois. Peut-être
s’est-il assagi ? Célibataire,sans
enfants, j’ai envie d’une relation sérieuse. J’ose l’inviter à dîner à la
maison. Dès que je le vois, je suis envahie par une forte émotion.
Nous reprenons très vite nos gestes d’amoureux et notre désir de l’autre.C’est comme une nouvelle rencontre, sans la peur de
l’inconnu.
Comme une évidence, nous décidons de vivre ensemble. Tout fonctionne à
merveille jusqu’à ce que Jean-François reprenne ses habitudes de séducteur. Il
me trompe de nouveau et je le quitte, comme autrefois, très abattue par ce
nouvel échec. »
Diego, 67 ans : “ Catherine est l’amie bienveillante qui me comprend”
Catherine et Diego se rencontrent sur les bancs de
l’école primaire. Ils ont 8 ans, ils s’aiment et se promettent un beau mariage
et beaucoup d’enfants. Mais Catherine déménage…
« De longues tresses blondes, des yeux verts
d’émeraude et des bonbons pleins les poches… C’était Catherine. Nous passions
beaucoup de temps ensemble. J’étais très amoureux, mais la belle est partie
s’installer à Nice avec sa famille. Nous ne nous sommes plus revus jusqu’à ce
jour de juin dernier, où ma petite-fille me montre des photos de ses amies sur Facebook. L’une d’entre elles pose avec sa grand-mère.
Malgré les années, je reconnais tout de suite ses yeux. Je retrouve la petite
fille farceuse qui me faisait rire. Je l’appelle sans hésitation. Nous prenons
un café. Le temps a marqué son passage sans rien enlever à notre complicité.
Nous nous racontons nos vies. Elle, son mariage heureux, ses enfants, ses
petits-enfants… Moi, mon travail prenant, mon divorce et mes trois fils. Ce
jour-là, une amitié est née. Profonde, sincère.
C’est drôle, mais, peu de temps après, j’ai rencontré une nouvelle compagne.
Comme si Catherine m’avait donné le courage de refaire ma vie. Depuis, elle est
l’amie bienveillante qui me comprend et me conseille. »
Lucille, 59 ans :“ Nous sommes passés de l’amitié à l’amour”
Lucille et Pierre se sont aimés, sans se le dire, de
la sixième à la terminale. Un amour platonique à tout jamais gravé dans leur
mémoire.
« Grâce au site Copains d’avant, j’ai retrouvé Pierre
il y a six mois.
Après quarante années de séparation. C’est une part de jeunesse qui revient, de
souvenirs, de rigolades… Quand j’ai revu Pierre, je me suis rendu compte à quel
point j’avais été amoureuse de lui, sans oser lui dire. En sixième, nous étions
trop jeunes. Plus tard, il s’est mis à sortir avec d’autres filles et nous
sommes devenus les meilleurs amis du monde.
Il m’a avoué que lui aussi était très amoureux de moi, mais que ses parents
n’auraient pas apprécié que l’on sorte ensemble. Alors, chacun de notre côté,
nous avons vécu notre vie, plutôt bien d’ailleurs, sans savoir qu’aux abords de la soixantaine,
nous allions nous retrouver, passant de l’amitié à l’amour. Si simplement que
nous avons tous deux quitté nos conjoints pour vivre ensemble, avec la désapprobation
de notre entourage ! Surtout de nos enfants. Mais bon… Nous voulons
profiter des années qui nous restent. Quel bonheur d’être à la fois amis,
confidents, amants et complices. »
Illustration Agnès AUDRAS
, non reproduite ici .