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Mai 2013
LE RETOUR DES ARBRES AU
MILIEU DES CHAMPS. L’AGROFORESTERIE
Tiphaine
HONORE
Le Monde mardi 31 juillet 2012
http://www.agroforesterie.fr/index.php
En France, des exploitations
comme la Bergerie de Villarceaux, redécouvrent les bienfaits de l’agroforesterie.
Chaussy ( Val-d’Oise )
Envoyée spéciale
Entre les épis de blé prêts à être moissonnés pointent
de jeunes noyers . Alignés sur des hectares entiers , ils promettent , dans une trentaine d’années , un
bois d’œuvre de grande valeur . Plus loin , au milieu des champs de tournesols
ou de féveroles , se dressent des chênes , des merisiers , des cormiers et autres frênes …La bergerie de Villarceaux ferme
biologique du Vexin, dans la commune de Chaussy ( Val
-d’Oise ), illustre le retour en vogue de l’agroforesterie , ce mode
d’exploitation des terres dans lequel
les arbres poussent parmi les cultures .
Olivier Ranke et son équipe
sont des précurseurs . Voila dix ans qu’ils ont
commencé à replanter des haies , dans un département
où la tradition est plutôt aux cultures intensives , sans un arbuste à
l’horizon .
En 2011, ils ont sauté le
pas, en se lançant dans l’un des projets d’agroforesterie les plus ambitieux du
nord de la France : sur 23 hectares de cultures grandissent aussi plus de 600
arbres de différentes essences.
« Ce mode
d’exploitation qui allie cultures et arbres alignés dans un même champ est une
pratique ancestrale , remise au goût du jour par la
recherche agronomique . Au XIXe , par exemple dans le
bocage du Perche, par exemple de voir les pommiers pousser dans les prairies »,rappelle
Fabien Liagre , le président du bureau d’études des Agroof.
Ce spécialiste des arbres
champêtres conseille les agro-sylviculteurs de la Bergerie de Villarceaux. « De plus en plus de cultivateurs se
rendent compte de l’appauvrissement de leur sol , qui
entraîne une baisse de leur production . Or les arbres sont un très bon moyen
de régénérer la terre tout en produisant du bois qui assure un complément de
revenu », explique-t-il . Alors que cette
pratique avait quasiment disparu, ce
sont désormais 3 000 hectares qui, chaque année en France, sont convertis à
l’agroforesterie. Un mouvement favorisé par l’évolution de la politique
agricole commune (PAC),qui
, sous la pression des associations et des syndicats agricoles , a rendu depuis
2006 ces parcelles un peu particulières éligibles aux primes européennes .
Christian Dupraz , chercheur à l’Institut national de la recherche
agronomique ( INRA) de Montpellier ,
étudie l’intérêt de cette exploitation
mixte depuis vingt ans . Selon lui, il est urgent de s’orienter vers des
systèmes « agro-écologiques » ne dépendant plus de la pétrochimie.
« La fertilité des sols
français vient des forêts, qui ont enrichi le sol en carbone. Planter des
arbres peut donc remplacer des engrais chimiques »,plaide-t-il. Pour ce scientifique,
les avantages de l’agroforesterie sont multiples, tant sur le plan économique
qu’environnemental. « Grâce à une taille régulière et à l’espace qui
leur est donné , les arbres poussent trois plus vite ,indique-t-il.
Pour
les cultures, l’impact du réchauffement climatique est limité par l’ombrage , qui retarde l’évaporation . En outre, elles sont
protégées par l’installation d’une nouvelle biodiversité : grâce aux arbres , les oiseaux vont, par exemple revenir combattre les
ravageurs , ce qui limitera l’utilisation des intrants chimiques . » De plus ,
les racines des arbres , qui freinent l’érosion des sols , servent de filtres
naturels réduisant la pénétration des polluants dans les sous-sols et les
nappes phréatiques .
De son côté
, l’agriculteur peut espérer une nouvelle ressource financière non
négligeable. Christian Dupraz l’estime à 6 000 euros
par hectare pour des peupliers vendus à l’âge de 12 ans .
Sans compter la production de biomasse , formée par
les branches taillées régulièrement , qui peut être revendue en plaquettes pour
le chauffage . Autant d’atouts mis en avant par des associations qui veulent
faire reconnaître l’agroforesterie comme une pratique agricole efficace, justifiant des soutiens financiers
régionaux nationaux et européens. La place de l’arbre dans les campagnes
intéresse d’ailleurs un public plus
large que les chercheurs et les agriculteurs : pour preuve les journées
nationales « Arbres et agricultures » organisées les 29 et 30
juillet à Marciac (Gers) par l’association française d’agroforesterie , avec , mardi 31 juillet , des
visites proposées au public.
Alain Canet
, le président de l’association , espère que ce travail aboutira à la création du métier d’agroforestier
, afin de former et d’accompagner les porteurs de projets dans chaque région
française .
Car la technique ne
s’improvise pas . « pour conserver un
rendement normal des cultures céréalières , il faut
limiter le nombre d’arbres à l’hectare à 100 pieds . Sinon leurs branches font
écran à la lumière nécessaire aux cultures », explique M. Ranke. Dans ses champs
, il a mis en pratique les recommandations de l’INRA. Sur chaque ligne 10mètres séparent les arbres , pour
éviter la concurrence . Et 50 mètres séparent chaque ligne d’arbres
, pour permettre le passage des machines agricoles.
« Les oiseaux vont revenir combattre les ravageurs , ce qui limitera l’utilisation des intrants
chimiques »
Christian Dupraz ,INRA
Pourquoi ce modèle n’est-il
pas davantage développé en France? Se pose, comme souvent ,
le problème des financements . Même si les bénéfices sont rapides pour
l’agriculteur, se lancer dans un projet d’ agroforesterie
représente un investissement tel qu’il freine les ardeurs . En plus des arbres
à acheter, il faut compter le coût , très élevé , de
leur protection - des grillages placés autour des troncs pour les préserver des
animaux sauvages et des troupeaux de bovins . Pour ses 23 hectares, la Bergerie
de Villarceaux a ainsi déboursé 42000 euros,
subventionnés pour moitié par la région Ile-de- France : prés de 4000euros pour
les arbres eux-mêmes et leur plantation , et surtout
38 000 euros pour les treillis de protection .
Sur le terrain
, comme à l’INRA et dans les rangs des associations , on espère donc que
l’agroforesterie fera partie des axes de « verdissement » de la
PAC , dont la réforme doit rentrer en vigueur en 2014.
Tiphaine Honoré