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POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,trimestriel GIPHV. N°12; 04, 2007

 Editeur :Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr                                                       

 Site web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm

 

ACCOMPAGNER SON PARENT ATTEINT DE LA MALADIE D’ ALZHEIMER A VIVRE AU DOMICILE. TEMOIGNAGE.

 

JAPY, Pseudonyme

 

Mot de Henri Charcosset.

Ce témoignage m’est arrivé sous forme de message privé , MP, sur le forum Santé, Affections neurologiques, de Doctissimo.

Japy vit en couple en Aquitaine ; elle accompagne sa mère déjà âgée, atteinte de la maladie d’Alzheimer, au jour le jour. Au début de la maladie, la maman vivait encore chez elle ; puis il a fallu la faire venir habiter chez Japy.

Le témoignage de Japy est à lire et à méditer aussi ! C’est spontané, fort, et très utile pour contribuer à l’adaptation de l’aide à domicile aux personnes vieillissant  en situation de handicap mental.

Sur ce site nous sommes demandeurs de témoignages individuels, venant de personnes en situation, de leur entourage familial, de professionnels, de responsables pour le bien vieillir, et à la limite de tout un chacun parce que nous sommes tous concernés. Y être constructif…comme l’est ci-après  Japy.

 

Maladie d’Alzheimer : MA

 

Introduction.

 Je suis mariée en effet, et je souligne que je n'ai pu faire cet accompagnement que grâce a la grande compréhension de mon mari et à son aide également.

 J'ai fait ces constats sur plusieurs années. Au début ma mère vivait seule, je gérais et assurais l'intendance au quotidien + les aides à domicile  pour les repas...(livrée à elle même avec seulement l'assistance des aides a domicile, le maintien à domicile n'aurait pu se faire dans de bonnes conditions..

 

Compte tenu de l'avancement de la maladie, ma mère vit chez moi, je ne travaille pas (difficile d'assumer les 2 avec un MA Gir 2)  et  à ce jour je n'ai  même plus de responsabilités associatives bénévoles comme au début. Etant fille unique, donc seule , pour assurer 365 jours par an, je suis bien obligée d'avoir recours  aux aides a domiciles, si je veux avoir un minimun de vie de famille, au quotidien, ou de vie sociale.( Ce n'est pas avec les  seules heures APA que l'on peut faire face.) il faut donc avoir recours aux heures privées,  par le biais  d'associations diverses ou chèque emploi service. J'ai donc fait ces constations sur plusieurs années

Je vous livre quelques réflexions et mésaventures sur comportements qui doivent être améliorées; si l'on veut pouvoir maintenir les personnes âgées handicapées à domicile. Je suis a 100% pour le maintien à domicile, mais  j'avoue qu'il y a de sérieux progrès à faire.

Un problème de congés des aide ménagères.

Je précise que j'accompagne ma mère alzheimer depuis 7 ans et seulement depuis 5 ans avec des aides APA, ceci par le biais d'associations diverses. J'en ai vu quelques unes,  des aides ménagères! Deux par jour en général.

Les 2 premières très bien; cause retraite, on m'a attribué 2 autres personnes également bien formées, dévouées, compétentes.

Mais où les choses se gâtent, c'est la période des congés en tout genre, des arrêts de travail pour cause de contrat limité, la maladie etc.  Là ça devient ingérable, on ne peut faire confiance et c'est très perturbant pour ma mère aussi.

 

Une baisse de qualification des intervenantes.

Il semblerait que la qualité des intervenantes soit en baisse sérieusement. Parfois on change 3 fois par jour de tête et tous les jours. Difficile pour le malade mais surtout aucun suivi malgré un cahier de liaison, qui n'est pas lu. Les instructions ne sont pas suivies. Visiblement on s'en moque aucune conscience professionnelle. Lors de mes absences, pour raison de santé, celle du matin sert uniquement le petit déjeuner et rien d'autre, midi 1H repas livré par un restau, surveillance vaisselle; soir  1H repas léger à préparer. Le frigo est plein, mais on n'a pas l'initiative  de faire quoi que ce soit. J’en ai même eu une qui a oublié de venir faire manger ma mère (elle s'est endormie) : inconscience totale de sa responsabilité avec ces malades vulnérables..

 

Le rôle des associations à améliorer.

Parfois c'est l'association qui oublie d'envoyer quelqu'un!. En période congés je suis très méfiante, j'évite de m'absenter, mais quelquefois on n'a pas le choix quand il faut se faire opérer.  Comment partir tranquille?

Bien sûr, j'alerte l'association au risque de passer parmi "les enfants pénibles", comme on nous traite souvent quand on s'occupe un peu trop de nos parents. Ceci, je l'ai entendu plusieurs fois! Alors imaginons quelqu'un de seul, handicapé, sans famille, qui se  retrouve avec de telles erreurs. Il a du souci à se faire! car  il y a  négligence et nous ne sommes pas loin  de la maltraitance(sans manger,  sans boire, etc..

 

Trop de permutation d’aides insuffisamment formées à la MA.

 Ce que je déplore aussi: ces personnes ont des contrats précaires de 1OO à 14O H tout au plus. Et lorsqu'elles ont atteint leur cota, on les met  en congés quelques jours, et on nous les remplace par d'autres sans avertir. Très perturbant pour un MA qui supporte mal tous ces changements. De plus, il faut que le personnel soit bien formé surtout pour intervenir chez un malade alzheimer, et faire la différence entre un handicap physique ou psychique. Le personnel doit savoir prendre des initiatives, telle que cuisine simple équilibrée etc. S'occuper d'une personne alzheimer, ce n'est pas seulement assurer des heures de ménage. Et contrairement à un handicap physique,  le malade n'a plus la faculté de prendre les bonnes décisions, plus les troubles du comportement, voire l'agressivité, l'intervenant doit savoir gérer au mieux, pour assurer  une aide efficace.

 

Pour plus de soutien aux  aides à domicile MA.

Il faut aussi  être bien conscient,  que pour ces intervenants c'est très difficile psychiquement, il faut donc avoir un sacré  équilibre, sinon risque de déraper soi-même. Certaines associations assurent un suivi psychologique de leur personnel ; cela réduit sensiblement les arrêts maladie.

 

Pour plus de souplesse dans les horaires de présence auprès des MA

Il faudrait plus de souplesse sur les horaires. Il est évident qu'un malade alzheimer, pour rester à domicile, a besoin impérativement de quelqu'un aux heures des repas. Et donc il faut être capable d'assurer ce  service primordial. Je me suis vue envoyer quelqu'un à I6 H pour le repas du soir ou à 7 H 3O le matin pour le petit déj. Et le lendemain petit déj à 9H. et ensuite de 1O à 11 H pour le repas de midi. Tout cela est incompatible! Les heures de ménage on les fait n'importe quand, pas les repas d'un  handicapé.

Bien sur tout le monde a besoin des mêmes heures, c'est pas facile pour gérer le personnel. Mais pour maintenir les personnes âgées à domicile, handicapées ou pas, il faut  se donner les moyens nécessaires. Les familles qui travaillent, et qui ont un parent handicapé à domicile, doivent pouvoir compter sur des aides compétentes!

 

Renforcer la formation au sein des associations.

 Toutes ces associations, devraient aussi faire faire des stages de formation sur  MA ou sur le Handicap, à tout leur personnel y compris le personnel des bureaux qui font les plannings des aides à domicile. Afin que les secrétaires prennent bien conscience que leurs erreurs parfois nombreuses, peuvent avoir des conséquences dramatiques avec des gens handicapés et donc vulnérables. Pas de stage coûteux, au minimum des séances Internet sur le site de France alzheimer, tout simplement, pour les sensibiliser au problème.

 

Pour un accompagnement à distance, en dehors des horaires habituels de travail.

Il serait judicieux qu'il y ait une permanence, ou N° de téléphone après fermeture des bureaux ou le week-end, pour assurer les imprévus. Imprévus du genre, accident ou maladie d'une aide à domicile, incapable d'assurer son service. Que fait le malade, seul et handicapé, s'il n'a pas la faculté d'avertir quelqu'un,  et si personne ne peut   assurer le remplacement (et ça arrive) le vendredi après 17 H les bureaux étant fermés ? pour 2 jours.  Les clients sont livrés a eux même, seul, sans manger, sans aucun accompagnement. Attention  nous ne sommes pas loin de la  maltraitance...  De même si l'aidant familial  seul a un accident, comment trouver au pied levé un intervenant le week-end ou un autre jour. Ceci je l’ai  vécu ; je me suis retrouvée  aux urgences un week-end d'ascension ; impossible d'avoir  de l'aide pour ma mère !

 

Mieux considérer les aides familiaux.

Je sais les enfants, ne peuvent ou ne veulent pas s'occuper de leurs parents âgés... parait-il!!! mais !! il serait bon que ces associations... évitent de porter des jugements, quand on va se plaindre de dysfonctionnements ou bien que l'on souhaite avoir du personnel le week-end pour souffler un peu ou pour entrer en clinique soi même. Comment fait l'enfant unique dans ce cas?  Réponse du personnel: "Quand on  a un parent avec un tel handicap, les enfants doivent assumer à 95% du temps ou bien on met en institution".  Difficile d'entendre ce genre de réflexion de la part de ces structures :pfff:

 

En 7 ans aucune amélioration, voilà ma conclusion.

Cela fait plus de 7 ans que je pratique  diverses associations d'aide  à domicile, apa, à titre privé, et je ne constate aucune amélioration importante, malgré le coût élevé et croissant. Et je ne parle pas des gardes de nuit !

Le regard sur le handicap a besoin de changer et vu le nombre exponentiel de malades alzheimer, plus  tous les autres handicaps, il  va falloir s'adapter, vite, très vite, à ce fléau grandissant, et les associations  et les aides a domicile aussi !!

Voilà quelques réflexions en vrac de mon vécu journalier sur plusieurs années d'accompagnement. Si ça peut aider à  l'évolution des aides a domicile tant mieux.

Japy, février 2007

 

Contacts via : Henri Charcosset, bien.vieillir@club-internet.fr